Environnement

Le GIEC accouche d'un rapport alarmant sur le climat

par LExpansion.com

LExpansion.com du 6 avril 2007

Toutes les formes de vie sur terre seront affectées, 20 à 30 % des espèces végétales et animales risquant de disparaître, selon le rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat, publié vendredi.

Les experts du climat ont publié vendredi à Bruxelles un diagnostic alarmant des impacts du réchauffement climatique, à l'issue d'une nuit de discussions où plusieurs pays, notamment les Etats-Unis et la Chine, ont contesté leurs conclusions. Au-delà de 2 à 3 degrés supplémentaires par rapport à 1990, aucune région n'échappera aux effets négatifs d'un réchauffement climatique, a prévenu le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec).

D'ici 2080, estiment les experts dans un rapport de 1400 pages, jusqu'à 3,2 milliards d'humains seront exposés à de graves pénuries d'eau et 600 millions à la faim en raison des sécheresses, de la dégradation et de la salinisation des sols. Chaque année, deux à sept millions de personnes supplémentaires pourraient subir des inondations, notamment sur les côtes où la pression démographique s'accentue et dans les grands deltas d'Afrique de l'Ouest, d'Asie ou du Mississippi, aux Etats-Unis. Toutes les formes de vie sur terre seront affectées: "de 20 à 30 % des espèces végétales et animales connaîtront un risque croissant d'extinction si les augmentations de la température mondiale dépassent 1,5 à 2,5°C" par rapport à 1990, indique le rapport.

"Les populations pauvres, même dans des sociétés prospères, sont les plus vulnérables au changement climatique", a souligné le président du Giec, Rajendra Pachauri, lors d'une conférence de presse. "Ceci requiert notre attention, car les plus pauvres sont aussi les moins aptes à s'adapter", a-t-il ajouté. Le réchauffement climatique est susceptible de déclencher des déplacements massifs de population du fait du risque croissant de sécheresses et d'inondations de vastes zones côtières, a souligné pour sa part le principal responsable de la lutte contre le changement climatique à l'Onu Yvo de Boer.

L'Afrique risque d'être la région du monde la plus touchée. Le changement climatique va compromettre la sécurité alimentaire et exacerber les pénuries d'eau sur le continent. 80 à 200 millions de personnes supplémentaires devraient être confrontées aux famines d'ici 2080. Les récoltes pourraient diminuer dans certains pays africains de 50% en 2020 et même de 90% en 2100. Près de la moitié des plantes endémiques d'Afrique australe sont menacées d'extinction et jusqu'à 12% des grands mammifères du continent. Il pourrait aussi y avoir des conséquences sur le plan sanitaire (expansion du paludisme...). L'Asie devrait subir inondations, sécheresses et pénuries d'eau, aggravées par les effets de la pression démographique et de l'industrialisation sur les ressources naturelles. L'Arctique est également menacée, avec la fonte attendue d'une grande partie des glaces et le sort de l'Antarctique reste incertain.

En Europe, le réchauffement climatique aura un impact fort mais inégal. Les pays méditerranéens feront face à des risques accrus de sécheresse, des récoltes appauvries et des vagues de chaleur mortelles, à l'image de la canicule de 2003, tandis que les pays situés à des latitudes supérieures subiront davantage d'inondations, mais bénéficieront dans un premier temps d'un allongement des saisons propices aux cultures. L'Amérique du nord sera confrontée à des vagues de chaleur éprouvantes dans les villes, et à des tempêtes plus intenses près des côtes, à l'instar du cyclone Katrina en 2005. Dans le domaine de la santé, c'est la population âgée de plus de 65 ans qui sera le plus fragilisée par les vagues de chaleur, une population qui devrait augmenter brutalement à partir de 2010 avec les baby-boomers. La pollution à l'ozone, engendrée par le réchauffement, favorisera les maladies respiratoires et l'asthme chez les enfants.

L'Europe comme les Etats-Unis commencent dès lors à se mobiliser. Au nom de l'UE, la chancelière allemande Angela Merkel a exigé une "action rapide et énergique" de la communauté internationale pour protéger l'environnement. L'UE s'est engagée en mars sur une série d'objectifs pour lutter contre le réchauffement de la planète, passant par un coup d'accélérateur dans les énergies renouvelables. Même Washington reconnaît désormais l'urgence: "un des principaux messages (du rapport du GIEC) est que le changement climatique représente un défi mondial et nous reconnaissons tous que cela nécessite des solutions internationales", a déclaré vendredi la chef de la délégation américaine à Bruxelles, Sharon Hays.

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