Il était temps, plus que temps que le ministre Pierre Duchesne dise non à cette idée insensée de «gratuité» universitaire.
Il a invoqué l’état de finances publiques pour justifier la fermeture de la porte, mais l’affaire est immensément plus complexe.
D’abord, des droits de scolarité très bas, voire inexistants, n’ont aucun effet d’entraînement sur la fréquentation universitaire.
Ensuite, les étudiants qui demandent la gratuité la veulent pour eux. Comme l’éducation qu’ils reçoivent coûte quelque chose pour être produite et distribuée, vouloir payer 0% revient à demander aux contribuables qui, pour beaucoup d’entre eux, n’ont pas eu la chance de fréquenter l’université, de ramasser 100% de la facture.
Visiblement, pour certains étudiants, les contribuables n’en font pas encore assez. Je me demande ce qu’en pensent leurs propres parents.
Refiler l’entièreté de la facture aux autres, mais s’accaparer de la majeure partie de la plus-value salariale générée par le diplôme, c’est une drôle de conception de la «solidarité», plutôt à sens unique, non ?
Oui, je sais, il y a «gratuité» dans certains pays. En France…où les universités tombent en morceaux pour cause de sous-financement, et dans certains pays scandinaves…immensément plus riches que le Québec et où les taux d’imposition sont encore plus lourds que les nôtres. Est-ce que c’est ce qu’on veut ?
Ce qu’on n’ose pas dire non plus trop ouvertement, c’est aussi que des droits de scolarité trop bas ont souvent pour effet pervers de multiplier les étudiants peu motivés, qui changent continuellement de programme, qui traînent pendant des années et finissent par abandonner sans diplôme.
La CAQ vient également de ramener dans le débat public l’excellente idée de moduler les droits de scolarité selon les coûts réels de formation et les revenus ultérieurs escomptés.
Il est tout à fait sensé que l’on demande à un étudiant en médecine ou en génie de payer plus qu’à un étudiant en littérature. Pour s’assurer que les filières payantes ne soient pas réservées aux enfants de riches, c’est sur les prêts et bourses qu’il faut s’appuyer, pas sur les droits de scolarité.
JOSEPH FACAL - 29 JANVIER 2013 - Journal de Montréal