Les Frères Musulmans : Internationale islamiste et stratégie rampante

Une des clefs expliquant la "radicalisation" de l'islam au Moyen-Orient, au Maghreb et les tentatives de radicalisation des communautés musulmanes en Europe.

Poursuivant une recherche sur les "clefs" du conflit Syrien, j'ai commencé un travail sur la confrérie des Frères Musulmans qu'on connaît évidemment en Egypte, mais dont on connaît moins l'importance en Syrie, en Turquie, au Qatar, en Tunisie et... en France.

Je me suis progressivement rendu compte qu’il s'agissait d'une véritable "internationale islamiste" qui fournissait nombre de clefs sur l’évolution des « printemps Arabes » de 2011 mais aussi sur la multiplication des burqa dans nos rues.

Les Frères Musulmans, leur filiales , les partis membres ou amis existeraient dans plus de 80 pays dans le monde.

N'ayant pas de connaissances particulières sur plusieurs des pays cités, il s'agit d'une recherche Internet basée sur une multitudes de sites.

Sommaire :


1. L'Egypte
2. La Syrie
3. La lutte contre Israël et les frères en Palestine
4. L'Irak
5. La Turquie
6. L'iran
7. La Tunisie
8. L'Algérie
9. Les Frères et Al Qaïda
10. Le soutien de la CIA et les Frères aux USA
11. L'Europe
12. La France
13. La guidance mondiale
14. Conclusion

 

1. L’EGYPTE :

LA CONFRERIE DES FRERES MUSULMANS (FM) est une organisation panislamiste fondée en 1928 par Hassan el-Banna, avec comme objectif une renaissance islamique, la lutte contre l’influence occidentale, la laïcité et l’instauration d’un état islamique fondé sur les principes de la Chaaria.

Elle a rapidement essaimé ses idées dans les pays à majorité musulmane du Moyen-Orient, en Afrique du Nord, et a établi des « têtes de pont » jusqu’en Europe. Certains groupes de partisans se sont constitués en mouvements autonomes, comme le Jama’a al-islamiya au Liban ou le Hamas à Gaza.

Le mot d’ordre de l’organisation est : « Allah est notre objectif. Le prophète Mahomet est notre chef. Le Coran est notre loi. Le djihad est notre voie. ».

Son opposition parfois violente aux États laïcs arabes a amené son interdiction ou la limitation de ses activités dans certains pays comme la Syrie et l’Égypte. La lutte contre l’État d’Israël est au cœur du mouvement depuis sa fondation.

Le mouvement entretient avec les institutions promouvant le wahhabisme saoudien des relations alternant entre coopération et rivalité.

La nébuleuse des Frères musulmans serait coordonnée par la Muslim Association of Britain de Londres, s’appuyant sur la banque Al-Taqwa. Néanmoins elle ne constituerait pas une structure pyramidale centralisée mais une mouvance hétérogène et multiforme.

Lors du premier congrès du parti en 1933, l’organisation comptait 2 000 militants, un an plus tard ils sont 40 000, et en 1943 la confrérie compte plus de 200 000 militants.

Interdictions et dissolutions

En 1948, le 28 décembre, l'« appareil secret » de l'organisation assassine le Premier ministre égyptien. En représailles, l'organisation est interdite et son fondateur Hassan el-Banna est assassiné par les agents du gouvernement en février 1949.

En 1954, Nasser, qui craint pour sa personne, décide à nouveau d’interdire l’organisation. Près de 20 000 militants sont incarcérés.

Dans les années 1970, Sadate utilise les Frères musulmans pour faire contrepoids à l’extrême gauche et il leur promet l’intégration future de la charia dans les lois égyptiennes.

En 1978, ils renoncent officiellement au soutien des actions violentes, à l’exception du combat en Palestine.

Cependant, certains partisans qui ne partagent pas cette position se regroupent dans d’autres structures, comme la al-Gama'a al-islamiyya (Groupe islamique). En 1981, l’un de ses membres assassine Sadate. Ils sont également les auteurs d’attentats contre des touristes en 1992 et de Louxor en 1993. 

Dès le début des années 1980 un bras armé clandestin se constitue. Certains de ses membres tentent d’infiltrer les institutions gouvernementales, mais le régime laïque d’Hosni Moubarak fait obstacle à la plupart des manœuvres politiques, à l’exception notable de certains syndicats actuellement infiltrés de toutes parts, comme celui des avocats.

En 1982, les organes de presse des Frères sont détruits et la quasi-totalité de leurs publications saisies. L'organisation reste interdite mais paradoxalement est tolérée.

En 1984, le pouvoir reconnait à la confrérie le statut d'organisation religieuse, mais refuse sa participation à la vie politique.

Les candidats fréristes participent aux élections comme indépendants ou comme représentants d’autres partis. L’organisation s’efforce d’être présente sur le terrain en aidant les classes défavorisées autant sur le plan social que financier, fournissant, entre autres, aux personnes dans le besoin des médicaments ou des prêts d’argent.

Certains, dont Saïd Ramadan, après avoir tâté le terrain dans les pays arabes avoisinants, optent finalement pour l’Europe comme lieu d’implantation de leurs nouvelles bases, avec l’aide financière des Saoudiens.

