Un petit lac qui a beaucoup d’importance
Le Magazine
par Alexandre Gauthier
Article mis en ligne le 4 juin 2008
Le lac des Battures est certainement l’un des plus petits, dans la région de Montréal. Il est néanmoins l’un des sites les plus appréciés par les résidants du quartier de L'Île-des-Sœurs, tant pas ses attraits que par son importance écologique.
Cette nappe d’eau tire son nom des battures sur lesquelles elle a pris naissance. Ce petit lac n’existait pas, il y a une quarantaine d’années; il résulte de diverses interventions humaines qui, au fil des ans, ont contribué à son évolution.
Raymond Fréchette, coordonateur à l’ingénierie des Travaux publics de l’arrondissement de Verdun, en connaît bien l’histoire. Il suit de près son évolution depuis son engagement à la ville de Verdun, en 1975. Au cours des années 60, on avait déversé des tonnes de matériaux sur les battures de l’île, zoné alors comme parc, afin de les protéger contre les inondations et de relier entre eux les nombreux îlots du secteur. Toute la partie sud de l’île des Sœurs a ainsi été considérablement agrandie. Avant cette intervention, l’eau du fleuve atteignait encore la lisière de la forêt, lorsque son niveau était très élevé.
Les plans de développement résidentiel de l’île, prévoyaient initialement que sa population atteindrait environ 45 000 âmes. Le boisé Saint-Paul et le secteur où se trouve aujourd’hui le lac des Battures étaient voués à la construction d’habitations. C’est pour asseoir les fondations de certaines de ces constructions que l’on avait excavé un vaste trou à l’endroit où le lac a par la suite pris forme. Lorsque les plans furent modifiés et que l’on décida de protéger une partie de la forêt, on conserva ce vaste « trou d’eau » qui devint, au fil des ans, le lac que l’on connaît maintenant.
Un ensemble écologique
M. Fréchette affirme que le lac fait partie d’un ensemble écologique dont fait actuellement partie le boisé Saint-Paul et le futur terrain de golf. Les marais de ce terrain seront reliés entre eux et leur trop-plein se déversera du lac des Battures, par un réseau de rus et de conduites jusqu’au fleuve. Actuellement, l’eau du lac provient exclusivement du ruissellement du sol de la forêt et de la surface des terrains voisins. L’aménagement du terrain de golf, constitué notamment de l’ajout d’une couche d’un mètre de terre propre, d’un système d’irrigation et des futurs lacs limiteront le drainage dans le lac des Battures.
Lorsque le niveau maximum du lac des Battures est atteint, son surplus se déverse dans le fleuve par le ruisseau des Hérons. Ce cours d’eau très visible circule sur une grande partie de sa trajectoire dans des canalisations souterraines. Il passe sous le boulevard de la Forêt et atteint le fleuve à la hauteur du boulevard Marguerite-Bourgeoys.
Un lac à protéger
Si la majorité des résidants de l’ile sont conscients de l’importance du lac des Battures, d’autres se montrent moins respectueux à son endroit. Il arrive fréquemment que des gens viennent y « libérer » des poissons rouges et autres spécimens d’espèces animales dont ils veulent se départir. Comme cette nappe d’eau est assez mince et atteint rarement plus de deux à trois mètres, de telles interventions compromettent l’équilibre fragile de ce milieu naturel.
Il reste que le lac des Battures est parvenu à résister assez bien à ces différents types d’invasion. Fort de l’oxygène que lui apporte la forêt voisine et de la contribution prochaine du golf voisin, il continuera indéfiniment, espère-t-on, de constituer l’un des précieux trésors de l’île. L’arrondissement planifie d’ailleurs un apport d’eau vive en provenance du fleuve pour assurer la pérennité de la qualité biologique.