Un Sorelois musulman prône l'égalité, pas les accommodements raisonnables
La voix
Joey Olivier
À l'aube de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, le Sorelois musulman, Zoher Amir, comprend difficilement qu'on parle tant d'accommodements raisonnables au Québec. Celui qui vit au Canada depuis l'âge de 20 ans, croit plutôt que le traitement devrait être "égalitaire" pour tous, et ce, peu importe la nationalité.
"L'accommodement raisonnable, c'est le genre de chose dont on ne devrait pas parler. Lorsque tu arrives ici, au Québec, tu dois faire comme tout le monde. Par exemple, j'ai trouvé l'histoire du port du kirpan un peu ridicule", dit-il.
Marié civilement à une Soreloise catholique et vivant à Sorel-Tracy depuis 17 ans, M. Amir affirme qu'il n'a jamais senti que le Québec avait besoin d'une remise en question sur son niveau de tolérance. Au contraire, il se considère privilégié de vivre dans une société bénéficiant d'une plus grande liberté d'expression et de plus d'opportunités. "Ni moi, ni mes proches, n'avons senti que le Québec était une société fermée", soutient-il.
M. Amir admet que les gens lui posent davantage de questions sur sa nationalité depuis quelques années. Le radicalisme religieux, le code de vie d'Hérouxville et le port du hidjab sur les terrains de soccer semble avoir suscité la curiosité, voire des inquiétudes, chez les Québécois. "Je ne me sens pas plus pointé du doigt, mais dans certains cas, lorsque les gens me posent des questions, je réponds "sans commentaires", car les discussions pourraient prendre des proportions démesurées. Sauf qu'habituellement, je n'ai pas de bouclier, je réponds. On me demande souvent si ma mère portait le voile, par exemple", dit-il.
Né au Maroc, il constate que son pays d'origine a bien changé depuis qu'il a quitté. "L'Afrique du Nord n'est plus la même qu'à mon époque. C'est nouveau qu'il y ait autant de problèmes."
Après avoir travaillé dans la région de Montréal, au début des années 90, ce cuisinier de formation accepta un poste à l'Hôtel-Dieu de Sorel. Un poste qu'il occupe depuis neuf ans. Amoureux de voyages, il tente d'inculquer à ses enfants des valeurs basées sur la simplicité volontaire. Ceci est son héritage d'avoir grandi dans un contexte bien différent de celui de l'Occident. "J'ai beaucoup voyagé en Amérique du Sud et je tente d'insuffler à mes enfants qu'on peut être heureux avec peu de moyens. Je suis fier de ça", ajoute M. Amir.
Des déclarations inquiétantes
Mardi, dans le Journal de Montréal, Omar Bakri, admirateur d'Oussama Ben Laden et prédicateur islamiste radical qui avait prévu les attentats de Londres, déclarait que le Canada est devenu "l'ennemi des djihadistes" à cause de son action en Afghanistan et qu'il sera tôt ou tard frappé par Al-Qaeda. Zoher Amir est de religion musulmane, mais ne se considère pas comme pratiquant. Pour lui, ces déclarations doivent être prises au sérieux et il trouve inacceptable que certains groupes radicaux existent. "C'est fou! Quand je vois que ça existe dans mon pays", dénonce-t-il.