Une reconnaissance religieuse mais non politique

Dans les années 1990, en Égypte, la confrérie s’affiche publiquement comme un mouvement respectueux de la démocratie. Elle publie trois manifestes importants sur « l’indispensable démocratie » , sur les droits des minorités, notamment de « nos frères et compatriotes coptes » et sur « le statut de la femme ».

Bien que disposant officieusement de 88 députés (sur 454) à l'Assemblée du peuple entre 2005 et 2010 (ce qui fait d'eux le premier groupe d'opposition), les Frères musulmans qui font passer un message religieux (islamisation des mœurs, de l'habillement et de la culture) relayé par un important réseau de membres et d’actions caritatives, largement adopté par la société, ne peuvent pas concrétiser cette sympathie en succès politique. Ce handicap résulte du refus du pouvoir égyptien d'assister à la création d'un parti politique des Frères musulmans et au rejet des règles du jeu démocratique de la part de certains membres de la confrérie.

Le pouvoir égyptien mène une politique de la carotte et du bâton, relâchant de temps en temps la pression pour l'utiliser comme soupape à la colère populaire contre les politiques israéliennes et américaines au Proche-Orient, puis en resserrant la vis en arrêtant, en torturant ou en éliminant plusieurs des membres de la confrérie.

Une marche vers la respectabilité et l'intégration au jeu politique égyptien

Pour conquérir le pouvoir les Frères musulmans ont appliqué une véritable métamorphose. La plupart des membres de la confrérie ont fait un important travail au niveau de leur apparence vestimentaire et physique. Habillé en costume à l'occidentale, ils sont soit complètement rasés, soit portent une barbe finement taillée. Ils sont pour beaucoup issus des hautes écoles, parlent tous plusieurs langues étrangères et se présentent désormais en démocrates. Tous les candidats aux élections législatives du mouvement ont bénéficié d'une formation intensive aux techniques de communication, aux stratégies de persuasion et à l'art des négociations. Officiellement, le mouvement a abandonné tout projet d'État théocratique, ils disent prendre comme modèle les mouvements islamistes marocains qui sont connus pour leur pragmatisme. Ce, même si beaucoup de politologues et de journalistes en doutent, et émettent l'idée qu'ils aient mis fin momentanément à leur projet de république théocratique pour ne pas faire peur aux Égyptiens et prendre le pouvoir sans trop de violence.

Lors des élections de 2010, ils sont marginalisés par des fraudes massives, et boycottent le second tour.

Évolutions post-révolution

Dans le paysage politique post-Moubarak, selon un sondage publié en avril 2011, 75 % de la population a une opinion « plutôt » ou « très favorable » des Frères.

Les tendances à l'éclatement du courant islamiste, déjà présentes sous le régime de la dictature, se renforcent après la révolution de 2011  :

* L'aile modernisatrice et libérale se sépare des Frères en 1996 pour créer le parti Al-Wasat (« le Milieu »)

* Les musulmans salafistes, plus rigoristes, possèdent leur propre parti, Al-Nour (« la Lumière ») ;

* Le parti des Frères musulmans, le "parti de la Liberté et de la Justice", créé le 6 juin, tient à l'écart les femmes et les jeunes, pourtant moteurs de la révolution du 25 janvier.

Le 20 janvier 2012, le parti de la Liberté et de la Justice, dirigé par Mohamed Morsi, remporte les élections législatives.

Le 24 juin 2012, le candidat à la présidence de l'Égypte, Mohamed Morsi, est déclaré vainqueur de l'élection.

Le 3 juillet 2013, le président Morsi est renversé par l'armée après des jours de manifestations populaires dans tout le pays et de nombreux dirigeants du PLJ et des Frères musulmans sont arrêtés par l'armée.

Le 18 août 2013, le premier ministre du gouvernement d'intérim, Hazem El-Beblaoui, propose leur dissolution.

Le 20 août, le guide suprême des Frères musulmans Mohammed Badie est arrêté et placé en détention provisoire pour « incitation au meurtre ».

 

2. LA SYRIE :

En Syrie, le mouvement a été fondé dans les années 1930 par des étudiants, anciens membres des Frères musulmans égyptiens.

La confrérie est la principale force d'opposition au régime baassiste et elle est surtout présente dans les grandes villes du pays (Hama, Homs et Damas) ou les classes populaires forment le gros des effectifs du parti.

À la fin des années 1970, le mouvement initie une lutte armée contre le régime baasiste, organisant des attentats.

Une répression sanglante par le régime de Hafez el-Assad

En 1982, les Frères musulmans tentent de soulever la population contre le président Hafez el-Assad. Il élimine à Hama, le bras armé des Frères musulmans, (l’Avant-garde combattante) dont les militants se dispersent en Arabie saoudite, en Jordanie, au Koweït ainsi qu’en Afghanistan. Les Frères musulmans restent en 2007 hors la loi dans ce pays.

En juillet 1980, la loi n° 49 - toujours en vigueur- stipule qu'« est considéré comme criminel et sera puni de la peine capitale quiconque est affilié à l'organisation de la communauté des Frères musulmans. »

Le 17 mars 2006, les Frères musulmans syriens créent à Bruxelles avec le vice-président syrien ayant fait défection, un Front de Salut National auquel adhèrent aussi des opposants arabes et kurdes venus de divers partis.

