Boisé

Splendeurs printanières

Trésors cachés, secrets bien gardés, voilà ce que je vous invite à découvrir.

En effet, chaque printemps, discrètement, dans les sous-bois, un petit miracle se répète : pour une courte période de quelques semaines surgissent du sol une multitude de fleurs magnifiques qui disparaîtront faute de soleil dès que les feuilles des arbres seront en place. Je vous en présente quelques-unes ici, espérant vous donner la piqûre…

Il est tout indiqué de passer d’abord à la bibliothèque ou chez votre libraire pour vous procurer un bon livre d’identification des plantes sauvages printanières. D’autres préféreront fouiller dans Internet ou utiliser une application sur téléphone cellelaire. Comme c’est une saison humide, il convient de se chausser en conséquence; heureusement les moustiques ne sont pas encore au rendez-vous. Sur place, on se gardera de sortir des sentiers ou de cueillir quelque plante que ce soit et pour de meilleures découvertes on cherchera les sentiers secondaires.

C’est le Symplocarpe qui part le bal, pour ne pas dire qui brise la glace, car à la suite d’une réaction chimique, il est de 15 à 30 °C plus chaud que son entourage, ce qui lui permet de percer la neige et la glace. Cherchez-le avant même la fonte des neiges dans les endroits marécageux; vous le trouverez  sous le nom chou puant (il ne répand son odeur que s’il est froissé ou piétiné).

Dès que vous avez aperçu ce fameux skunk cabbage, le signal est donné, vous savez que vous devez revenir au bois chaque semaine pour ne rien manquer.
Vous apercevrez d’abord de petites pousses qui vous mettront l’eau à la bouche; puis commenceront à se dessiner les fleurs qui vous permettront l’identification finale de vos découvertes.

Aussitôt que le temps se réchauffe, une des premières fleurs à faire son apparition est le Trille rouge, facilement reconnaissable à ses trois pétales rouge foncé et ses trois sépales verts. Sa croissance est très lente, exigeant parfois jusqu'à dix ans avant la première floraison.

Vous aurez peut-être ensuite la chance de voir la Sanguinaire, discrète et délicate avec ses 8 à 16 pétales blancs et ses étamines jaunes. Désignée espèce vulnérable au Québec, elle bénéficie de la protection de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables. Les Amérindiens tiraient de son latex une teinture rouge pour le visage, le corps ou les vêtements.

Ne manquez pas de dénicher le Petit prêcheur, perdu dans le feuillage ambiant. Quelle splendeur! Cette plante d'ombre doit son nom à sa ressemblance avec un prêcheur se tenant en chaire.

L’Érythrone, toute jaune, sera la plus gaie. La feuille peut se manger bouillie comme un légume. Le bulbe est aussi comestible. La feuille peut être utilisée en cataplasme sur une enflure ou un ulcère pour accélérer la cicatrisation.

Plus petite, la Dicentre à capuchon, qui complète son cycle de croissance tôt en saison avant même que les feuilles des érables ne se soient déployées.
Si vous observez bien, vous remarquerez la Claytonie de Virginie, espèce à statut précaire dont l’odeur est comparable à celle du lilas.

Et voilà, c’était en rafale une brève présentation de quelques-unes de nos fleurs des bois, éphémères mais oh combien magnifiques!

Serge Bellemare
Printemps 2014

PUBLIÉ PAR NATURE ACTION QUÉBEC
Les chroniques naturalistes de l'Île-des-Soeurs

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