MONTREAL — Au lieu d'inonder le site web YouTube de vidéos glorifiant les actes de vandalisme, des douzaines de partisans du Canadien de Montréal, choqués par les scènes dont ils ont été les témoins lundi soir, ont choisi de remettre aux policiers les preuves qu'ils ont amassées.
Pendant que des pyromanes incendiaient des véhicules de police et que des vandales fracassaient des vitrines de commerces du centre-ville de Montréal, après la victoire du Canadien contre les Bruins de Boston, des centaines de jeunes qui se trouvaient à proximité des lieux, ont pris l'initiative de filmer ces actes de violence.
Quelque 20 vidéos de plus ou moins bonne qualité ont été téléchargés sur YouTube mardi, mais les autorités policières montréalaises ont indiqué avoir reçu plusieurs douzaines de vidéos et 30 photos qu'ils avaient commencé à examiner.
Les enquêteurs espèrent que ces preuves visuelles leur permettront d'identifier quelques-uns des émeutiers. Des officiers supérieurs ont admis avoir été surpris par l'initiative des citoyens, et ils mettront en ligne un site internet dans le but de recevoir d'autres vidéos.
"Dans le passé, il y a eu des vidéos utilisés contre les policiers; maintenant, nous voyons des vidéos visant à dénoncer des criminels, a fait remarquer Yvan Delorme, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal. C'est la première fois que je vois des citoyens de Montréal agir ainsi et j'en suis très fier."
Seize voitures de police et dix édifices ont été endommagés durant ces incidents qui se sont étalés jusqu'à tôt mardi matin. Les policiers montréalais ont procédé à 16 arrestations.
Samia Amro, une jeune femme de 19 ans, a filmé l'incendie d'une voiture de police à l'aide de son téléphone cellulaire, mais elle n'envisageait pas remettre son vidéo aux policiers, ni le transférer sur YouTube.
"J'ai filmé la scène parce que je ne pouvais croire ce qui se passait", a déclaré Amro en entrevue.
Amro était accompagnée de cinq de ses amis lundi soir, et trois d'entre eux ont capté des scènes de vandalisme avec leurs téléphones.
"Plein de gens enregistraient des images, surtout les incendies. Des gens prenaient des photos devant les feux", a-t-elle dit.
De nombreux Montréalais sont furieux que ces actes de violence aient gâché la célébration d'une importante victoire, et laissé une image négative de la ville.
Une dame a appelé à une émission de lignes ouvertes et a déclaré qu'elle retirerait le drapeau aux couleurs du Canadien qui décorait sa voiture, afin de ne pas être associée aux vandales. D'autres auditeurs ont rappelé que les émeutiers faisaient partie d'un petit groupe de gens violents qui ne représentaient pas la majorité des fêtards.
Selon M. Delorme, plusieurs policiers ont vu des citoyens tenter d'en convaincre d'autres de ne pas commettre d'actes de vandalisme.
"Nous devons nous rappeler que 99,9 pour cent des gens sur place hier soir (lundi) voulaient s'amuser, a-t-il déclaré.
"Et ils veulent continuer de s'amuser."
Une page du site internet Facebook est dédiée à la planification d'une émeute le 6 juin, une date hypothétique où le Canadien pourrait remporter la coupe Stanley. Une autre page sur Facebook a été créée après les actes de violence de lundi, pour dénoncer le grabuge.
"Tous les Montréalais, qu'ils soient des amateurs de hockey ou non, devraient s'unir contre les émeutiers et les arrêter, a écrit un membre du site web. Nous ne sommes pas encore à mi-chemin des séries éliminatoires et les imbéciles se sont déjà manifestés."
Plusieurs Montréalais semblaient gênés de voir qu'une victoire lors du premier tour des séries éliminatoires pouvait provoquer autant de dégâts.
"Ces événements prouvent que cette ville ne mérite pas un champion de la Coupe Stanley, a écrit un internaute membre d'un site réservé aux partisans du Canadien.
"Nous avons franchi le premier tour et battu une équipe que nous étions supposés vaincre. Rien de plus."