En 2009, au moment de la guerre de Gaza, la confrérie conclut une trêve avec le pouvoir syrien. Mais en juillet 2010, le leader syrien des Frères musulmans rompt la trêve avec le régime.

Une présence majoritaire dans le Conseil national syrien, à titre officieux

La confrérie n'est plus aujourd'hui une force politique en Syrie, mais elle maintient néanmoins un réseau d'appuis mené depuis Londres et Chypre, sa direction se situant à Istanbul.

Dans le contexte de la guerre civile syrienne, elle est par ailleurs majoritaire au sein du Conseil national syrien, bien que ses membres y siègent à titre individuel et non au titre de leur mouvement.

Comme en Égypte, le mouvement a officiellement abandonné la violence, et demande l'installation d'une démocratie en Syrie, dans l'espoir de prendre le pouvoir par les urnes. Il n'exige pas un État islamique mais la référence à la charia comme "l’une des bases de la législation".

 

3. LA LUTTE CONTRE ISRAËL ET LES FRERES EN PALESTINE

En 1935, l’organisation rentre en contact avec Amin al-Husseini, le grand mufti de Jérusalem (qui se compromettra pendant la 2ème guerre mondiale avec les nazis) et participe à l’insurrection arabe de Palestine de 1936.

En 1945, Saïd Ramadan (fils spirituel du fondateur des FM) crée une branche armée arabe de Palestine du mouvement, qui a pour objectif de combattre le mouvement sioniste.

Les Frères musulmans connaissent ainsi un succès fulgurant et de nombreux militants participent à la guerre de 1948-1949 contre le jeune État d’Israël.

Les membres de la confrérie ont combattu aux côtés des armées arabes pendant la guerre israélo-arabe de 1948.

À partir du milieu des années 1960, les Frères musulmans redeviennent actifs en Israël.

Elle recourt aux actions armées et aux attentats, y compris aux attentats suicides. Ses sources de financement proviennent en grande partie de l’Arabie saoudite et plus tard de l'Iran.

Après la restitution de la bande de Gaza, la confrérie se développe, met en place un réseau d'aide social et fait construire l'Université islamique de Gaza.

Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) est créé en 1987, il est précisé dans la charte du Hamas que "le Mouvement de la résistance islamique est l'une des ailes des Frères musulmans en Palestine".

Le mouvement s'attire la sympathie d'une partie de la population, grâce à son programme d'aides sociales, de construction d’écoles et de cliniques.

Le parti participe aux élections législatives de 2006 et promet de rétablir la sécurité, et de débarrasser le pays de la corruption. Le Hamas gagne les élections avec 74 sièges contre 45 pour le Fatah.

Un nouveau gouvernement de l'autorité palestinniène est formé et Ismaël Haniyeh (Président du Hamas) en devient son Premier ministre. Néanmoins, celui-ci ainsi que son gouvernement sont évincé par le président Mahmoud Abbas en juin 2007, lorsque les forces armées du Hamas prennent par la force le contrôle de la bande de Gaza.

 

4. L’IRAK :

La branche irakienne des Frères musulmans est le Parti islamique irakien créé à la fin des années 1950. Le groupe est entré dans la clandestinité après l’accession du parti Baas (laïc) au pouvoir.

À la chute de Saddam Hussein, le parti revoit le jour, et il se fait le porte-parole de la communauté sunnite du pays. Le PII a participé aux élections du 15 décembre 2005 dans le cadre de la coalition du Front d'accord irakien, qui a obtenu 44 sièges, ce qui est le meilleur succès parmi toutes les coalitions arabes sunnites. Il a été critiqué par les sunnites radicaux (par exemple, le chef d'Al-Qaida en Irak, Abou Moussab Al-Zarqaoui) pour sa participation au processus politique en Irak.

Ensuite, le parti s'implique plus fortement dans la vie politique nationale, pour promouvoir la communauté sunnite dans les instances gouvernementales.

Le mouvement possède également une chaîne de télévision, nommé "Bagdad". Le leader du parti est Tareq al-Hachemi de 2004 à 2009.

Tareq al-Hachemi est nommé vice-président de l'Irak d’avril 2006 à mai 2011. Depuis il a été sous le coup d'un mandat d'arrêt international, il est en fuite en Turquie ou au Qatar et le 9 septembre 2012, il est condamné à mort par contumace.

Il est remplacé à la tête du PII par Iyad al-Samarraï qui est élu président du Parlement. Il est remplacé en novembre 2010 par le sunnite Oussama al-Noujaifi, député sur la liste laïque Iraqiya.

Le Parti Islamiste Irakien fait parti d’une coalition de partis : le Mouvement national irakien, qui a remporté les élections de 2010 avec 24% des sièges.

Des partis islamiques kurdes sont également plus ou moins proches des Frères musulmans.L'Union islamique du Kurdistan est présente au Parlement kurde, mais reste minoritaire face à des partis laïques comme l'Union patriotique du Kurdistan et le Parti démocratique du Kurdistan.

 

5. LA TURQUIE

En Turquie, le Parti de la Prospérité crée en 1983 (transformé par la suite en Parti de la vertu) est considéré comme un parti membre ou ami des FM.

