Sylvain Ryan
- Un jeune manifestant lors du printemps érable.
Publié le 20 novembre 2012
Pierre Vigneault
Le gouvernement Marois ne recule devant aucun moyen pour conserver l'appui de ceux qui ont assuré sa victoire au dernier scrutin. Ses ministres ont bien compris qu'ils n'ont qu'à satisfaire des éléments bien ciblés de la population pour s'assurer, à la faveur de la division des votes, de se maintenir au pouvoir.
Dans ce contexte, les jeunes sont une clientèle de choix. Déjà convaincus qu'ils sont capables de refaire le monde, il suffit de leur donner raison pour s'en faire des alliés fidèles. Et quand un gouvernement envisage de saborder un pays, de changer les règles, il a bien besoin de militants exaltés.
Les stratèges péquistes savent depuis longtemps que la jeunesse est une terre fertile à la culture de leurs idées. Et on n'a qu'à l'engraisser un peu pour que la récolte soit abondante pendant plusieurs années.
Au lendemain du 4 septembre, la remise des prix ne s'est pas fait attendre. L'une des premières annonces du nouveau gouvernement a été celle de l'abolition de la hausse des droits de scolarité, tout en maintenant les prêts et subventions pour les étudiants.
Mais ce n'est pas assez! Profitant de la couardise du PLQ et de la CAQ, le gouvernement peut, à sa guise, poursuivre sa distribution de cadeaux. La conclusion du Sommet sur l'éducation supérieure est tracée à l'avance: la porte est grande ouverte au gel des frais de scolarité. Il ne restera plus que la gratuité à négocier et l'on prépare déjà le terrain pour mieux la faire accepter.
Ça ne s'arrêtera pas là! Le ministre Pierre Duchesne veut légitimer les actions des étudiants en leur octroyant des droits inhérents au Code du travail. Ils pourront alors ériger des lignes de piquetage en toute impunité et imposer, au nom de la solidarité, leur choix à l'ensemble de la population étudiante. Forts de ces nouveaux outils, les étudiants pourront maintenant exiger des allocations de subsistance et des remboursements de dépenses pendant toutes leurs années d'études. D'ailleurs, puisqu'ils seront alors considérés comme des travailleurs, il s'agirait donc d'un salaire, en bonne et due forme.
Si on accorde ce droit aux étudiants, pourquoi n'en ferait-on pas autant pour tous les gens qui bénéficient de services qui relèvent du gouvernement? À quand une grève des usagers du transport en commun? Il suffirait qu'un regroupement d'usagers refuse d'accepter le prix des billets pour avoir le droit d'empêcher tous les autres de franchir les barrages aux portes des stations de métro. Le même principe pourrait s'appliquer à bien d'autres secteurs.
J'exagère? Peut-être... Il reste que des revendications encore plus belliqueuses étaient inscrites sur les étendards des manifestants qui perturbaient la paix sociale, dans les rues de Montréal, le printemps dernier. Et ceux qui marchaient à leurs côtés, carreau rouge en évidence et casserole à la main, détiennent aujourd'hui les rênes du pouvoir.