Le métier de politicien est un métier... pas comme les autres. Le politicien doit essayer de satisfaire tout le monde tout en essayant de ne pas déplaire au plus petit nombre. Jusqu'ici, le jeune Bureau-Blouin défendait son groupe corporatiste. À l'avenir, il devrait se soucier de tous les autres, allant jusqu'à oublier ses anciens combats. Quand on défend un groupe, on ne trouve des sous que pour ce groupe. Quand on défend tout le monde, on en trouve moins pour l'ancien groupe dont on était le porte-étendard. Pauline Marois fait un mauvais calcul en «tassant» son candidat élu dans Laval-des-Rapides pour imposer un jeunot sans expérience, sans diplôme universitaire. Celui-ci devra faire face à la compétence, à l'expérience et à l'aplomb d'un adversaire dont la crédibilité n'est plus à faire. Jean Charest doit se frotter les mains ce matin à la conférence du Conseil de la Fédération. Il aura réussi à faire ce que d'aucuns craignaient : une élection référendaire sur les frais de scolarité. En bout de piste, les gens vont voter pour ou contre la hausse des frais de scolarité. Les jeunes se sentant floués par le départ de Bureau-Blouin du Front commun étudiant, lâcheront le PQ et iront voter pour QS ou ON. La manoeuvre malhabile et opportuniste de Marois permettra sans doute au premier ministre de réaliser ce que personne n'osait prédire il y quelques mois: sa quatrième réélection. Les gens voteront pour écarter de la politique un débat qui a trop duré : la hausse des frais de scolarité. En oubliant tout le reste. Les Québécois votent sur des émotions plutôt que sur des idées. On le verra le 4 septembre prochain. Bureau-Blouin aura coopéré à ce résultat historique. Il aurait dû, comme il était prévu, aller faire son droit et revenir plus tard en politique. Et demander conseil à Mario Dumont et Claude Charron, dont l'entrée prématurée en politique, leur a valu bien des regrets.
DANGER POUR LE CANDIDAT, LE PQ ET LA POLITIQUE
Cette notoriété précoce et ce parachutage en politique peuvent se révéler périlleux pour Léo Bureau-Blouin, pour le PQ et pour la perception générale de ce qui est, ou devrait être, la politique. A-t-on oublié au PQ l'aventure malheureuse d'André Boisclair, un jeune homme talentueux, mais sans expérience? En s'associant ainsi avec le mouvement étudiant, le PQ encourage le vote de certains jeunes, mais court aussi le danger que la campagne électorale tourne autour des droits de scolarité, sujet qui divise les Québécois. Ce thème ne devrait pas occulter d'autres enjeux autrement plus importants. À moins de devenir un politicien professionnel, que fera Léo Bureau-Blouin une fois sa carrière politique terminée? Consultant pour une firme privée? Commentateur de l'actualité dans les médias? Par ailleurs, peut-on oeuvrer dans l'intérêt du bien commun, pas seulement pour la politique étroitement partisane, si on possède aussi peu d'expérience de la vie? Acquérir une formation, se frotter à la réalité quotidienne pour comprendre l'ensemble de la société, ses priorités, ses espoirs, ses soucis, une certaine expérience s'avère nécessaire. Le talent et le charisme ne suffisent pas.