Recep Tayyip Erdoğan qui a étudié dans une école religieuse qui forme des imams adhère dans les années 70 à l'Organisation de jeunesse du Parti du Salut national, le MSP, parti islamiste alors dirigé par Necmettin Erbakan.

Il le suit à la création du Parti de la Prospérité.

Erdogan commence sa carrière politique au niveau local, en étant élu maire d'Istanbul en 1994 grâce à une image de porte-parole de l'anti-corruption. Mais son mandat prend fin en 1998, lorsqu'il est arrêté pour incitation à la haine suite à la lecture d'un poème du nationaliste turc. Le Parti de la Prospérité est interdit pour « activités anti-laïques ».

En 2001, il fonde l'AKP (Parti de la Justice et du développement) avec l’aile dite « modérée » du parti de la prospérité et remporte les élections en 2002. A l’époque, la large victoire de ce parti issu de l’islam politique, dans un pays laïc sous tutelle militaire, est un choc (tous les partis islamistes précédents ont été successivement interdits).

Pourtant, l’AKP va se maintenir au pouvoir, apprenant et intériorisant les règles du jeu électoral (Ce qui est très spécifique aux FM). Et il remporte les élections suivantes (2007 et 2011).

Erdogan se prononce en faveur d'une séparation de l'État et de la religion (en Turquie, les imams sont des fonctionnaires affiliés au directorat des Affaires religieuses, lui-même dépendant directement du Premier ministre. La religion est donc contrôlée par l’Etat). Sa position s’oppose donc en partie à la laïcité turque.

Il poursuit une politique libérale atténuant le poids de l’état, réduisant le protectionnisme, diminuant le nombre de fonctionnaires, favorisant les PME et dans les années 2000, la Turquie à le taux de croissance le plus important des pays de l’OCDE.

Considéré comme l'homme politique le plus populaire de Turquie, Erdoğan est cependant considéré par nombre d’intellectuels comme un despote qui fait sauter un à un les verrous de la laïcité afin d'instaurer un régime islamiste et personnel.

En octobre 2007, l’élection du président qui était auparavant élue par le parlement, passe au suffrage universel.

l’AKP est saisi d’une plainte en mars 2008, pour « atteinte à la laïcité », et la Cour Constitutionnelle annule deux amendements, autorisant le voile dans les universités.

L'AKP frôle la dissolution, la Cour décidant cependant, de ne pas la prononcer en partie sous l’influence et les mises en garde des États-Unis et de l'Union européenne, s'opposant à une telle interdiction.

Il applique un programme islamiste, en particulier depuis 2011 et affaibli l'influence kémaliste de l'armée turque. Une réforme de l'éducation votée en 2012 a ainsi renforcé les enseignements islamiques dans l'école publique primaire ainsi que dans les collèges et lycées. Erdoğan a expliqué qu'il voulait élever une « génération pieuse ».

Durant la même période, il a mis en place une série de restrictions aux droits de l'homme, malgré les améliorations résultants du processus d'adhésion à l'Union européenne. Ainsi depuis 2011, la liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté télévisuelle et sur Internet, ainsi que la liberté de réunion, ont été restreintes. Le droit à l'avortement et le droit à la commercialisation d'alcool ont également été réduits.

Au printemps 2012, il soumet un projet de constitution visant à instaurer un régime présidentiel qui conduit à une importante concentration des pouvoirs.

Au printemps 2013, un projet de modification d’une place entraîne des manifestations dont la répression brutale entraîne l’extension.

La destitution du président Morsi (dont il était l’ami) affecte considérablement Erdogan.

 

6. L’IRAN

La confrérie est le seul parti à avoir établi des passerelles entre sunnisme et chiisme au travers de sa théorisation du djihad et de son antagonisme vis-à-vis d’Israël, considérée comme sacrilège en terre d’Islam. La question d’Israël n’est pas de l’ordre du territoire, c’est un sacrilège, une insulte aux lieux sacrés de l’Islam.

Le théoricien ayant permis cette association est Saïd Qotb, journaliste, poete et théoricien des FM, exécuté par Nasser en 1966. Il est le premier à avoir légitimé le djihad offensif, considérant que celui-ci est légitime tant que l’humanité entière n’est pas dominée par l’Islam. Il confère aux FM le rôle « d’avant-garde » (au sens presque Léniniste du terme) ayant pour mission d’enseigner le véritable islam.

Il élimine toute référence à l'arabisme et au nationalisme et prône une stratégie progressive de long terme visant à réislamiser d’abord l’individu, puis le couple, puis la famille, puis la société, puis l’Etat.

Ses idées vont profondément influencer les « fédayins de l’Islam » un groupe islamiste chiite qui prendront comme chef religieux l’ayatollah Khomeiny à l’origine de la république islamique iranienne.

 

7. LA TUNISIE

Rached Ghannouchi est le Chef d'Ennahda, organisation considérée comme très proches des FM dont elle reproduit la stratégie de conquête du pouvoir.

