Publié le 08 août 2013
(Québec) Le ministère de la Santé du Québec «réactive» son plan d'attaque contre le virus du Nil occidental (VNO) à coup de millions de dollars après le retour en force de l'ennemi potentiellement mortel l'an dernier. Il en profite pour relancer l'urbain qui se croit à l'abri, loin du bois : le moustique porteur - le culex, de son petit nom - aime bien la pollution des villes et sonne la charge au coucher du soleil, souvent dans les hauteurs jusqu'aux balcons et aux chambres.
«On avait été chanceux, on avait été épargnés», observe la DreDanielle Auger, directrice de la protection de la santé publique au Ministère. Alors que le VNO est bien implanté chez les États-Uniens et les voisins canadiens, il semblait oublier le Québec.
Une première vague de propagation du VNO avait certes été documentée en 2002 et en 2003 lorsqu'une vingtaine de Québécois avaient été affectés. Mais le virus s'était replié : «Après ça, il y a eu une accalmie complète.» Jusqu'en 2010, les autorités n'ont recensé qu'entre zéro et cinq cas par année.
Mais en 2011, le VNO est réapparu sur les radars médicaux : 42 personnes infectées. L'année suivante, en 2012, c'était plus du triple : 134 malades, dont cinq ont succombé à une infection du cerveau. «Ce n'est pas anodin. [...] Devant la hausse importante de cas, on a réactivé le plan d'intervention.»
Cette année, quelque 6 millions $ ont donc été débloqués par le Trésor public pour tenter de le freiner, expose Mme Auger. Depuis juin, des entreprises spécialisées essaient de tuer par épandage les larves pondues par le culex toutes les trois à quatre semaines. On surveille également les oiseaux migrateurs, les moustiques adultes et les chevaux possiblement infectés par le virus.
En quête de sang pour ses larves, la femelle culex chasse surtout des oiseaux la nuit quand ils sont plus faciles à attraper. Si l'oiseau est porteur du virus du Nil occidental, le moustique peut ensuite le transmettre à d'autres proies, dont les chevaux et les humains.
Mais il faut du temps pour que le VNO passe des oiseaux à une population de moustiques. Voilà pourquoi la campagne de sensibilisation publique débute à peine. «Année après année, c'est à peu près toujours pareil, les cas humains sont détectés aux mois d'août et septembre», avertit la Dre Auger.
«Au Québec, quand on pense aux piqûres de moustiques, on va penser à ça quand on va dans le bois, en camping, aux mois de juin, de juillet. C'est là qu'on pense à se mettre du chasse-moustiques et peut-être à se mettre des vêtements un petit peu plus longs pour éviter de se faire manger tout rond.»
Chasse-moustique requis... même en ville
«On le sait comment se protéger des moustiques. C'est juste qu'on n'a pas le réflexe de le faire à ce temps-ci de l'année.» Il faudra donc ressortir la bouteille de chasse-moustiques et s'enduire jusqu'à l'automne... surtout en ville! «C'est un moustique qui croît particulièrement en milieu urbain», explique Danielle Auger. Le moustique apprécie pondre ses oeufs dans l'eau un peu polluée des bouches d'égout, dans la pluie accumulée dans les vieux pneus ou sur les toiles des piscines peu utilisées.
La victime parfaite est donc urbaine, profite du début de soirée sur son balcon, dort les fenêtres ouvertes, jardine à l'aube... Et elle est souvent en bonne santé, âgée de plus de 50 ans, quoique les malades chroniques soient aussi à risque. Malheureusement, il est difficile de savoir si le VNO nous infecte; la plupart du temps, il n'y a pas de symptômes. Et il n'existe pas de traitement autre que la prévention. Lorsqu'il y a complication, la victime subit une encéphalite ou une méningite.
Toutes les régions ne sont pas égales face au VNO. Les oiseaux et les insectes qui le propagent sont frileux. Point de détection en Gaspésie ou la Côte-Nord. Mais le virus réussit parfois à remonter vers la Capitale-Nationale; une fois, en 2003, il s'est même rendu jusqu'au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le culex infecté est beaucoup plus présent à Montréal, à Laval, dans la Montérégie, Lanaudière et les Laurentides.
Jusqu'à maintenant cet été, le ministère de la Santé a recensé deux oiseaux infectés et a trouvé des moustiques porteurs du VNO.
Des détails dans le cyberespace : www.msss.gouv.qc.ca/vno