Commission Bouchard-Taylor

Il faut rouvrir les chartes des droits

Presse Canadienne (PC)  Lia Lévesque
25/09/2007 19h43 
 

Le temps est venu de rouvrir les chartes des droits. Le Québec doit prendre son courage à deux mains et interdire le port de tout vêtement religieux dans les lieux publics, estime la mairesse de Brownsburg-Chatham, Lise Bourgault.

Mme Bourgault, qui a été députée conservatrice de 1984 à 1993, a témoigné à cet effet, mardi, devant la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables.

«Il va falloir qu'on se tienne debout et qu'on interdise le port de tout vêtement religieux dans les lieux publics. Je sais que ça va prendre du courage politique pour en arriver là», a lancé la mairesse de cette petite municipalité des Laurentides.

«C'est le temps d'ouvrir les chartes», a-t-elle lancé, ajoutant qu'il fallait surtout enchâsser le principe de la laïcité.

La mairesse Bourgault a élaboré sur un point de vue souventes fois entendu par la Commission Bouchard-Taylor, depuis le début de sa tournée des régions, à savoir un certain ras-le-bol devant les signes religieux qui, selon elle, minent l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. Elle a surtout pointé du doigt le niqab et «les femmes soumises en arrière du mari».

Constitution

La Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles a également entendu parler des mérites d'adopter une constitution québécoise, qui énoncerait les valeurs de la société québécoise.

Cela contribuerait à faciliter l'intégration des immigrants et à mesurer la justesse des demandes d'accommodement raisonnable, a-t-on plaidé devant la commission.

Ainsi, Mme Line Chaloux, de l'organisme Le Coffret, qui oeuvre auprès des immigrants en région, a suggéré qu'une telle constitution québécoise énonce des valeurs comme l'égalité homme-femme, la laJicité de l'espace public, de l'enseignement et des services de santé.

«Avec une constitution, on pourrait développer de façon beaucoup plus concrète tout le droit de la famille, l'égalité entre les hommes et les femmes, qui est fondamentale. Quand on a à travailler avec des gens qui ont une problématique d'intégration, c'est parce qu'il y a une incompréhension des valeurs que nous portons et qui, à notre sens, sont immuables. Il n'est pas question que l'on recule dans nos valeurs, au niveau de la place de la femme, de son opinion dans le couple, dans la famille, de son pouvoir décisionnel, c'est quelque chose qu'il est très important de pouvoir promouvoir. Au niveau du droit des enfants, aussi, que ce soit par rapport aux châtiments corporels, aux mariages arrangés. Il reste que c'est une réalité que l'on doit absolument défendre», a plaidé Mme Chaloux.

«Un accommodement, ça devrait être une façon d'aider les gens à participer à leur devoir civique. Un accommodement, ça ne doit jamais permettre à un groupe de se retirer de l'ensemble québécois», a commenté M. Réjean Arsenault, de la Société nationale des Québécois des Laurentides.

De son côté, le chanoine Jacques Grandmaison est venu déplorer la honte des Québécois face à leur passé. «Ce serait bête de passer d'un confessionnalisme mur à mur à un laJicisme mur à mur», a-t-il lancé.

Mme Lidia Quintana, d'origine chilienne, dont la soeur a été soignée à l'unité des grands brûlés au Québec, est venue dire que les Québécois étaient très accueillants. Elle trouve même qu'ils sont trop accommodants envers certaines minorités. Citant le cas du YMCA qui avait givré les vitres de son gymnase pour ne pas incommoder des juifs orthodoxes qui se trouvaient en face, elle s'est exclamé: «je n'en revenais pas tout simplement. On est ici au Québec. On doit s'accommoder aux choses qui font partie de la société québécoise.»

La Commission Bouchard-Taylor a jusqu'ici tenu des audiences à Gatineau, Rouyn-Noranda, Sept-Iles et Saguenay. Après Saint-Jérôme, elle se rendra à Joliette mercredi.