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A-t-on vraiment besoin du Protecteur de l'élève pour résoudre les conflits?


Rollande Deslandes privilégie plutôt la prévention
par Serge Boudreau

«Je suis étonnée d'apprendre que nous en soyons rendus à considérer l'intervention d'un ombudsman de l'élève dans nos écoles. Il me semble que ça va un peu loin. Est-ce que le climat se serait détérioré à ce point», questionne Rollande Deslandes, professeure au Département des sciences de l'éducation à l'UQTR.

Cette chercheuse qui s'intéresse de près aux relations entre l'école et la famille n'a pas caché son étonnement en apprenant dans le quotidien Le Devoir que la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) demandera au ministère de l'Éducation du Québec d'accepter le principe du Protecteur de l'élève. La FCPQ souhaite amorcer une réflexion sur cette approche jugée plus neutre pour résoudre les conflits qui surviennent à l'école. Des conflits qui naissent souvent de l'insatisfaction des parents quant à la qualité de l'enseignement reçu par leur enfant. On parle de plus en plus du phénomène du parent-roi.

La professeure Deslandes ne s'oppose pas à l'idée, mais elle avoue que ce constat est plutôt inquiétant, elle qui défend depuis de nombreuses années une approche misant sur la prévention primaire. «Quand on fait appel à un ombudsman, c'est qu'il n'y a plus de dialogue et que l'on doive composer avec un conflit. Nous sommes bien loin de l'objectif premier qui consiste à développer le plein potentiel de chaque élève. Pourtant avec les structures en place dans les écoles, comme le conseil d'établissement par exemple, on ne devrait pas en arriver là», mentionne-t-elle.

Pour la chercheuse de l'UQTR, ce constat serait attribuable à un problème de communication, qui contribue à faire émerger un important problème de confiance entre les parents, l'enseignant et la direction de l'école. «Pourtant, depuis 1993, je répète à qui veut l'entendre qu'il faut développer ce climat de confiance entre la communauté et l'école. Il faut créer plus d'échanges entre les parents et l'enseignant. Là, on constate qu'on se parle uniquement quand ça va mal», analyse celle qui a été enseignante pendant 18 ans, avant de faire le saut dans le monde de la recherche universitaire.

Agent de liaison, agent de prévention

La professeure Deslandes estime que le besoin d'établir des liens plus solides entre la famille et les intervenants de l'école est plus criant que jamais en cette période de réforme curriculaire. «À la lumière de ce qui est rapporté dans les médias, ça urge, il faut faire quelque chose.»

Dans l'environnement actuel de l'école, la chercheuse observe qu'il manque une pièce maîtresse. Il s'agit en fait d'un agent de liaison. Une personne, ayant un lien stable et crédible avec les autres acteurs de l'école et manifestant des habiletés mobilisatrices. «L'agent de liaison peut être un intervenant social avec une vision écosystémique ou bien un enseignant qui œuvre dans l'école depuis un certain nombre d'années et qui a acquis une crédibilité auprès de ses collègues», peut-on lire dans un article diffusé en 2006 dans The School Commmunity Journal. La chercheuse pense par exemple à un travailleur social, une personne qui selon elle peut se mettre au diapason. «Il doit savoir comment créer des relations interpersonnelles authentiques et comment mettre les gens en confiance.»

Une approche préventive avant-gardiste

Ce souci de prévention est très présent dans la formation initiale des maîtres qui passent par notre institution. «Le Département des sciences de l'éducation de l'UQTR est avant-gardiste, car il offre depuis janvier 2004 le cours École, famille, communauté et pluriethnicité. Il est offert au tronc commun, donc à l'ensemble des futurs enseignants», souligne Mme Deslandes.