Ne pas voler leur enfance aux enfants

Mise en contexte

 

·         Les enfants dépendent des adultes qui, à leur tour, ont la responsabilité de les protéger et de les soutenir pour assurer leur développement. Ce lien de dépendance est au cœur des relations entre l’enfant et ses parents ainsi qu’avec d’autres adultes significatifs.  Toute la question est de savoir si le parent ou l’adulte significatif agit de façon responsable envers l’enfant.

 

·         Dans toutes les sociétés, la transmission de valeurs et le développement d’un sentiment d’appartenance sont considérés comme une façon responsable d’agir envers les enfants. Si les enfants sont abandonnés par leurs parents ou par des adultes significatifs, ou s’ils se sentent comme tels, ils développent des carences qui peuvent leur être préjudiciables tout au long de leur vie.

 

·         Dans certaines sociétés ou groupes sociaux, la religion a une importance primordiale pour cimenter les liens d’appartenance. C’est un phénomène sociologique observable. Dans d’autres sociétés ou groupes sociaux, la liberté de croire et la laïcité sont privilégiées.  Bref, la place, le rôle et l’importance de la religion varient selon la société dans laquelle elle évolue.

 

·         C’est pourquoi, il est important de contextualiser le débat dans le cadre de la société québécoise qui se veut laïque et qui considère qu’une croyance religieuse doit être libre et réfléchie, en plus de s’exercer essentiellement dans la sphère de vie personnelle de chaque citoyen. Ce système de valeurs contredit celui de sociétés où la religion cimente les liens d’appartenance et les valeurs d’éducation.

 

·         L’enfant coincé entre ces deux systèmes de valeurs se sent déchiré, car il a besoin d’appartenir et de se sentir protégé pour grandir et s’épanouir. Pour lui, une religion aimante est préférable à une liberté laïque intransigeante. N’étant pas encore adulte, il ne peut pas exercer son libre choix et faire la part des choses. C’est la bienveillance qui lui donne la confiance nécessaire pour se libérer des dogmes et des interdictions.

 

·         Religion et laïcité sont toutes deux des convictions qui expriment un rapport de force. La conviction qui l’emporte est celle qui domine dans sa société environnante. Au Québec des années 2000, c’est la laïcité qui l’emporte. Dans le Québec des années ’50, c’était la religion qui l’emportait. La transition s’est faite parce que les Québécois ont acquis une plus grande confiance en eux, ce qui leur a permis de se libérer du joug de l’Église.

 

·         Pour ce qui est des signes religieux, une jeune musulmane qui porte le voile par exemple peut déranger, parce qu’on associe le voile au fait qu’il reflète la soumission de la femme, car cette notion contredit le principe de l’égalité homme-femme.  C’est ma conviction sur l’égalité homme-femme, plus que mes convictions religieuses ou laïques, qui me porte à penser que les jeunes musulmanes ne devraient pas porter le voile à l’école. Ce n’est pas qu’un morceau de tissu, il y a une symbolique derrière cela, tout comme une jupe trop courte, une blouse trop décolletée, ont aussi une symbolique sexuelle. Bref, en la matière l’habit fait le moine et envoie des messages. Il s’agit de savoir quels messages on considère correct ou non d’envoyer dans certaines situations (à l’école par exemple), en fonction des valeurs de la société dans laquelle on vit et que l’on veut transmettre aux jeunes.

   

·         Bien sûr, la religion peut être une source d’endoctrinement abusif. C’est la domination, l’exploitation, la maltraitance qu’il faut ici dénoncer. Tous les enfants ont le droit d’être protégés et de se sentir en sécurité. C’est vrai face aux religieux rigoristes, face aux fanatiques de sectes et aussi face aux pédophiles et abuseurs sexuels. S’il peut arriver que la religion serve de prétexte pour de tels abus, ce n’est malheureusement pas le seul facteur pouvant causer ces abus.    

      Louise Desjardins
louise.desjardins@guidaction.com