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Qu’est-ce que la désobéissance civile?

MAI 16, 2012   PHILIPPE DAVID 

Nous entendons souvent parler de désobéissance civile de nos jours. Principalement, ce terme est utilisé par les étudiants contre les hausses de frais de scolarité pour justifier leurs actes de vandalisme et de violence. Mais est-ce vraiment de la désobéissance civile? Pour y répondre, je vais vous en faire  un petit topo  et vous pourrez en juger par vous même.

Premièrement, une définition:

La désobéissance civile est une forme de résistance passive qui consiste à refuser d’obéir aux lois ou aux jugements d’ordre civil. Elle a pour objectif d’attirer l’attention de l’opinion publique sur le caractère inique ou injuste d’une loi avec l’espoir d’obtenir son abrogation ou son amendement. Ceux qui pratiquent la désobéissance civile sont prêts à encourir les peines, dont l’emprisonnement, qui pourraient leur être infligées pour avoir enfreint la loi.

Le concept de résistance civile est une moyen légitime pour les citoyens de se faire entendre dans une démocratie. Il a été principalement théorisé par Henry David Thoreau  dans son essai «Resistance to Civil Government » qu’il a écrit après avoir refusé de payer une taxe spéciale pour financer une guerre contre le Mexique.

Un mouvement de désobéissance civile comprend généralement six caractéristiques:

Par ailleurs, Gandhi, que Gabriel Nadeau-Dubois s’amuse à citer en exemple,  proposait les règles suivantes dans sa lutte non-violente :

  1. Un résistant civil ne doit pas avoir de colère.
  2. Il supportera la colère de l’opposant, ainsi que ses attaques sans répondre. Il ne se soumettra pas, par peur d’une punition, à un ordre émis par la colère.
  3. Si une personne d’autorité cherche à arrêter un résistant civil, il se soumettra volontairement à l’arrestation, et il ne résistera pas à la confiscation de ses biens.
  4. Si un résistant civil a sous sa responsabilité des biens appartenant à d’autres, il refusera de les remettre, même au péril de sa vie. Mais il ne répondra pas à la violence.

Mettez ceci en contraste avec tout ce que nous avons dû subir de la part du mouvement étudiant depuis quatre mois: destruction de propriété publique et privée, émeutes, méfaits, actes de terrorisme, etc. Est-ce que ça correspond à de la résistance passive et non-violente? Donc, comment peut-on sérieusement appeler ça de la désobéissance civile?

De plus, si les étudiants avaient une cause légitime pour défendre l’accessibilité aux études universitaires, cette cause n’existe certainement plus depuis que le gouvernement a bonifié le système de prêts et bourses pour réduire l’impact des hausses à tous les étudiants sauf les plus riches. Donc, existe-t-il même une cause légitime aux étudiants pour faire de la désobéissance civile quand on sait que l’objectif est de dénoncer le caractère inique d’une loi qu’on considère injuste?

Maintenant, sachant tout ça et sachant aussi que les leader étudiants, ayant refusé d’endosser une entente de principe qu’ils ont signé et refusant de condamner tout acte de violence de leurs membres, n’ont plus aucune crédibilité en tant qu’interlocuteurs, la question qu’on devrait se poser est pourquoi le gouvernement perd son temps à négocier avec un groupe d’intérêt qui ne peut même pas avoir la prétention de représenter la majorité de ses membres, alors que la majorité de la population est derrière lui? Ma préférence personnelle sera toujours d’avoir un gouvernement avec le moins d’incidence possible dans nos vies, mais tant qu’à avoir un gouvernement  tel qu’il est en ce moment, il conviendrait qu’il fasse au moins au minimum ce pourquoi un gouvernement est élu: gouverner,  maintenir l’ordre et faire respecter la loi.