JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE: JEUDI 07 MARS 2013,
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Lors du lancement de son dernier livre, Libérez-nous des syndicats, Éric Duhaime a du faire face à quelques opposants.
Le lancement du livre d’Éric Duhaime Libérez-nous des syndicats s’est fait sous escorte policière, mercredi soir à Montréal, à la suite de menaces dirigées contre l’auteur et contre le restaurant hôte de l’événement.
Peter Sergakis, propriétaire du restaurant Rebel, rue Sainte-Catherine, a confirmé au Journal avoir reçu trois appels de menace la semaine précédant le lancement du livre du controversé chroniqueur. Tous étaient formulés de la même façon : «Tu ne devrais pas recevoir Éric Duhaime à ton restaurant sinon tu vas passer un mauvais quart d’heure.»
Des menaces ont été également proférées sur Internet, par des groupes ou des individus jurant de venir perturber l’événement. Après que Sergakis eut alerté les policiers de Montréal, ceux-ci ont pris les allégations suffisamment au sérieux pour envoyer sur place deux véhicules et quatre agents, qui étaient bien visibles devant et dans le restaurant le soir du lancement.
De plus, Peter Sergakis avait engagé deux gardiens d’une compagnie de sécurité privée pour assurer le bon déroulement de la soirée. Des manifestants se sont vus refuser le droit d’entrer dans l’établissement.
L’auteur intimidé
Malgré ces mesures exceptionnelles, un opposant a quand même réussi à intimider l’auteur. «Il y avait un jeune qui faisait la queue avec les autres pour faire signer mon livre», raconte Éric Duhaime. «Quand ça a été son tour, il a refusé de me serrer la main et m’a glissé à l’oreille : «Je ne suis pas là pour acheter ton livre. J’ai autre chose à faire que de lire de la marde. Tu es l’être que je méprise le plus. Je voulais t’entarter ou te casser la gueule, mais il ya trop de policiers.»
Les policiers l’ont intercepté à l’extérieur du restaurant. Mais Éric Duhaime refuse de porter plainte contre celui qui l’a intimidé. «Ça aurait été pire, mes opposants auraient dit que j’avais la peau très sensible. J’ai autre chose à faire que de m’obstiner devant les tribunaux.»
Éric Duhaime, animateur à CHOI et chroniqueur dans les journaux Sun, affirme qu’il n’a jamais vécu une situation semblable pour son livre précédent,L’État contre les jeunes.
«Est-ce que c’est parce que ce livre parle des syndicats ou à cause du mouvement étudiant qui refait surface ces jours-ci? Je ne sais pas. Mardi soir, il avait des manifestants avec des carrés rouges et une femme qui a frappé sur une casserole pendant que je faisais mon discours. D’autres se sont présentés avec l’essai de Jean-François Lisée Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments pour me le faire signer...»
Éric Duhaime a-t-il été ébranlé par ce lancement mouvementé ? «J’ai habité en Irak pendant la guerre, je me réveillais la nuit avec mon gilet pare-balles quand on se faisait bombarder par Al-Qaeda. Alors les révolutionnaires en culottes courtes, ça ne me fait pas peur. Mais mon entourage et mes parents âgés ne méritent pas de vivre ça. Ça crée un climat de peur. Tu ne sais jamais ce qui va arriver. Tu as toujours derrière la tête la crainte que la situation dérape.»
Dans son livre Libérez-nous des syndicats, publié aux Éditions Genex, Duhaime affirme que les syndicats, qui étaient progressistes, empêchent maintenant le Québec d’avancer. Des propos qui ne plaisent pas à tous.
«J’aurais voulu un débat d’idées, mais je me retrouve à gérer des questions de sécurité. Ce n’est pas le Québec dans lequel j’ai envie de vivre. On est en train d’assister à une nouvelle façon de faire du militantisme. Ce n’est pas comme ça qu’on débat dans une société moderne et civilisée.»