Ghannouchi fait des études de théologie à l'Université Zitouna en Tunisie. Il Part à l'Université du Caire avec une bourse, d'autant plus qu'il est alors un admirateur du nassérisme. C’est lors de son séjour en Egypte (en pleine guerre des 6 jours) qu’il se convertit aux thèses des Frères musulmans. Il termine à Damas, une licence en philosophie en 1968.

Conformément à la confrérie, très tôt Ennahda tient des discours multiples en fonction de ses interlocuteurs : Elle s’efforce de se présenter comme un mouvement religieux modéré, ses leaders sont habillés à l’occidentale et elle se revendique d’une action démocratique alors qu’en sous-main elle manipule les mouvements plus extrémistes, leur confirmant son objectif de l’instauration du Califat.

Le 22 janvier 2011, dans une interview donnée à Al Jazeera, Ghannouchi affirmait qu'il était hostile à un califat islamique et soutenait la démocratie.

Durant une conférence de presse en juin 2011, le parti se présente comme moderne et démocratique ; il présente l'une de ses membres portant un voile et une autre qui n'en porte pas. Plus tard, dans une vidéo fuitée, Ghannouchi affirme le contraire à des dirigeants salafistes.

En Juillet 2013, s’est tenue à Istanbul, en Turquie, la conférence internationale des Frères musulmans.

L’organisation internationale des Frères musulmans a élu Rached Ghannouchi, président du bureau politique de l’organisation, devenant ainsi le numéro 2 au sein de cette organisation mondiale.

 

8. L’ALGERIE :

Les FM sont encore à l’origine de la création en 1989, par Abassi Madani et Ali Benhadj deux membres des FM, de la création du FIS qui remporta les élections municipales de 1990 puis les élections législative de 1991. Ces élections furent annulées, et en juin 1991, Abassi Madani lance son premier appel au djihad (lutte armée) qui se poursuivi par la « décennie noire » Algérienne. Abassi Madani et Ali Benhadj étaient pour l’application de la Chaaria en cas de victoire du FIS.

En juillet 1997, Madani est relâché de prison, mais réemprisoné lorsque l'on découvre qu'il soutient encore la lutte armée du GIA et de l'AIS. Il est relâché en juillet 2003, sous la présidence de Bouteflika et lance un appel à la fin de la lutte armée le 25 août 2003 puis va en Arabie saoudite, en Malaisie et au Qatar.

Le fils d’Ali Benhadj, Abdelkahar Benhadj, membre d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), aurait été tué le 25 juillet 2011 alors qu'il préparait un attentat.

 

9 . LES FRERES ET AL-QAIDA :

A partir des années 70 (alors qu’officiellement les FM avaient renoncé à la violence) les membres qui ne sont plus d’accord avec la direction prisE, donnent naissance à une nébuleuse : dans de nombreux pays, de petites organisations violentes pratiquant le terrorisme.

Les FM sont ainsi à l’origine du « Djihad islamique Egyptien », groupe terroriste crée dans les années 70 dont « Ayman al-Zaouahiri », Frère depuis l’âge de 14 ans – médecin de formation – prend la tête.

Il est arrêté à la suite de l'assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate dont son organisation est considérée comme responsable, mais est relâché, son implication n’ayant pas pu être prouvé.

Il part pour l’Afghanistan et y rencontre « Abdullah Azzam », palestinien, membre reconnu des Frères, toujours soutenu par la confrérie et considéré probablement comme le véritable fondateur d’Al Qaïda.

Par son intermédiaire il rencontre Oussama ben Laden.

Les 3 hommes posent les bases d’une organisation sous forme de nébuleuse, d’une avant-garde chargée de l’islamisation du monde. Al-Qaïda est née.

L’organisation de Ayman al-Zaouahiri, « le Djihad islamique Egyptien », fusionna avec Al-Qaïda et il devint le n° 2.

A la mort d’Oussama ben Laden, il en devient le chef.

 

10. LE SOUTIEN DE LA CIA ET LES FRERES AUX USA

Au début des années 1950, les États-Unis s’intéressent aux Frères musulmans comme alliés potentiels contre Nasser et l’établissement de régimes communistes ou socialistes au Moyen-Orient.

En 1953, Eisenhower reçut dans le Bureau ovale une délégation incluant Saïd Ramadan des Frères Musulmans, qui était le chef coordinateur d'organisations associées au Pakistan agissant pour la Ligue Islamique Mondiale, ainsi qu'au sein du Jamaat-e-Islami.

En 1971, la CIA collabora avec les services de renseignements saoudiens pour soutenir les Frères Musulmans et leurs alliés dans une campagne mondiale contre le communisme, particulièrement en Égypte.

En 2007, reconnaissant leur poids au Proche-Orient, le gouvernement des États-Unis s’intéresse de nouveau à une alliance avec les Frères. Le Département d’État approuve une politique de contacts futurs entre des diplomates américains et des leaders du mouvement dans les pays arabes.

Les Frères au sein du gouvernement Obama.

Plusieurs collaborateurs d’Obama sont décris comme proche des filiales des FM :

- Huma Abidin conseillère spéciale d’Hillary Clinton et son amie proche.

- Arif Alikhan, avocat d’origine pakistanaise, professeur dans la lutte contre le terrorisme et la sécurité publique, a été secrétaire adjoint de la Sécurité intérieure. Il a été conseiller d'Obama et directement responsable du dossier des Etats islamiques au sein de la Maison Blanche. Il est l'un des fondateurs de l'Organisation mondiale islamique.

