Le festival des manifs

RICHARD MARTINEAU - 6 MAI 2013

On répète souvent que Montréal tire le diable par la queue et que la ville n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a été.

Eh bien, j’ai une idée pour relancer la métropole, une idée qui mettra à contribution les forces vives de Montréal et mettra ses qualités à l’avant-plan.

Un Festival international des manifs.

 

LE PAVÉ D’OR

 

Pensez-y deux minutes.

Ça serait comme l’International des feux Loto-Québec, mais au lieu de nous envoyer leurs meilleurs artificiers, les pays participants nous enverraient leurs meilleurs manifestants communistes, anarchistes et anti-capitalistes.

Chaque soir, on aurait droit à une manifestation : la Grèce, l’Espagne, l’Italie, la Bolivie…

Et à la fin, un jury composé de plusieurs experts remettrait le Pavé d’Or, une sculpture en matière recyclable gossée par Armand Vaillancourt.

Pas mal, non ?

Après tout, les manifs, c’est tout ce qu’il reste à Montréal, alors aussi bien en profiter…

Les différentes manifestations pourraient être retransmises en direct à RDI avec les commentaires élogieux de Pierre Duchesne et Anne-Marie Dussault.

 

CAPITALE PROGRESSISTE

 

On pourrait organiser toutes sortes d’événements connexes.

Un défilé de mascottes, avec le panda et la banane.

Un concours de pétage de vitres (5$ pour lancer une roche, 10 $ pour trois).

Des hommes et des femmes qui ont été internés pendant des années par des régimes totalitaires pourraient venir nous dire tout la mal qu’ils pensent de la répression policière à Montréal et de l’horrible règlement P- 6.

Des membres du Black Bloc et de la Ligue des droits et libertés animeraient des ateliers, on rendrait un vibrant hommage à Hugo Chavez, etc.

Pendant une semaine, Montréal deviendrait la capitale internationale des forces « progressistes ».

Ça, ça serait bon pour la Ville !

 

COMME LES CÔNES

 

Je ris pour ne pas pleurer.

Avant, quand il y avait une manif, on portait attention au message que les participants voulaient transmettre. C’était tellement rare qu’on s’arrêtait net pour regarder le spectacle, on se demandait ce qui se passait, on se questionnait sur leurs motivations…

Aujourd’hui, on s’en fout. Les Montréalais ont appris à vivre avec les manifs comme avec les cônes oranges. Ça fait partie du décor, comme les tams-tams au pied du mont Royal, le dimanche après-midi.

C’est devenu une activité culturelle. « C’est quoi, la cause, aujourd’hui, déjà ? La fête des travailleurs ? Ok, cool, on y va… »

Le 1er mai dernier, il y a eu une grosse manif anti-capitaliste à Montréal, du grabuge, des masques, du plus de 400 arrestations…

À l’extérieur de l’île, c’est un gros événement. Ici, c’est un jour comme un autre.

Les Montréalais ne tournent même plus la tête pour voir ce qui se passe.

 

UNE AUTRE ?

 

Quand on sort le soir, on consulte le compte Twitter du SPVM pour savoir quelles rues ne pas emprunter et quel quartier éviter.

Et puis on fait nos affaires.

Le lendemain, on ouvre le journal et on lit : « Hier, 4500 arrestations. »

On réprime un bâillement, puis on va directement à la section des sports.

Trop, c’est comme pas assez. Ce proverbe, tout le monde le connaît.

Sauf les manifestants, qui sont en train de se tirer dans le pied en banalisant ce qui devrait sortir de l’ordinaire…

Manifestival

Commanditaire

L'OFF festival des manifs

Certains manifestent en mars d,autres manifestent en masse