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Moi! Moi! Moi! Tout de suite! Tout de suite! Tout de suite!

 
C'est mon point de vue

Toula Foscolos  

Me voilà encore une fois prise en plein trafic à devoir assister à une scène désormais trop fréquente: le chauffeur du véhicule qui me précède vient de jeter son mégot de cigarette par la fenêtre. Sans plus de cérémonie. Un geste qui requiert autant de temps et d'énergie que s'il avait pris la peine d'écraser le tout dans son cendrier.

Est-ce que le monde extérieur va faire disparaître tout à coup, comme par magie, ses déchets? Je ne connais pas cette théorie. Où est donc passé ce respect élémentaire envers l'environnement?

Faites une promenade en ville et vous découvrirez des murs, des clôtures et des abribus couverts de déchets. C'est inesthétique, incompréhensible, inacceptable.

Le «marquage» (le «tagging»), ce ridicule besoin de marquer son territoire comme le font les chiens est aussi une autre aberration tout à fait inacceptable. Et cela arrive partout.

La semaine dernière, la magnifique maison St-Dizier à Verdun, une splendide résidence patrimoniale de près de 300 ans, a été couverte de «tags».

Qu'y a-t-il de si rebelle et révolutionnaire derrière ce geste lâche? Ça ne prend pas beaucoup de talent pour empoigner une bombe aérosol, dévisager un édifice public et clamer son droit à la liberté d'expression.

Les barbouillages sur les murs ne constituent ni de l'art ni un geste politique.

Les  tags (à ne pas confondre avec les graffitis qui sont, je le pense, une expression artistique) ne mènent à rien sinon à des dépenses refilées aux contribuables qui, non seulement, doivent se taper visuellement ces horreurs mais aussi payer pour les faire enlever.

Récemment, j'ai reçu un courriel d'une lectrice se plaignant du manque de civisme des citoyens. «Nous avons accompli de grandes choses en science et en technologie mais qu'en est-il des valeurs humaines?», écrivait-elle. Je me pose souvent la même question.

Prenez l'exemple des automobilistes québécois! Jamais dans le monde ne voit-on autant de piétons terrorisés lorsqu'ils doivent emprunter… un passage pour piétons. Chaque fois que je leur cède le passage (ce qui est leur droit), ils me regardent avec étonnement. Quoi? Elle me laisse passer! Elle ne me tuera pas?

Je ne comprends pas. Ça prend une bonne dose d'égoïsme et d'égocentrisme pour mettre en danger la sécurité publique juste pour sauver quelques minutes dans sa routine quotidienne.

Notre monde stressé nous a rendu anxieux, déconnecté et grossier. Trop de monde considère la politesse comme un signe de faiblesse. Attendre son tour, retenir la porte de l'ascenseur, ramasser les excréments de son chien, sourire, céder le passage à une autre voiture… C'est plutôt la loi de la survie selon Darwin. Si je peux t'ignorer, être plus malin que toi et te dépasser, je vais réussir à te détrôner.

Les bonnes manières semblent avoir disparues. Et je ne parle pas de l'étiquette. Je n'en ai rien à cirer de la fourchette que l'on doit utiliser pour le mets principal d'un repas à plusieurs services. Non, je parle de la courtoisie la plus élémentaire et du respect de l'autre. Cela s'applique à tous les aspects de notre vie.

Nous avons perdu tout respect envers les gens nous entourant. Nous vivons désormais dans un monde régit par le «moi, moi, moi» et «tout de suite, tout de suite, tout de suite», et cela influe sur tout ce que nous faisons.

Et malheureusement, l'impolitesse est trop souvent confondue avec la force de caractère, alors que dans les faits, ce n'est que, comme le disait le philosophe américain Eric Hoffer, une simple imitation de la force chez les faibles.

Publié le 8 Août 2011

Common courtesy not so common anymore…