- Mohammed Elibiary, est au Conseil islamique du Texas, et également directeur de la section de Houston du Council on American-Islamic Relations (CAIR), des institutions réputée comme des Frères musulmans aux États-Unis. Il est membre du Comité consultatif du Department of Homeland Security. Obama l'a choisi pour écrire tous ses discours adressés au monde arabe et islamique. C'était Elibiary qui a rédigé le discours d'Obama à Hosni Moubarak lors de la révolution de Janvier pour lui demander de démissionner et de quitter son bureau.

- Rashad Hussain, homme de confiance d’Obama, a commencé à conseiller Obama sur les questions liées à l'islam après avoir rejoint son équipe comme conseiller juridique de la Maison Blanche en Janvier 2009, Obama lui a confié la rédaction des discours sur la politique étrangère, il a formulé le fameux discours d'Obama au Caire en 2009.

En Février 2010, le Président Obama le designe comme envoyé spécial auprès de l'Organisation de la Coopération islamique.

Hussain a représenté le gouvernement des États-Unis en tant qu'observateur en août 2012 à la Conférence du Sommet islamique à La Mecque.

 

11. L’EUROPE :

C’est dans les années 1950, à la suite de leurs déboires en Égypte et au Moyen-Orient, que les Frères Musulmans débarquent en Europe, toujours avec le projet de constituer des bases d’islamisation. Le plus connu d’entre eux, considéré comme le fondateur des FM en Europe est Saïd Ramadan. Il obtient du prince saoudien Fayçal l’assurance d’un soutien financier, notamment par le biais de la Ligue Islamique Mondiale.

Saïd Ramadan (1926-1995), est un panislamiste, gendre et héritier spirituel du fondateur des Frères musulmans Hassan El-Banna et lui-même fondateur de la branche palestinienne du mouvement à l’origine du Hamas. Il a fondé en 1958 la Société islamiste d'Allemagne puis la Ligue musulmane mondiale. Il est le père de Hani et Tariq Ramadan. Après l’assassinat du fondateur des FM, en 1949 et bien qu’il ne prenne pas sa succession officielle, Saïd Ramadan devient son successeur spirituel. Il a également été soupçonné d’être l’auteur d’un plan d’islamisation de l’Europe daté de 1982, découvert en 2001 par les renseignements Suisses.

La guerre froide favorise la bienveillance vis-à-vis des ennemis du socialisme et ils sont discrètement soutenus (voir soutien de la CIA). Ils vont s’implanter et se développer — sans toutefois se constituer en association portant leur nom — en synergie, mais aussi en rivalité avec d’autres factions idéologiquement proches, les wahhabites et les partisans de Maududi (Fondateur du Parti Islamique Pakistanais, 1erthéoricien du 20ème siècle à se réclamer du djihad). Les Saoudiens financent une grande partie de leurs entreprises. Aujourd'hui les représentants officiels européens en sont Hani Ramadan et Youssef al-Qardaoui (déchu de la nationalité Egyptienne, actuellement Qatari et consultant religieux sur Al-Jazira).

En 1961, Saïd Ramadan, assisté de Pakistanais, fonde le Centre islamique de Genève et prend vers la même période la tête d’un organisme islamique munichois (futur Islamische Gemeinschaft in Deutschland) qu’il dirigera jusqu’en 1968. Genève et Munich sont les deux premières bases européennes des Frères.

Toujours représentés par Saïd Ramadan, les Frères Musulmans jouent un rôle important dans la fondation en 1962 de la Ligue islamique mondiale, organisme saoudien qui les financera en grande partie.

- La Ligue islamique mondiale (LIM) (arabe : Al Rabita al-alam el-islami ou Al Rabita ; anglais : World Muslim League ou WML) est une ONG musulmane fondée en 1962 à La Mecque par le prince Fayçal d'Arabie Saoudite avec le concours de représentants de 22 pays pour promouvoir le panislamisme en opposition au panarabisme nassérien (socialiste).

Elle est financée et contrôlée par les Saoudiens. La LIM est basée à La Mecque.

À partir des années 1970, les Saoudiens interviennent directement dans l’islam européen, établissant leurs propres centres et mosquées financés par la Ligue mondiale, parfois aux dépens des institutions Fréristes.

Les années 1980 et 1990 voient également un déploiement d’activité au sein de la mouvance européenne des Frères musulmans, qui crée plusieurs organisations : l’Union des organisations islamiques en Europe (UOIE) et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Elles visent à placer les communautés musulmanes sous leur influence et s’efforcent d’être reconnue par les gouvernements comme représentante officielle des communautés musulmanes. L'UOIF détient au sein du Conseil Français du Culte Musulman, une vice-présidence et la présidence de onze des vingt-cinq conseils régionaux du culte musulman.

La création d'une nébuleuse financière et d'influence durant les années 1980 et 1990

En 1988 est fondée la banque Al-Taqwa basée aux Bahamas, en Suisse et au Liechtenstein, elle devient le principal organisme financier du mouvement. Discrète, son rôle est mis en évidence à partir de 2001 où elle fait partie des organismes financiers soupçonnées d’aider le terrorisme. En 1996, les difficultés de financement en provenance du Golfe Arabo-Persique, amènent la création du Fonds européen (European Trust) dont six administrateurs appartiennent à l’UOIE.

