Le trompettiste Maynard Ferguson est mort mercredi 23 août dans un hôpital de Ventura (Californie), d'une infection pulmonaire. Il était âgé de 78 ans.
Riche et célèbre, Ferguson cumule pas mal de handicaps. Primo, une vélocité touchant à l'acrobatie dans le registre suraigu de la trompette. Ensuite, il conduit sa carrière avec un caméléonisme remarquable : sautant de l'exigeante musique de big band à la variété ; du contexte avant-gardiste (John Surman) à la danse ; des orchestrateurs précieux (Jimmy Giuffre, Marty Paich, Bill Holman) aux arrangements à l'estomac. Bref, de quoi décourager tout critique spécialisé, dont ce type de musicien joyeux, aimé, est la bête noire.
Né le 4 mai 19 28 à Verdun (Canada), il est mis au piano et au violon dès l'âge de 4 ans. A 13, il est soliste dans l'orchestre de la radio. Auteur d'une soixantaine d'albums, Ferguson aggrave son cas. Le Canada a donné au jazz des musiciens exceptionnels, à commencer par le pianiste Oscar Peterson.
Ferguson débute à New York en 1948 et se produit au Café Society dans une formule qui achève le spécialiste : à l'alto, au trombone, à la clarinette et, pourquoi pas ? à la trompette. Très désiré dans les pupitres des grandes formations, il se livre à un élégant nomadisme musical chez les plus fameuses et culmine avec un autre réprouvé de génie : Stan Kenton.
Son Birdland Dream Band déborde de talents, à moins qu'il ne les invente (de Clifford Brown à Chuck Mangione). Il réside à Londres (1971), fonce dans le jazz-rock à son retour en Californie, compose pour le cinéma (Rocky), accumule les récompenses, et devient encore plus célèbre en adaptant les grands succès de l'écran en variété. On le voit néanmoins avec le pianiste McCoy Tyner, son ami fidèle Slide Hampton (trombone) ou le contrebassiste Eddie Gomez, ce qui eût dû rassurer les critiques.
En juillet 2006, il jouait au Blue Note de New York et se préparait à une importante tournée au Japon.
Francis Marmande