Érotisme et sexe sous exposition en Chine
par Florence Turpault-Desroches
Prostitution, zoophilie et sculptures représentant des pénis de toutes formes:
rien n’est laissé pour compte au surprenant et explicite Musée du sexe de Chine.
Si l’acte sexuel a longtemps été associé à un devoir, visant à mettre au monde un successeur à l’empereur, le fondateur du musée, Liu Dalin, a souhaité profiter de l’ouverture de la Chine au monde pour exposer la sexualité au nouvel empire du milieu.
C’est dans le tout petit village de Tongli, à 80 km de Shanghai, que trônent statuettes et objets suggestifs. En passant la porte de ce musée, accompagnée de quelques Chinois, j’avoue avoir été gênée de poser les yeux sur tant de nudité. Si tous les visiteurs portent aux lèvres un léger sourire timide, il se dissipe pour faire place à un rire franc dès qu’ils aperçoivent la première sculpture dans l’entrée: un homme est enchaîné et seul son énorme pénis ne peut être fait prisonnier.
Divisée en plusieurs salles dans différents pavillons, la collection est surprenante et contient plus de 1600 objets qui couvrent plus de 9000 ans d’histoire chinoise. Des pierres préhistoriques évoquent le symbole du ying et du yang; plusieurs objets destinés à la masturbation au temps de la dynastie des Ming (XIVe siècle) sont exposés; une section sur la prostitution montre des chaises imaginatives, servant à passer à l’acte, ou encore des bagues aux gravures diverses, utiles pour exposer la spécialité de la prostituée. Des peintures, de la vaisselle ou encore des pots de chambre représentent des homosexuels, alors que l’homosexualité est encore aujourd’hui un sujet tabou en Chine. L’hétérosexualité ou encore la masturbation sont également peintes sur des objets courants comme des théières ou des meubles. Un jardin est rempli d’une soixantaine de sculptures érotiques d’hier à aujourd’hui et deux étages sont consacrés à l’évolution de la condition féminine en Chine.
En effet, à l’époque du système féodal chinois, les femmes avaient les pieds bandés, dès l’âge de deux ou trois ans, afin d’empêcher leur croissance. Cette souffrante technique représentait un critère de beauté et permettait d’accroître le désir masculin. Incapables de marcher, les épouses demeuraient à la maison, le plus souvent assises ou à la recherche de leur équilibre. De minuscules chaussures autrefois portées par ces femmes prennent place dans une section du musée, un peu moins rigolote, aux côtés de la machine utilisée pour bander les pieds et des divers instruments destinés à la torture des épouses, y compris des ceintures de chasteté cadenassées.
Si la visite du musée est impressionnante et peut faire sourire les plus timides, elle est surtout très enrichissante, puisqu’elle permet d’en connaître davantage sur la culture de la Chine, à travers l’histoire de sa sexualité.