PUBLIÉ LE: SAMEDI 16 JUIN 2012
De quoi vous parler dans cette dernière chronique de la saison et, surtout, de ce printemps 2012 que nous n’oublierons pas de sitôt ?
Tout d’abord de notre besoin, cet été, de décrocher au maximum. Pour prendre du recul et relativiser les choses, reprendre des forces pour cet automne 2012 qui sera sans doute un grand test pour notre société.
Ce qui frappe pour l’instant, c’est cette fracture qui s’est ouverte dans une société québécoise que l’on ne reconnaît plus.
La « crise sociale » sépare les familles, ébranle les relations les plus solides, mettant les nerfs de tout le monde à fleur de peau à l’égard des points de vue de « l’autre camp ».
Je n’ai pas caché, dans cette affaire, mon NON à ce qui m’apparaît, au pire une dangereuse dérive, au mieux une régression nous éloignant du rééquilibrage dont nous avons besoin vers des Québécois individuellement plus responsables.
« DÉFOULEMENT COLLECTIF »
Martin Coiteux, des HEC, parlait, dans La Presse du 25 mai, d’un « immense défoulement collectif de pensée magique et de rhétorique pseudorévolutionnaire, dans l’ignorance béate de ce qui se passe dans le reste du monde ».
À des abîmes de cela, une éditorialiste respectée, Josée Boileau, parle, cette semaine, dans Le Devoir, d’un « immense printemps québécois ».
Le carré rouge est pour elle « l’emblème festif d’un souci du bien commun, signe joyeux de reconnaissance pour ceux, de tous âges et de toutes conditions, qui le portent au quotidien et se croisent à l’épicerie, au travail, au spectacle ».
C’est quand les divergences d’opinions semblent irréconciliables qu’il faut se souvenir de ce qui constitue le cœur de notre culture démocratique : l’admission que le camp d’en face est porteur d’au moins une partie de la vérité.
La dualité en politique ne saurait être la lutte entre le bien et le mal de George W. Bush. C’est une valeur positive et nécessaire, comme l’union de la femme et de l’homme pour créer un nouvel être humain.
LUCIDITÉ
Peut-être que les gens comme moi dramatisent à outrance la crise actuelle. En retour, on apprécierait plus de lucidité de la part de ces Québécois qui prennent la décision de porter le carré rouge.
Que l’immense majorité d’entre eux soient pacifiques est une évidence. Cela n’enlève rien au fait que la principale association étudiante a systématiquement refusé de condamner l’intimidation et le vandalisme autres que « la violence physique délibérée lors des manifestations ».
Cela a contribué de toute évidence au pourrissement actuel. Ceux qui décident de porter ce symbole de militantisme qu’est le carré rouge ne peuvent faire comme si ce lien n’existait pas.
Si les dérapages devaient s’accentuer, la responsabilité n’en incomberait pas qu’au gouvernement Charest, mais aussi à ceux qui ont décidé de porter le carré rouge.
Il faut assumer les conséquences de ses engagements.