Stéphane Maestro
V2N6 • Juin 2008
Les règles de la maison
Après des mois de consultation publique et 3,7 M $, la commission Taylor-Bouchard en arrive à la conclusion que les Québécois sont majoritairement fermés aux autres cultures, que nous devrions manifester une plus grande ouverture face aux rites et coutumes des immigrants qui viennent frapper à notre porte et nous demandent asile. Nous leur ouvrons les bras mais sommes fermés. Bizarre, non ?
Le danger de ce genre de débat, c’est de tomber dans la stupidité. Je ne céderai pas à la tentation. À la place, je vous demande un effort d’imagination. Disons que demain je fais mes valises. J’ai décidé d’immigrer quelque part au Proche-Orient. Là-bas, Noël n’existe pas, ni aucun saint du ciel au visage familier. J’arrive dans un pays islamique. On y parle arabe et les institutions sont islamiques. Tout est fonction du Coran, de la prière et d’une tradition que je ne connais pas, mais que je vais forcément découvrir. Des fois, le petit occidental que je suis sera choqué, d’autres fois, bouleversé. Normal. C’est un choc culturel, religieux, social. Mais, même après des décennies de vie là-bas, pensez-vous que j’aurai réussi à ce qu’on accommode ma langue, mes croyances, mon sens de l’égalité des sexes ou le libéralisme dans lequel j’ai grandi ? Non.
Je ne fais pas ici le procès d’une culture ou d’une autre. Mais, comme le dit l’adage : À Rome, fais comme les Romains. Si j’allais quelque part au Proche-Orient, je marcherais sur la pointe des pieds pour n’offenser personne, pour ne pas altérer ce qui existe déjà. J’enlèverais mes souliers là où on me demanderait de le faire. Je ne demanderais pas de fourchette là où l’on mange avec les mains. Alors pourquoi, à l’inverse, lorsque la terre d’accueil s’appelle Occident, on sent le besoin d’accommoder tout le monde ? C’est l’hôte qui détermine les règles de la maison. Les invités qui choisissent d’y entrer devraient s’y conformer. Point final.
Stéphane Maestro, éditeur, maestro@lareussite.com
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