Sexe académie

Mali Ilse Paquin
La Presse
Collaboration spéciale
Londres

Un nouveau parc de loisirs a ouvert ses portes à Londres. Vaut mieux, toutefois, faire garder les enfants. Les sensations fortes sont au rendez-vous, mais sans les montagnes russes ni les manèges étourdissants. Les visiteurs ont plutôt droit à des mannequins de plâtre nus qui implorent une fessée, des vidéos de couples en pleine action et des jouets sexuels à tâter. Bienvenue à Amora, l'académie du sexe made in Britain.

La galerie a ouvert ses portes en avril dernier dans le coeur de Londres, à deux pas de Leicester Square. Toutefois, il faut garder l'oeil ouvert pour ne pas rater son entrée discrète presque autant que celle d'une maison close.

Une fois dans le vestibule, par contre, impossible de s'y tromper. Des rires et des commentaires salaces accueillent les visiteurs. Mieux vaut laisser sa pudeur au vestiaire.

Tout d'abord les préliminaires. Connaissez-vous bien les zones érogènes de votre partenaire? Pour passer le test, des statues des deux sexes attendent vos attouchements. Si un voyant rouge s'allume, bingo!

Plus loin, en face d'une exposition de pénis et de seins moulés en plâtre, des écrans tactiles expliquent l'a b c de la masturbation. Des acteurs bien roulés reproduisent des techniques aux noms savants, dont le «twist» et la «prière».

Puis, le sexe oral est démythifié. Le narrateur précise que c'est impoli de parler la bouche pleine. Mieux vaut communiquer par code. Merci, on n'y avait pas pensé...

En plus d'être très, disons, divertissant, Amora regorge d'informations étonnantes. Par exemple, saviez-vous que le clitoris a 8000 terminaisons nerveuses, soit deux fois plus que l'organe masculin? Ou que les hommes peuvent passer en mode excitation en moins de 10 secondes? De quoi alimenter les discussions dans la chambre à coucher!

 

Des franchises en vue?

 

Le fondateur d'Amora, Johan Rizki, a réuni 32 «sexperts» autour de son projet. D'autres franchises pourraient voir le jour à Paris et Las Vegas.

Son but est d'offrir une exposition de bon goût aux couples qui pensent avoir fait le tour de leur jardin secret. «Nous n'avons pas de types louches qui viennent rôder. La plupart du temps, c'est la femme qui tire son amoureux par la main pour nous visiter», dit l'ancien banquier d'origine parisienne.

C'est ce que Sharvara Joshi avait fait lors de la visite de La Presse. «J'ai bien aimé la partie sur le sexe oral. Mon copain ne me dit pas ce qu'il préfère, alors il fallait bien que je m'instruise», a dit la Londonienne devant le principal intéressé qui ne savait plus où regarder.

Koulla Joannou, accompagnée de ses amies, a préféré quant à elle le tunnel «Amorgasm». L'ambiance de la section, truffée de vidéos interactives, a de quoi titiller les plus récalcitrants. «J'ai aimé la vidéo où on voit les visages de gens en train de jouir, dit-elle. C'était tellement vrai!»

Qu'en est-il des sexologues? L'exposition passe-t-elle le test? «C'est vraiment très bien réalisé, affirme le thérapeute Mo Kurimbokus. Il y a énormément d'information.»

Malgré quelques bémols (la galerie s'adresse surtout aux jeunes hétérosexuels), M. Kurimbokus croit qu'il était temps qu'un endroit comme Amora ouvre ses portes.

«Il y a beaucoup d'ignorance en matière de sexe en Grande-Bretagne. Une de mes jeunes clientes croyait que si elle fermait les yeux pendant l'acte, elle ne tomberait pas enceinte. Il faudrait que des écoles amènent leurs adolescents faire un tour à l'académie.»

La note de M. Kurimbokus? «Un bon 8 sur 10.»

Academy of Sex and Relationships

Amora