Hebdos TC Media: vers un journalisme à rabais

MONTRÉAL, le 24 avril 2013 /CNW Telbec/ - L'annonce de la mise à pied de 11 des 23 journalistes des 22 hebdos de TC Media de Montréal ne présage rien de bon pour l'avenir de l'information locale sur l'île. À compter du 20 mai TC va remplacer une partie du travail de journalistes professionnels par un contenu bénévole fourni par les organismes et citoyens des quartiers.

La suppression de postes s'accompagne en effet d'une réorientation du contenu des journaux qui réduit fortement la présence d'information de type journalistique. Par ce virage vers la vie de quartier, les hebdos choisissent de ne plus couvrir ce qui est déjà couvert par les grands médias, ce qui peut être légitime.

Mais le virage va plus loin. Les hebdos ne seront plus axés sur les nouvelles. Il y aura «une diminution de besoins en matière de recherche journalistique» indique une note de service du 23 avril. Les conseils d'arrondissement ne seront sans doute plus couverts sur place. Il n'y aura plus d'enquête journalistique, ni de dossiers, ni d'alimentation des sites web en continu.

Le titre  de «Chef de nouvelles» sera remplacé par celui de «Directeur, Relations avec les communautés» dont le titulaire relèvera désormais du directeur général qui est le responsable des ventes.

Les quelques journalistes qui restent en poste consacreront leurs efforts à la réalisation de portraits et à la couverture d'activités exclusivement locales, comme des diners de Chambres de commerce. Mais la nouvelle orientation des journaux, proche d'un babillard communautaire, portera vraisemblablement à se tenir loin de tout ce qui peut porter à controverse.

Ce que les journalistes, désormais trop peu nombreux (1/2 journaliste par journal), ne pourront plus faire sera fait par des citoyens. Ils sont déjà encouragés à chroniquer, à envoyer des photos et à écrire des lettres ouvertes. Les communiqués officiels seront certainement très présents pour remplacer les reportages.

Pour la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) il est faux que les grands médias couvrent déjà suffisamment les enjeux locaux de tous les arrondissements de l'île. Le journalisme local conserve plus que jamais sa raison d'être de surveiller la politique locale qui passe trop souvent sous le radar des grands médias. Mais il lui faut des moyens.

Il résultera de la nouvelle configuration des hebdos montréalais de TC Media un appauvrissement de la vie démocratique au moment où la société a besoin de plus d'éclairage journalistique sur les affaires municipales y compris au niveau local.

La FPJQ déplore ce virage qui maintient l'apparence d'un journal local, tout en le vidant partiellement de son contenu indépendant et critique produit par des journalistes professionnels. Le nouveau modèle de TC Média vide le journalisme de sa substance, au point de transformer les «journaux» du groupe en feuillets publicitaires dépourvus de toute valeur ajoutée.

SOURCE : FEDERATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUEBEC

Renseignements :

Brian Myles, président de la FPJQ, 514 262-2860