Cybermalade…

Toula Foscolos
Toula Foscolos

Publié le 16 Juillet 2012 
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Le Messager Week-End

Cela a commencé de façon sournoise. Puis, je me suis rendue compte que je vérifiais sans cesse mon compte Twitter et ma page Facebook…  avant même de quitter le lit le matin, avant de me coucher, en allant travailler, au travail, en regardant la télé, même au resto avec des amis.

Au début, je ne m’en préoccupais pas. Après tout, être bien informée fait partie de mon boulot. Au contraire, je me félicitais d’être à ce point bien branchée.

Puis, il y a deux samedis de cela, je me suis installée dans un resto pour mon petit déjeuner avec un livre. Je me suis surprise à constamment vérifier mon iPhone, toutes les cinq minutes, alors que mon livre aurait exigé une concentration rigoureuse.

Je devins frustrée d’être littéralement incapable de focaliser sur une seule activité à la fois et me rappelai mes jeunes années d’adolescence au cours desquelles je pouvais complètement m’évader dans un livre jusqu’à en perdre toute notion de la réalité. Un état d’âme que je suis désormais incapable de retrouver.

Au cours du même week-end, je suis allée m’étendre près de la piscine Sir Georges-Étienne-Cartier à Saint-Henri, jusqu’à ce qu’un surveillant m’interpelle et me demande de fermer mon appareil, en me précisant que tout instrument muni d’une caméra était interdit à la piscine. J’en paniquai littéralement et je n’exagère pas. J’ai vraiment intérieurement paniqué pendant un moment.

Comme le chien de Pavlov, je salive chaque fois que j’entends la sonnerie de mon iPhone.

«Les générations futures considéreront la télévision comme le plomb dans l’eau des aqueducs de Rome qui rendit les anciens Romains fous», écrivait jadis l’auteur américain Kurt Vonnegut qui serait aujourd’hui littéralement terrifié par l’impact des médias sociaux.

Dans un récent article du Newsweek, le journaliste Tony Dokoupil se demande si le web nous a rendus fous? Folle, je ne le suis sûrement pas, mais il y a quelque chose de plutôt maniaque dans mon comportement…

L’internet, explique Dokoupil, est plus qu’un autre moyen de communication, c’est un nouvel environnement mental dans le cadre duquel le cerveau humain ne cesse de cogiter, et peu de consommateurs y survivront sans en être meurtris.

L’American Psychiatric Association inclura pour la première fois, l’an prochain, la cyberdépendance dans son Manuel des désordres mentaux.

Il y a plus d’un siècle, le philosophe et naturaliste, et amant de la vie, Henry David Thoreau, déclarait : «Un homme est riche des choses qu'il peut se permettre de délaisser.»

Une journaliste web que je connais m’a récemment avoué que sa capacité de se concentrer était devenue ridicule à cause de l’internet.

Il est étrange de constater qu’un média qui nous permet d’avoir le monde au bout des doigts, nous rend désormais incapable de communiquer correctement avec celui-ci.

Je n’aime pas ça, mais en même temps, je ne sais pas si je voudrais m’en passer. Si ce n’est pas de la dépendance, qu’est-ce que c’est?...

(Cyble malade)

Denis Coderre