Sur Paul Rose (1943-2013)
JOSEPH FACAL - 15 MARS 2013Paul Rose vient donc de mourir, entouré des siens, dans une relative sérénité, dit-on.
Cette mort doit être accueillie avec respect, quiétude, discernement et une remise en perspective des faits.
On souligne ici et là son long engagement dans les milieux de la gauche québécoise. Fort bien.
Pour le bénéfice des jeunes d’aujourd’hui, qui passent au travers d’un système d’éducation dont on sait ce qu’il fait de notre histoire, Paul Rose marqua surtout cette dernière pour avoir été le principal dirigeant d’un groupuscule du FLQ qui, en 1970, kidnappa et assassina le ministre Pierre Laporte.
Pour ce crime qu’il a toujours assumé, Rose passa 12 années en prison avant de bénéficier d’une libération conditionnelle en 1982. Après, il mena une existence sans reproches.
Gérald Larose, ex-président de la CSN, qui dénicha un emploi à un Paul Rose que personne ne voulait embaucher à sa sortie de prison, notait hier que son geste eut pour conséquence d’établir une fois pour toutes que la violence politique ne mènerait jamais à rien au Québec.
Il a bien raison.
À mon humble avis, ces événements firent même un tort considérable au PQ, alors dans son enfance, faillirent même le tuer, en permettant à une partie de ses adversaires de faire l’association que l’on sait entre indépendantisme et violence.
Le FLQ fit aussi le lit d’un Pierre Trudeau qui en profita pour faire tomber sa lourde main sur une partie des forces qui s’opposaient à lui de manière parfaitement légitime et démocratique au Québec.
Là où je ne marche plus du tout, c’est lorsqu’on se propose, comme veut le faire Amir Khadir, de présenter une motion à l’Assemblée nationale pour souligner le parcours de M. Rose et l’honorer.
Je laisse la parole à M. Khadir : «C’est une figure importante du mouvement indépendantiste québécois et j’invite tous les députés indépendantistes, incluant les ministres, à exprimer publiquement leurs condoléances».
Les péquistes ont répondu, avec raison, par le silence. M. Khadir en a donc rajouté : «Ça montre encore une fois l’absence de courage de ce gouvernement qui n’est pas capable d’assumer l’histoire».
Le député de Mercier se trompe lourdement.
Non, ce n’est pas une «absence de courage» que de penser que le geste de M. Rose, s’il a certes entraîné un châtiment pénal, suffit à faire en sorte que le parlement et les élus du peuple ne doivent pas lui accorder d’autre traitement que le silence.
Et ce n’est pas un refus d’assumer notre histoire que de ne pas vouloir glorifier ou souligner à gros traits l’un de nos plus tristes moments.
Ce silence n’a rien à voir avec le courage ou la capacité à assumer quoi que ce soit, mais il a tout à voir avec le tact, le respect et un sain jugement.
Au fond, c’est un silence qui revient simplement à dire que, lorsque que quelqu’un qui a tué meurt, la première pensée doit aller à sa victime, ici, un père de famille qui, lui, n’est pas mort entouré des siens.
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Toula Foscolos dit :
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René Levesque disait :
«Ceux qui, froidement et délibérement, ont exécuté M. Laporte, après l'avoir vu vivre et espérer pendant tant de jours, sont des êtres inhumains. Ils ont importé ici, dans une société qui ne le justifie absolument pas, un fanatisme glacial et des méthodes de chantage à l'assassinat qui sont celles d'une jungle sans issue.[...] S'ils ont vraiment cru avoir une cause, ils l'ont tué en même temps que Pierre Laporte , et en se déshonorant ainsi, ils nous ont tous plus ou moins éclaboussés.» "