EXCLUSIF
Les profs décrochent
Jean-Philippe Pineault
Le Journal de Montréal
24/10/2008
Les enseignants québécois sont au bout du rouleau. Le nombre de congés de maladie qui leur sont consentis a bondi depuis cinq ans, atteignant 700 000 journées l'an dernier.
Selon des données obtenues par le Journal grâce à la Loi sur l'accès à l'information, les enseignants sont de plus en plus mal en point.
Depuis 2002-2003 , le nombre de congés de maladie a bondi, passant de 636 576 à 686 303 par an, une augmentation de près de 50 000 journées. Pour l'an dernier seulement, les repos forcés ont coûté aux contribuables la bagatelle de 165 M$.
«L'épuisement des professeurs est omniprésent. Les gens nous disent sur le terrain qu'ils n'en peuvent plus», lance Réjean Parent, président de la CSQ, ajoutant que «les gens résistent, résistent et finissent par tomber au champ d'honneur».
Nathalie Morel, présidente de l'Alliance des professeurs de Montréal, lance aussi un cri d'alarme. «L'alourdissement de la charge de travail est un problème réel. La détresse est particulièrement grande au secondaire», dit-elle.
Au bout du rouleau
Classes surchargées, élèves difficiles, multiplication des réunions pour adapter l'enseignement à la réforme : la tâche des enseignants ne cesse de s'alourdir, dénoncent les profs.
Enseignant d'économie en cinquième secondaire à Montréal, André-Bernard Guévin s'est retrouvé en burnout pendant un an, écrasé par le travail. Cinq ans plus tard, il s'est à nouveau retrouvé en congé forcé pour 18 mois à la suite d'un choc post-traumatique. «Je faisais la surveillance d'étage et j'ai demandé à un élève de retirer son bandeau. Il m'a fait un finger. En le poursuivant dans les escaliers, je suis tombé sur lui. Il m'a traîné sur une vingtaine de pieds en me frappant», relate l'homme de 44 ans.
Pas assez de prévention
Au ministère de l'Éducation (MELS), on avoue être «sensible» à cette situation. «Oui, le nombre de jours de maladie augmente, mais le nombre de profs aussi. Et il y a plusieurs mesures qui ont été mises de l'avant pour aider les enseignants, comme l'ajout de ressources pour les élèves en difficulté», explique Stéphanie Tremblay, porte-parole du MELS.
Réjean Parent juge que le MELS n'en fait pas assez pour préserver la santé des profs. «Le gouvernement va devoir se réveiller. Si ça reste comme ça, on va avoir de plus en plus de misère à trouver des profs», juge-t-il.
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