L’Île-des-Sœurs. Les gens ne savent jamais c’est où. Quand ils pensent savoir, ils sont dans le champ. Fini ce temps-là, je vais vous le dire : l’île-des-Sœurs, c’est une île située entre Montréal et Brossard.
Quand on magasine, on a le choix entre Ste-Catherine et le Mail Champlain. C’est beau comme ça, la vie à l’Île, mais il n’y a pas que cela.
1- Il y a au moins mille noms pour l’Île
Déjà là, t’as les habitants qui appellent ça entre eux « l’Île », mais dès que tu traverses le pont Champlain, les gens te demandent automatiquement de quelle île tu parles. L’île de Montréal ? L’île Jésus ? L’île Sainte-Hélène ? L’île Bizard ? L’île Perrot ? L’Île de Pâques ? En plus, pour aider, y’a des variantes incompréhensibles, genre l’île des Nonnes ou la sisters’ island, dans un dialecte plus local. Le nom « des-Sœurs » vient d’où ? Des proprios de 1706: les soeurs de la Congrégation de Notre-Dame! Dans ce temps-là, on élevait le « bétail » et on effectuait des « opérations agricoles » sur le « fief ». Aujourd’hui, on va au IGA.
2- TOUS les jeunes qui ont grandi à l’Île sont allés au Camp de tennis
C’est comme dire qu’il y a de la garniture dans une pizza pochette : c’est évident. De 6 à 13 ans, soit tu prenais l’option « Tennis Extrême » (tu jouais comme Roger Federer à 15 ans), soit tu préférais te faire bronzer avec tes bests au parc Lafontaine… de l’Île. Tout le monde a eu Mex ou Mauricio, comme entraîneur. Tout le monde se souvient des suicides sur les terrains intérieurs avec les néons qui faisaient du bruit et les planchers antidérapants, qui en fait glissaient vraiment (trop) quand tu renversais ta bouteille de Gatorade à cinq piasses de la machine distributrice dessus.
3- Le Cora est le chilling spot le plus convoité
Après une folle nuit dans les bars de Montréal, les jeunes se retrouvent au Cora le samedi et le dimanche pour bruncher tard et se remettre sur pied avec de la sauce hollandaise et du bacon gras. Bon, ok, peut-être que je suis plus touchée parce que je suis serveuse là, mais je connais les client(e)s par cœur. Il y a un code pour le choix des tables. Les sofas près des fenêtres du Club de tennis correspondent aux personnes du genre « Je suis tellement lendemain de veille, je vais même garder mes lunettes soleil sur place », les banquettes surtout pour le genre : « Passable, mais avec un smoothie, loin des fenêtres » et les tables régulières pour le monde plus : « je m’en fous, j’ai juste vraiment faim. »
4- Les terrains de soccer deviennent le centre de l’Univers de mai à septembre
Dans la même lignée que le camp de tennis, les jeunes de l’Île capotent quand la saison de soccer arrive. Les soirs d’été sont mouvementés et puent le Mister Freeze orange. Les mômes de l’équipe adverse sont tes ennemis jurés, l’instant d’une heure et demie. Si tu tombes sur un bon coach, il apporte des bouteilles d’eau glacée pour tout le monde. Sinon, tu sèches avec ton eau tiède de la maison. Les mamans-condos viennent encourager leurs enfants blonds, perchées sur des échasses hautes comme les gradins. C’est l’agora estivale de l’Île avec des ballons de soccer.
5- L’école primaire Île-des-Sœurs est toujours en expansion
Quand je suis née, l’Île-des-Sœurs était en plein développement résidentiel. Les petites familles se sont installées une à une et les enfants des différents quartiers n’ont eu qu’un seul choix pour l’éducation publique sur l’Île : l’école primaire Île-des-Sœurs. D’un coup, ça s’est garroché sur les places d’inscription. Paf ! 500 flos dans l’école. Trois ans plus tard, ça monte à 650 enfants. Depuis 1992, l’école fait juste s’agrandir, pareil comme l’Univers. Je suis sûre qu’un jour ils découvriront une nouvelle classe, et qu’ils lui donneront un nom d’étoile. En 2014, une deuxième école sera construite. Sage initiative.
6- La forêt proche de l’école primaire connaît mille et une anecdotes
Cette forêt-là avait plus d’une fonction. Le prof d’éduc’ nous y amenait des fois pour faire des randonnées, histoire de se faire piquer gratisse par des maringouins. Bref, de beaux souvenirs. En plein jour, c’était cute, mais la nuit, c’était creepy. Quand j’ai lu Harry Potter et que je m’imaginais la forêt interdite, je visualisais cette forêt-là, juste pour dire. Pis c’est sûr qu’il y a des cadavres quelque part. C’est sûr.
7- L’Île est divisée en deux
Il n’y a pas de séparations clairement établies. Ça fonctionne plutôt selon le niveau de richesse. Quand tu rentres sur l’Île, c’est « condo et semi-détaché land. » Plus tu avances, moins c’est riche. Il y a quelques années, au bout de l’Île (la pointe Sud), il n’y avait rien. Juste des écureuils et des pissenlits. Le plus loin que tu pouvais aller, c’était à l’école primaire. Tu avais les parcs pas de balançoires, le centre communautaire, et le dépanneur où tous les jeunes allaient acheter leur Sloche. Maintenant, ils ont tout développé plus loin ; baraques de riche, lofts luxueux et résidences pour personne âgées en or.
8- C’est le paradis des ronds-points
Quand quelqu’un commence sa phrase avec « L’autre jour je suis allé(e) à l’Île-des-Sœurs », ça finit forcément par «pis je me suis perdu(e) dans les ronds-points ». Si c’est pas en rentrant, c’est en sortant. Pis donner des directions, c’est l’enfer. « Ouain, tourne à droite au premier rond-point, à gauche au deuxième, fais la danse de la pluie dans ton char, un mage va apparaître de ton coffre à gants pour te donner la clé permettant d’accéder au troisième rond-point secret sous l’eau, puis ensuite tu vas arriver au IGA ». On s’en sort pu.
9- Les sculptures sont douteuses
À l’entrée de l’Île, il y a un rond-point. Les urbanistes ont décidé, au plein milieu, d’y mettre un no man’s land des routes, une œuvre d’art. Mais attention ! Pas n’importe laquelle ! Au centre, on retrouve rien de moins que des longues tiges vertes fluo qui s’illuminent la nuit. L’œuvre s’appelle « milieu humide », et est supposée représenter des quenouilles. Au début, elles aspergeaient les chars d’eau, créant un brouillard désagréable/dangereux pour les automobilistes. Depuis, ça sert à rien pis c’est laid.
10- Il y a un paquet de célébrités
Qui dit Île-des-Sœurs dit grosses baraques, dit forcément de la vedette au mètre carré. José Théodore (avant qu’il s’en aille jouer pour la team de la montagne), René Lévesque (oui oui, vous avez bien lu), Mitsou Gélinas, Réjean Tremblay, Tomas Plekanec, Raymond Bouchard, et j’en passe. C’est pas des farces, c’est stressant d’aller à l’épicerie ; t’as peur de rencontrer Marie-Josée Taillefer pis qu’elle te juge avec les huit boîtes de Kraft Dinner BBQ dans ton panier. La rumeur veut qu’à l’Halloween, quand Saku Koivu a pu de bonbons, il donne des vingt piasses. Vous pouvez être sûrs qu’il y a une file d’enfants d’adultes à sa porte, mais pas pour les barres Mars.
L'Île-des-Soeurs en images
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