Une attaque terroriste « délibérée »…mais pourquoi ?
27 juillet 2006
Les amis d’Israël sont aux abois. L’obséquieux Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan a été contraint, mercredi, à l’occasion d’une conférence de presse à Rome de suggérer que l’assassinat de quatre casques bleus de l’ONU au Liban Sud mardi « semblait un geste délibéré de la part de l’armée israélienne ». Les faits sont accablants, mais le docile Secrétaire général n’a pas osé aller au bout de son raisonnement et déclarer qu’il s’agissait d’un acte terroriste de la part de l’armée israélienne.
Rappelons les faits. Mardi le 25 juillet, au cours d’un bombardement intensif de l’armée israélienne au Liban Sud, un édifice des Nations Unies abritant des observateurs de la FINUL a été bombardé et quatre casques bleus ont été tués dont un observateur canadien. Les bombardements dans cette zone étaient récurrents. Cette séance de bombardement a duré 6 heures, il ne s’agit donc pas d’une bombe perdue ou d’un acte fortuit. L’édifice abritant les observateurs était dûment identifié aux couleurs des Nations Unies. L’édifice était occupé par l’ONU depuis des années au vu et au su de l’armée israélienne et, fait très important, les représentants des Nations Unies ont avisé l’armée israélienne à dix reprises que cet édifice abritait des observateurs de la FINUL et ils ont exigés que les bombardements cesse. [1] Enfin, après le bombardement et l’écrasement d’une partie de l’édifice, les bombardements israéliens se sont poursuivis encore longtemps empêchant les ambulanciers et les secouristes de s’approcher et de porter secours aux casques bleus et ce, malgré de nouvelles protestations des représentants des Nations Unies.[2]
À la lumière de ces faits accablants que pouvait faire monsieur le Secrétaire général sinon « protester énergiquement » même en présence de la secrétaire d’État américaine ? Le premier ministre du Canada pour sa part refuse toujours de blâmer Israël pour cet assassinat délibéré. Le gouvernement canadien n’a même pas convoqué l’ambassadeur israélien à Ottawa.[3]
Pourquoi l’armée israélienne a-t-elle pris le risque de s’exposer ainsi à l’ire de ses amis en assassinant quatre observateurs de la FINUL ? C’est qu’une réunion des alliés d’Israël et des représentants de quelques pays du Proche-Orient était convoquée mercredi à Rome afin de discuter d’un cessez-le-feu et de l’intervention d’une force d’interposition sous l’égide des Nations Unies à la frontière libanaise afin de prêter main forte aux troupes israéliennes.
L’armée israélienne ne veut pas que l’ONU commande cette force « d’interposition ». Les observateurs des Nations Unies ne sont pas de bons auxiliaires de combats, ils ne réagissent pas rapidement et il serait plus difficile qu’avec des forces de l’OTAN de les faire déguerpir en cas de nouvelle agression israélienne comme à Jéricho récemment. L’armée israélienne a voulu ainsi signifier aux représentants des Nations Unies qu’ils ne sont pas les bienvenus dans la région et qu’ils devraient profiter de l’occasion, le mandat de la FINUL se terminant bientôt, pour laisser place aux troupes de l’OTAN.
L’ensemble de la présente agression israélienne dans le Liban Sud coïncide justement avec la fin du mandat de la FINUL et Israël, tout comme les États-Unis, voudraient voir s’installer des troupes de l’OTAN à la frontière libanaise, derrière un champ de ruine de plusieurs kilomètres. Le ministre de la défense d’Israël a été clair à ce sujet, l’armée israélienne occupera le champ de ruine du Liban Sud tant qu’une force d’interposition amie n’aura pas pris position face au Hezbollah. Simon Perez en remet et demande une force d’intervention « musclée » au Liban.[4]
Il s’agit bien d’une attaque « délibérée », d’une agression terroriste contre les observateurs de l’ONU de la part de l’armée israélienne. Le Secrétaire général des Nations Unies a-t-il compris le message ? Il semble que oui… « La chaîne de télévision Aljazeera vient de rapporter que le soldats de la FINUL sont en train de chasser les habitants de Nakourra qui se sont réfugiés dans le campement des soldats de l'ONU pour fuir les bombardements israéliens. Aljazeera rapporte que les soldats de la FINUL utilisent des chiens pour faire fuir les réfugiés. Sans doute par peur de subir de nouveau bombardements israéliens, les soldats de la FINUL semblent avoir bien compris le message que l'armée israélienne leur a adressé en les bombardant mardi. »
[1] « Les militaires israéliens ont été avertis à plusieurs reprises de la présence du personnel de l'Onu sur la zone bombardée au Liban Sud où quatre observateurs internationaux ont été tués mardi à Khiam, a affirmé mercredi le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan ».
[2] «Le bombardement de la position des Nations Unies, établie depuis longtemps et clairement identifiée, a débuté tôt dans la matinée et a continué jusque après 19h00», a affirmé M. Annan.
«Notre personnel sur le terrain était en contact avec l'armée israélienne pour essayer de les avertir, en leur disant "faites attention avec notre position, ne blessez pas notre personnel"», a poursuivi le secrétaire général. «Plusieurs appels ont été lancés avant que cela n'arrive et vous pouvez imaginer l'angoisse de nos soldats, des hommes et des femmes, et des observateurs non armés qui étaient là au service de la paix», a-t-il ajouté.
http://www.cyberpresse.ca/article/20060726/CPMONDE/607261501/5968/CPMONDE