Les homosexuels et les lesbiennes, «qu’Allah les maudisse et les anéantisse». Les Juifs répandent «la corruption et le désordre sur terre». Et «l’homme est supérieur et meilleur que la femme».
Ces extraits sont tirés de l’ouvrage L’Islam ou l’intégrisme? À la lumière du Qor’an et de la Sounnah, écrit et mis en ligne par l’imam salafiste montréalais Abou Hammaad Sulaiman Dameus Al-Hayiti. Comme le révélait Le Devoir hier, la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP) a récemment rejeté une plainte pour «propagande haineuse» logée contre l’imam.
Le plaignant est Marc Lebuis, l’éditeur de Point de bascule, le site web d’un groupe de sensibilisation sur les dangers de l’islamisme. «J’ai de la misère à comprendre les standards de la Commission pour rendre des jugements», déplore-t-il.
Dans une lettre datée du 1er décembre dernier, la CCDP dit refuser d’entendre sa plainte car la majorité des références concernant les «infidèles», les «mécréants» ou «les femmes de l’Occident», soit des «catégories de personnes très générales et diversifiées qui ne constituent pas un groupe identifiable tel que décrit à l’article 13» de la Loi canadienne sur les droits de la personne (voir capsule).
La Commission ajoute que les passages où il est question des homosexuels, des femmes, des chrétiens et des Juifs «ne semblent pas promouvoir la haine ni le mépris».
C’est M. Lebuis qui nous a fourni des extraits de la lettre en question. La CCDP refuse de commenter ou de réagir. «C’est une politique de longue date pour protéger la vie privée des gens», explique la porte-parole, Carmen Grégoire.
«Je suis renversé de voir que la commission ne puisse pas intervenir, déplore Laurent McCutcheon, président du Conseil québécois des gais et lesbiennes (CQGL). Les propos sont inacceptables. Couper la tête des gais, cela n’a pas de bon sens.»
«C’est toute la problématique religieuse qui est en cause, poursuit le président de Gai Écoute. Les gens s’autorisent, en vertu de leur religion, de tenir des propos discriminatoires. Si la religion est homophobe, est-ce que cela permet de tenir des propos racistes et homophobes? Je pense que non.»
L’article 13 de la Loi sur les droits de la personne est controversé. Contrairement à M. Lebuis, le Dr Victor Goldbloom, qui préside la section québécoise du Congrès juif, est contre son abolition. «Mais dans ce cas-ci, nous croyons que la commission s’est trompée, commente-t-il. C’est erroné et dangereux de conclure qu’on peut tenir des propos plus que désobligeants à l’égard d’un groupe, mais qu’on soit exonéré d’une interprétation haineuse car personne n’est visé.»