Moment historique

Le Parti vert recrute un premier député fédéral siégeant aux Communes

La Presse Canadienne
Le 30 août 2008

OTTAWA — Cinquième roue du carrosse électoral fédéral, le Parti vert croit que plus rien ne peut maintenant empêcher son entrée officielle par la grande porte aux débats télévisés des chefs lors de la prochaine campagne électorale.

Fière et triomphante, la chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May, a annoncé samedi qu'elle avait recruté un député siégeant aux Communes en convainquant l'indépendant Blair Wilson à joindre ses rangs.

Ce premier député vert au Parlement se transforme en laissez-passer pour les débats télévisés des chefs, a soutenu la chef des verts.

Lors de la dernière élection, les verts avaient eu beau dénoncer leur exclusion sur tous les toits, les réseaux de télévisions n'avaient pas bronché. Pour admettre un chef à cet événement charnière d'une campagne, il faut avoir au moins un député élu, affirmait le consortium des médias.

En conférence de presse, Mme May a indiqué qu'il n'y avait plus de raison pour refuser la participation des verts au débat.

"Le consortium des médias a un pouvoir extraordinaire (...) Mais nous respectons désormais tous les critères qu'ils nous ont imposés", a résumé la chef du Parti vert.

Pour appuyer sa position, elle cite en exemple la campagne électorale de 1993, où Preston Manning, alors chef du Parti réformiste, avait pu participer aux débats bien que la formation politique ne comptait qu'un député élu aux Communes.

La présence de Mme May aux débats n'est toutefois pas acquise. La décision ultime revient au regroupement des télédiffuseurs qui négocient entre eux et avec les partis politiques les critères et le format de l'émission de télévision.

Les verts n'auront pas non plus beaucoup d'appuis de leurs adversaires, seul le Parti libéral du Canada ne s'oppose pas à leur participation.

"Cet homme s'est fait élire comme libéral. Ce n'est pas parce qu'il vire-capot que cela ferait en sorte que les verts puissent participer aux débats", a expliqué Frédéric Lepage, porte-parole du Bloc québécois.

Du côté conservateur, on n'est pas plus d'accord, d'autant plus que Mme May et le chef libéral Stéphane Dion ont des atomes crochus.

"On ne peut pas avoir sur l'estrade un leader qui a déjà soutenu la candidature d'un autre leader et signé un accord de coopération électorale", a argué Dimitri Soudas, porte-parole du premier ministre Stephen Harper.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui s'est opposé à la présence des verts aux débats télévisés, refusait de commenter et se contentait de dire samedi que les négociations entre le consortium et les partis étaient en cours. Une rencontre est en effet prévue cette semaine.

En conférence de presse, samedi, Mme May affirmait que l'arrivée de Blair Wilson dans l'équipe des verts était un moment historique, puisqu'il devenait le premier député vert aux Communes.

Le problème, c'est qu'il est à peu près assuré que M. Wilson ne mettra jamais les pieds aux Communes à titre de député vert. Le premier ministre Stephen Harper pourrait en effet déclencher des élections générales dès la fin de la semaine prochaine, avant la reprise des travaux parlementaires.

M. Wilson a été élu sous la bannière libérale en Colombie-Britannique en janvier 2006, avant de se faire expulser par son parti à cause d'allégations à l'effet qu'il aurait enfreint la Loi électorale. Depuis, il a admis ne pas avoir déclaré des dépenses de plus de 9000 $ auprès d'Elections Canada.

En juillet dernier, M. Wilson disait encore souhaiter retourner au sein du Parti libéral du Canada.

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