Une lutte pour rester un acteur de référence des communautés musulmanes en Europe

En 1997 voient le jour le Conseil européen de la fatwa (Dublin), dirigé par Al-Qardaoui (Représentant officiel des Frères Musulmans en Europe, Imam Egyptien déchu de sa nationalité, actuellement Qatari, interdit de séjour en France) et l’Association musulmane de Grande-Bretagne. Ce conseil s’est donné pour mission d’émettre des fatwas spécialement destinées aux musulmans vivant en Europe afin qu’ils puissent rester gouvernés par la charia.

Deux instituts de formation d’imams liés à l’UOIE et à l’UOIF sont créés : l'Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon (1990) et l’European Institute for Humanitarian and Islamic Studies au Royaume-Uni.

Un des fils de Saïd Ramadan, Hani Ramadan (Frère de Tariq) non officiellement membre des FM, mais disciple déclaré du fondateur, exerce comme prédicateur, activiste et directeur du Centre islamique de Genève depuis 1995.

Depuis leur résurgence, les Frères musulmans rivalisent avec d’autres groupes islamistes pour être reconnus comme interlocuteurs privilégiés des gouvernements européens et sous-traitant officiels des affaires islamiques. Ils cherchent à se positionner en modérés en comparaison de leurs concurrents, tout en s’alliant avec eux dans certaines entreprises. Suivant une technique qui a fait ses preuves dans d’autres pays, les associations Fréristes s’efforcent d’être très présentes sur le terrain par des œuvres caritatives et par l’intermédiaire de mosquées et de centres culturels.

 

12. LA FRANCE

Pour parvenir à l’objectif final du califat mondial, il s’agit pour la confrérie, de s’implanter dans les démocraties occidentales et d’y gagner en force. Un objectif se situant sur un très long terme.

Le guide suprême des FM, Mohamed Badie, considère cependant que l’ère de la réinstauration du califat est proche.

L’UOIF (Union des Organisations Islamistes de France) crée en France en 1983 est membre par l’intermédiaire de l’UOIE, des filiales des FM. La filiation avec les FM est connue de longue date, mais de moins en moins reconnue par l’organisation.

La stratégie de l’UOIF est de placer la communauté musulmane Française sous son influence et d’être reconnue comme sa représentante officielle. L'UOIF détient au sein du Conseil Français du Culte Musulman, une vice-présidence et la présidence de onze des vingt-cinq conseils régionaux.

Ils fondent en 1990, l'Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon dont le rôle est de former des imams. Il en aurait formé plus de 300 de 1990 à 2004. C’est dire que la quasi totalité des imams en France sont aujourd’hui proches ou membres des FM.

L’UOIF organise tous les ans un rassemblement qui réunit plus de 100 000 fidèles.

En 2012, tous les conférenciers de ce rassemblement (dont Tariq Ramadan) étaient membres ou sympathisants de la confrérie.

Le référent principal de la confrérie Youssef al-Qardaoui (Président du Conseil européen de la fatwa, Imam égyptien déchu de sa nationalité, actuellement Qatari, interdit de séjour en France) n’a pas été autorisé à s’y rendre du fait de propos antisémites tenus précédemment.

12 ans plus tôt, il dictait à cette même conférence, ses recommandations et sa stratégie politique :

- Peser le plus possible en suscitant des polémiques pour influencer la législation française,

- Etudier les partis politiques et favoriser ceux qui sont le plus favorable à l’islam

- Accelérer les conversions à l’Islam

- Puis créer des partis musulmans et prendre un rôle politique.

 

13. LA GUIDANCE MONDIALE (Tanzim Al-Dawli)

On peut s’interroger sur la réalité d’une coordination internationale. Abu Elela Madi, fondateur du parti égyptien Al-Wasat et ancien membre des Frères, est très critique à ce sujet : "L'organisation n'a jamais été capable de mener à bien un objectif. En tant qu'école de pensée, c'est un succès. Mais en tant qu'organisation, c'est un échec."

Après la dissolution de l'association des Frères par Nasser en 1954, les persécutions et l'exil de plusieurs membres importants ont favorisé l'essaimage à l'étranger.

La véritable création du Tanzim Al-Dawli a eu lieu plus tard, en 1982, sous l'influence de Mustafa Machhour un responsable des Frères qui dès 1973, s'est attelé à renouer les fils de la mouvance internationale par de nombreux voyages à l'étranger. Il en devint le guide suprême en 1996.

L'invasion du Koweït par l'Irak en 1991 provoqua cependant une crise importante. Les Frères koweïtiens jugèrent que l'organisation internationale ne condamnait pas suffisamment le régime de Saddam Hussein et décidèrent de la quitter alors qu’ils en étaient les principaux bailleurs de fonds.

L'organisation internationale des Frères est constituée d'associations membres (comme Ennahda en Tunisie) et d'autres considérées comme amies (comme la Jamaat-e-Islami au Pakistan ou l’AKP en Turquie).

