Le Canada se réchauffe deux fois plus vite que l'ensemble de la planète
Jessica Nadeau
Le Journal de Montréal
29/01/2007 05h19
Le Canada se réchauffe deux fois plus vite que l'ensemble de la planète, selon les derniers chiffres d'Environnement Canada. Un constat qui laisse présager le pire pour les années à venir.
«Le Canada est l'un des pays du monde où les températures augmentent le plus vite et donc, l'un des plus vulnérable aux changements climatiques», constate Ian Bruce de la Fondation David Suzuki.
En effet, selon les derniers chiffres officiels, la température moyenne de la planète a augmenté de 0,6 degré Celsius au cours du 20e siècle.
Mais selon les plus récentes analyses d'Environnement Canada, parues il y a quelques semaines, on constate que pendant la seule période de 1948 à 2006, l'ensemble du Canada a connu une hausse des températures de 1,3 degré Celsius.
«Il y a plus que ça, parce que les chiffres pour le Canada ne prennent en compte que les derniers soixante ans alors que les chiffres pour la planète s'étirent sur les derniers cent ans», précise la conseillère scientifique principale en changements climatiques à Environnement Canada, Jacinthe Lacroix.
Accélération
Ces données sont particulièrement inquiétantes lorsqu'on sait que tous les modèles scientifiques prévoient une hausse encore plus rapide des températures mondiales.
«On s'attend à une augmentation mondiale entre 2 et 5 degrés d'ici les prochaines cent années, alors il faut compter que le Canada verra ses températures haussées de 4 à 10 degrés», souligne Alain Bourque du centre d'étude sur les changements climatiques Ouranos à Montréal.
L'amplification des changements climatiques au Canada - comme pour tous les autres pays nordiques - est directement attribuée à son emplacement géographique puisqu'une partie du territoire est recouverte de neige et de glace pendant l'hiver.
Les régions les plus affectées sont par ailleurs celles les plus au nord du pays. «La neige et la glace reflètent le rayonnement du soleil, ce qui fait que la terre n'absorbe pas la chaleur, démontre Alain Bourque. Mais en se réchauffant, la saison d'hiver est moins longue, il y a moins de glace et de neige, ce qui fait que le sol se réchauffe davantage. C'est ce qu'on appelle une boucle de rétroaction.»
L'urgence d'agir
Pour tous les écologistes, ces chiffres, sont une preuve de plus que le Canada devrait agir à titre de leader dans le dossier des changements climatiques.
«Si nous ne prenons pas des actions immédiatement, nous allons voir au Canada des changements dramatiques et nous pourrions même ne pas reconnaître certaines parties de notre pays dans les prochains 50, 100 ans...», conclut Ian Bruce.