JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE: LUNDI 11 JUIN 2012
Excusez-moi, donnez-moi une petite seconde pour me remettre. Je me suis étouffé de rire, suis tombé en bas de ma chaise, et j’ai perdu connaissance en entendant les dirigeants de la CLASSE se plaindre hier que les carrés rouges sont victimes de « profilage politique » de la part de la police de Montréal.
On sait que cette crise sociale n’en serait pas une si la CLASSE n’avait pas tout fait pour qu’elle en devienne une.
Le mouvement étudiant applique une stratégie de communications qui oscille entre l’exagération et le mensonge.
Par exemple, ils disent parler au nom de toute une génération. Mais ils ne représentent que 155 000 étudiants sur 440 000 qui ne sont eux-mêmes que la moitié de leur cohorte. Et encore, ceux, parmi les 150 000 « grévistes », qui avaient réclamé des injonctions de la cour pour reprendre les cours se sont heurtés à des piquets hostiles, qui les ont privés de leurs droits de retourner en classes.
Les tribunaux ont décrété l’évidence : les étudiants ne sont pas des travailleurs, mais plutôt des consommateurs d’un service - l’éducation. Ils sont en boycott. Les lois du travail ne s’appliquent donc pas à leur situation. Un vote, même majoritaire de « grève », n’engage donc pas ceux qui ont voté contre - ils ont le droit de poursuivre leurs études.
Défier la loi
Mais les suivants de la CLASSE ont fait fi de la loi et imposé, par la force et la menace, leur ordre de débrayage.
Ils se drapent dans les principes de la « démocratie directe » pour affirmer la légitimité de leur action.
Mais cette même démocratie directe leur permet de se dissocier - hypocritement, on le voit maintenant, - de toutes les exagérations, agressions, de toutes les violences commises dans le cours de leur grève qui n’en est pas une.
Ils se moquent de nous ?
Des ponts, le centre-ville, ont été bloqués, des vitrines ont été fracassées, le métro a été attaqué, des émeutes ont éclaté, Montréal est une ville assiégée. Soir après soir, semaine après semaine, depuis le temps où il restait encore de la neige dans les rues de Montréal, les carrés rouges prennent la ville d’assaut, se répandent dans les rues, dans toutes les directions, sans fournir d’itinéraire à l’avance - afin de maximiser l’impact de leur action, au détriment des citoyens et de l’économie de la ville. Montréal est depuis trois mois une ville assiégée par cette mouvance estudiantine agressive qui prône la désobéissance civile, et les protagonistes de ces perturbations se plaignent d’être victimes de préjugés de la part de police? Alloooo?
Ils nous prennent pour des valises ou quoi ?
Ils ne sont pas des victimes, ils sont les semeurs de trouble. La police n’est pas brutale, elle fait ce qu’il faut pour maintenir un semblant d’ordre et de sécurité dans la ville. Elle ne fait pas de profilage politique, elle sait à qui elle a affaire. Le SPVM n’est pas « la police politique de John James Charest » comme on la décrit sur Twitter, elle est notre dernier rempart contre le chaos et l’anarchie.
Les leaders étudiants devraient cesser de se complaire dans cette rhétorique enfantine et ridicule, et jouer le jeu tel qu’il est.
Gabriel Nadeau-Dubois a été clair le week-end dernier : la prochaine étape sera, à l’automne, de déclencher une « grève sociale générale » visant à renverser l’ordre socio-économique de la société.
Il s’agit d’une proposition extrême, révolutionnaire - qui peut avoir ses mérites - mais qui ne doit pas, en toute honnêteté, être présentée comme une révolte des opprimés qui ont provoqué l’ordre établi afin de revendiquer leur statut de victimes.
Il est temps que le mouvement étudiant cesse de croire à sa propre rhétorique et commence à parler des « vraies affaires. »