Rien ne sert de courir il faut grossir à point
Les aînés avec un léger embonpoint vivent plus longtemps
Paul Journet
La Presse
Le lundi 02 juin 2008
Les aînés avec un léger embonpoint (IMC entre 25 et 27) tombent moins souvent malades et vivent plus longtemps que ceux qui ont un «poids santé», rapporte la Dre Hélène Payette.
«On ignore pourquoi exactement. La relation entre la nutrition et le vieillissement des personnes âgées reste méconnue. Elle n'est pas la même que celle pour les enfants ou les adultes. Dans ce domaine, il existe plus de questions que de réponses.»
Pour y répondre, la Dre Payette a lancé en 2003 NuAge, une vaste étude longitudinale sur la question. Les premiers résultats préliminaires étaient dévoilés hier après-midi à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal.
Près de 600 000 échantillons ont été amassés auprès de quelque 1800 sujets volontaires.
Jean Aubin est l'un d'eux. «Je suis orgueilleux. Quand je suis malade, je n'en parle pas. L'étude m'a permis d'être rassuré sur ma santé», confie l'ancien boucher de 84 ans.
La Dre Payette qualifie NuAge «d'étude la plus complète au monde».
"Bien sûr, des études américaines ont déjà été réalisées avec plus de sujets, concède-t-elle. Mais NuAge se distingue par la précision de ses données. Nous nous intéressons autant aux facteurs qui influencent la nutrition qu'à l'influence de la nutrition elle-même sur la santé."
Une cinquantaine de chercheurs ont participé à la première phase de NuAge. Des dizaines d'études ont commencé ou commenceront bientôt à partir de ces données.
Par exemple: l'influence de certaines caractéristiques du quartier habité sur le vieillissement. Ou l'apport nécessaire de protéines pour les aînés.
"On répète souvent que le besoin de protéine diminue chez les personnes âgées, car elles sont moins actives. Or, il semble que ce soit le contraire", observe la Dre Payette.
La première phase de NuAge disposait d'un budget de 3,7 millions, fourni par les Instituts de recherche en santé du Canada.
"Nous demandons un renouvellement de fonds pour les cinq prochaines années. Mais même si nous ne l'obtenons pas, nous disposons d'assez de données pour occuper les chercheurs pendant 10 ans."