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Quelle démocratie ?

CA_RichardMartineau

RICHARD MARTINEAU

JOURNAL DE MONTRÉAL
VENDREDI 10 AOÛT 2012

Les péquistes (qui courtisent le vote des jeunes) parlent beaucoup de démocratie étudiante depuis quelque temps.

« Je n’ai pas l’intention de remettre en question la démocratie étudiante », a dit Pauline Marois cette semaine.

« Le gouvernement doit respecter la démocratie étudiante », a écrit Jean-François Lisée au plus fort de la crise, en avril.

Vote à deux vitesses

Quelle démocratie ?

Le département de service social de l’Université de Montréal qui vote la grève avec un taux de participation de 9 % ? Le département des sciences humaines de l’UQAM qui vote la grève avec un taux de participation de 7,5 % ?

Les jeunes contre la grève qui se font huer, conspuer, intimider et harceler lorsqu’ils osent se pointer au micro lors des assemblées générales ?

Les assemblées générales qui s’éternisent, histoire de faire fuir les étudiants qui ont autre chose à faire de leur vie, que de gloser pendant des heures sur les vertus de la révolution ?

Des votes qui se déroulent alors que la plupart des étudiants en faveur d’un retour en classe sont en stage ou travaillent ?

Dans certaines associations étudiantes, il suffit d’avoir la majorité simple (50 % + un vote) pour déclencher un boycott des cours, mais vous devez obtenir le vote des 2/3 de l’assemblée pour l’annuler.

C’est de cette démocratie dont vous parlez ?

Processus douteux

Sur YouTube (média social si cher aux militants), on peut voir un étudiant du cégep de Saint-Jérôme voter à plusieurs reprises.

On voit aussi les leaders d’une association étudiante déclarer victorieusement la continuation du boycott, après avoir « compté » des centaines de mains levées en deux ou trois secondes.

En mai dernier, les étudiants en sciences politiques de l’UQAM ont décidé d’empêcher les étudiants en droit de retourner en classe, même si ceux-ci avaient voté en majorité – et deux fois plutôt qu’une – pour une reprise des cours.

Au cégep de Rimouski, la majorité des étudiants ont voté pour le retour en classe. Mais une dizaine de minutes après ce verdict final, alors que plusieurs étudiants avaient quitté la salle, un Rouge a demandé un recomptage et cette fois-là, ce sont les pro-boycott qui ont remporté. On a profité du départ de nombreux étudiants pour infirmer leur décision !

Au cégep de Limoilou, un journaliste du Journal de Québec a pu voter sans problème lors d’une assemblée.

C’est cette démocratie qu’il faut protéger et respecter ?

Voter à répétitions

À l’Université Laval, une majorité de 4 500 étudiants (donc, plus de 2 250 étudiants) se sont prononcés contre le débrayage. Pas contente du résultat, l’association a décidé de reprendre le vote un autre jour. Cette fois, seulement 600 étudiants se sont présentés, et 325 militants arborant le carré rouge ont pu renverser le vote précédent et accorder un mandat de « grève illimitée » à leur association.

Idem au cégep de Limoilou, où une reprise du vote a permis à 85 étudiants de renverser un mandat de retour en classe, qui avait été appuyé quelques jours auparavant par 2 090 étudiants !

C’est ça, la démocratie qui vous inspire et vous fait chaud au cœur, amis péquistes ?

Espérons que vous adopterez un processus plus sérieux lorsque vous organiserez votre référendum…