Elle est dirigée par le bureau de la guidance. On sait qu'il compte environ vingt-cinq membres. Parmi eux, un nombre déterminé d'Egyptiens, fixé à neuf. Les autres membres représentent les différents pays. L'Europe est représentée par deux membres, dont le président de la Federation of Islamic Organisations in Europe (UOIE), à laquelle appartient l'UOIF. Les réunions ont lieu une à deux fois par an, dans des pays différents. Le guide suprême se considère comme le représentant de tous les musulmans du monde.

Les partis et associations proches des FM dans le monde :

Il en existerait dans environ 80 pays dans le monde. Nous en avons cité un certain nombre dans ce texte et à travers cette recherche :

- Les Frères Musulmans Syriens majoritaires au CNS,

- le Hamas (Mouvement de la résistance Islamique) à Gaza est une filiale.

- En Irak, le Parti Islamique Irakien (PII) s’est allié au parti Da’wa chiite (formant ainsi l’Union des forces islamiques) et intégre aujourd’hui la coalition du Mouvement National Irakien au pouvoir.

- L’Union Islamique Kurde (au Kurdistan).

- L’AKP au pouvoir en Turquie est un parti ami.

- En Jordanie, les Frères sont devenus la première force politique, sous le nom de « Front islamique d’action ».

- En Algérie, après l’ex-FIS, plusieurs partis islamiques représentés à l’Assemblée nationale aujourd’hui se réclament de l’idéologie des Frères musulmans. Il s’agit de l’Alliance de l’Algérie verte (AAV), formée principalement de trois partis qui ont obtenu 58 sièges aux élections législatives en mai 2012.

- Ennahda parti au pouvoir en Tunisie, est membre des FM.

- Au Maroc, le Parti de la Justice et du Développement (PJD) (qui s’inspire considérablement des FM) a remporté les élections législatives de novembre 2011 et son secrétaire général est le chef du gouvernement.

- Au Pakistan, le Jama’at Islami pakistanais, créé en Inde en 1941, est très proche des FM. Ses fondements sont les mêmes, c’est un parti ami. Il participa activement au djihad en Afghanistan et noua de nombreux liens avec Al-Qaïda.

- En Malaisie, les Frères Musulmans de Malaisie.…

En Europe. il s’agit encore plus d’associations communautaires et cultuelles que de partis politiques : la Société Islamique d’Allemagne, l’UOIF en France, et l’UOIE, le Centre Islamique de Genève en Suisse (dirigé par Hani Ramadan), le Conseil Européen de la Fatwa (à Dublin dirigé par Al-Qardaoui), l’Association musulmane de Grande-Bretagne.

 

14. CONCLUSIONS :

J'ai préféré conclure par cet extrait d’un article de La Revue Internationale de Politique de Développement. « « Printemps arabe » : le poids des Frères musulmans – leur vision de l’Etat et de la finance islamiques ». 4/2013.

« L’emprise politique des Frères musulmans sur la société arabo-islamique ne cesse de croître. Partout, leur stratégie d’approche se fait simultanément sur les plans social, éducatif et politique.

La nouvelle politique des Frères s’appuie simultanément sur trois axes : le respect des autres groupes religieux et politiques ; la lutte contre la corruption et l’amorce d’une réforme économique et sociale ; l’action en vue d’une renaissance du monde musulman sur la base des valeurs qui sous-tendent la société et la religion.

Pour les Frères musulmans, les décisions stratégiques des gouvernements arabes d’avant le Printemps arabe et de ceux toujours en place sont essentiellement dictées par Washington.

Ce défi les contraint à adopter une nouvelle vision de la superpuissance, ce qui passe par des discussions secrètes avec les Américains. Il a fallu convaincre Washington que parmi la kyrielle de mouvements islamistes, les Frères musulmans étaient incontournables, étant donné leur poids social et politique dans tout le monde islamique.

Les Frères musulmans ont aussi changé leurs méthodes de formation militante en s’écartant des discours extrémistes d’inspiration salafiste.

Les Frères tentent, à leur manière, de s’ouvrir et d’accepter de participer au jeu démocratique, en vue d’intégrer leur mouvement aux institutions étatiques des pays sécularisés. Selon la nouvelle doctrine, la conquête du pouvoir par les Frères doit, se faire par étapes et sans violence.

Malgré cette tentative d’ouverture, les Frères musulmans créent des espaces communautaires strictement démarqués des milieux laïques, chrétiens, juifs ou autres, ce qui conduit ce mouvement et ses avatars vers une forme de sectarisme monoculturel. Ce constat est vrai dans le monde musulman, mais aussi en Europe et en Asie. Sur le plan économique, leur système de banques islamiques est discriminatoire envers les investisseurs non musulmans et a abouti à la création d’une caste d’islamo-affairistes. Ces banquiers, comme les entrepreneurs « islamiques », semblent gérer leur relation de travail avec les employés sur un mode patriarcal et paternaliste. La protection sociale et l’éthique du travail sont aléatoires et ne respectent pas les normes internationales du travail, notamment envers la main-d’œuvre en provenance d’Asie.

Enfin, par leur attitude, les Frères musulmans se rendent imperméables à un véritable dialogue interreligieux, interculturel et même économique. »