CHARTE DES VALEURS
JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE: MERCREDI 18 SEPTEMBRE 2013
Plutôt absents du débat jusqu’à maintenant, des membres de la communauté musulmane se portent à la défense de la charte des valeurs, dénonçant du même coup la mainmise de leurs leaders sur l’opinion publique.
«Je n’en peux plus que l’on fasse croire à la population que les immigrants forment un bloc monolithique, alors que c’est faux. On ne voit et n’entend que les leaders des communautés culturelles et religieuses. Les gens qui sont en faveur de la charte n’ont pas voix au chapitre», dénonce Rachid Bandou, président de l’Association Amitié Québec-Kabylie.
Celui qui s’est présenté comme candidat du Parti québécois lors de la dernière élection déplore le climat de tension actuel.
«Ce n’est pas tout le monde qui est contre la charte. Nous, les personnes immigrantes, n’avons pas tous la même opinion», précise-t-il.
L’Association Amitié Québec-Kabylie a d’ailleurs lancé une pétition sur les réseaux sociaux, plus tôt cette semaine, pour récolter des appuis.
Hier, 368 personnes avaient signé le manifeste «Cette immigration favorable à la charte des valeurs québécoises».
Fuir l’islamisme
L’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité appuie également la charte du ministre Drainville.
«Dans nos pays d’origine, nous avons vécu l’émergence du mouvement islamique qui a mis de côté la liberté individuelle et la démocratie. Nous ne voulons pas revivre ça», témoigne le porte-parole Akli Ourdja.
«Nous voulons être identifiés en tant que citoyens québécois plutôt que par notre religion», insiste-t-il.
L’Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec (AMAL) admet que les opinions divergent au sein de la communauté musulmane.
«Cette charte divise tout le monde, y compris les communautés culturelles et religieuses», affirme le porte-parole Haroun Bouazzi.
Opinion unanime dans la communauté juive ?
Dans les médias et sur le web, les voix dissidentes se font plus rares dans les communautés sikhe et juive.
Un silence attribué à l’absence d’une branche extrémiste au sein de cette collectivité religieuse, selon le Centre consultatif des relations juives et israéliennes.
«On rencontre beaucoup de gens sur le terrain et personne n’est en faveur de la charte. Comme communauté, nous n’avons pas de mouvement intégriste qui nous inquiète et qui nous pousserait à adopter des moyens drastiques pour freiner leur influence», soutient le porte-parole David Ouellet.