Publié le 16 mai 2012
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Depuis longtemps, je m'inquiète de la façon dont on élève maintenant nos enfants.
À l'école, ils apprennent leurs droits plus que toute autre génération précédente, mais on passe vite sur leurs responsabilités.
À la maison, les parents sont au service de tous les caprices de leurs enfants. On ne leur ordonne plus de faire leur lit, on négocie désormais pour qu'ils le fassent. On ne les punit plus, on leur explique en quoi leur comportement n'est pas approprié.
Quand l'enfant d'aujourd'hui n'a pas ce qu'il veut, il fait une crise et ses parents abdiquent rapidement. Plus la crise est intense, plus vite il obtient sa mégapoutine ou encore son nouveau jeu vidéo. D'ailleurs, les enfants dictent désormais le contenu de leur assiette. Il n'est plus question de les forcer à manger leurs brocolis. Il n'est pas question non plus de les forcer à suivre leurs parents en ski de fond; ça demande un trop gros effort physique. Il faut éviter de les contrarier ou autrement les contraindre.
Depuis longtemps, je me demandais comment ces enfants-rois allaient vieillir. Alors qu'ils n'ont jamais accepté un «non» comme réponse auparavant, comment ces enfants rendus à l'âge adulte allaient-ils réagir aux contraintes et contrariétés inévitables de la vie? J'ai eu ma réponse avec la grève sur les droits de scolarité.
Quand il était jeune, l'enfant-roi cassait ses jouets pour exprimer son mécontentement. Aujourd'hui, il casse des vitrines. Avant, il refusait de faire le ménage de sa chambre, aujourd'hui il refuse d'assister à ses cours.
Le gouvernement a remplacé ses parents comme figure d'autorité; l'enfant-roi s'attend donc à faire marcher le gouvernement comme il a toujours fait marcher ses parents. Mais cette fois-ci, cela ne fonctionne pas: le gouvernement fait la sourde oreille aux revendications étudiantes. C'est l'insulte suprême pour l'enfant-roi qui a grandi. Ses droits sont bafoués et dans son égocentrisme délirant, il se compare déjà à ses pairs en Iran ou en Chine. Dans sa bulle d'ex-enfant-roi, le terrorisme devient justifié et voilà l'explication pour les bombes fumigènes dans le métro.
On peut certainement blâmer les jeunes d'aujourd'hui pour avoir rompu notre belle tradition de non-violence au pays. Toutefois, il faudrait aussi blâmer leurs parents et enseignants qui n'ont pas eu le courage de les élever adéquatement. Aujourd'hui, on en paie le prix.