La culture autochtone s'invite à la Commission Bouchard-Taylor
LIA LÉVESQUE
Article mis en ligne le 12 septembre 2007
ROUYN-NORANDA (PC) - La culture autochtone s'est mêlée aux accommodements pour motif religieux, mercredi soir, au second forum citoyen que la Commission Bouchard-Taylor a tenu à Rouyn-Noranda.
Des autochtones de Kitisakick, une communauté démunie de la région, sont venus parler de leurs conditions de vie, de culture et de valeurs, notamment.
Une centaine de personnes se sont déplacées pour participer à ce second forum de citoyens, presque autant qu'à Gatineau.
Et comme à Gatineau, on a entendu beaucoup de citoyens qui ont connu la Révolution tranquille dans les années soixante venir dire qu'ils étaient soulagés que le Québec se soit alors libéré de l'omniprésence de la religion et qui craignent qu'aujourd'hui, avec les accommodements religieux, la religion revienne par la bande s'immiscer dans la vie quotidienne.
"Le gouvernement Charest se cache derrière une commission plutôt que d'avoir mis ses culottes quand c'était le temps et il laisse gérer par les tribunaux les accommodements qui sont déraisonnables", s'est exclamé Réjean Godbout. On s'est "libéré du carcan religieux dans lequel on était" avant la Révolution tranquille et aujourd'hui, la pression d'autres religions s'amène, a-t-il dénoncé.
De nombreux participants ont insisté pour que tout accommodement qui permettrait une inégalité des droits entre les hommes et les femmes soit banni.
D'autres ont plaidé pour que les gens qui veulent prier le fassent à la maison, non à l'université ou au travail.
Des sorties remarquées sur l'intégration à la société québécoise ont été faites par des citoyens qui ont justement immigré au Québec.
Par exemple, M. Antoine Ishac, d'origine libanaise, qui est au Québec depuis 22 ans, est venu dire qu'il appartenait aux immigrants qui viennent au Québec de s'adapter aux Québécois. "Les lois de la religion, il faut qu'elles plient devant les lois laïques. Comme immigrant, quand je suis arrivé ici, j'ai compris que c'était à moi de m'adapter à la vie québécoise et c'est à moi de devenir un Québécois."
De même, Mme Zahida Mera, d'origine algérienne, a raconté avoir traversé l'océan pour venir au Québec justement à cause de la tolérance et de l'égalité entre les hommes et les femmes. "Il ne faut pas que tous les acquis du Québec disparaissent parce que moi j'ai une vision religieuse qui dit que les hommes et les femmes ne se mélangent pas. Si moi je viens chez vous, je m'adapte."
Autochtones
La culture autochtone a aussi fait partie des échanges.
Evelyne Papatie est venue rappeler que les autochtones aussi constituaient une minorité, tout comme les Québécois sont une minorité en Amérique du Nord. "On fait pas juste des barrages", a-t-elle répliqué à une participante qui avait laissé entendre que certaines communautés autochtones pouvaient commettre des actes répréhensibles sans en subir les conséquences légales.
"Des religions, il n'y en a pas de meilleure que d'autre", a lancé en langue algonquine Louisa Papatie, épaulée par un traducteur.Tout comme à Gatineau, plusieurs intervenants ont blâmé certains médias pour avoir monté en épingle certains accommodements, alors qu'ils ne visaient qu'une petite minorité.
Les députés de la région, le péquiste Alexis Wawanoloath, lui-même autochtone, et le bloquiste Marc Lemay, ont assisté au forum, de même que le maire de Rouyn-Noranda, Roger Caouette.
Après Gatineau et Rouyn-Noranda, la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles se rendra à Sept-Iles et Saguenay, la semaine prochaine.