Rapport Bouchard-Taylor
Selon le SFPQ, le gouvernement doit réaffirmer concrètement la laicité de l'Etat

QUEBEC, le 22 mai /CNW Telbec/ -

Le Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ)
déplore que les recommandations du rapport Bouchard-Taylor quant
à l'interdiction du port de symboles religieux par des représentants de l'Etat
se limitent aux juges, aux procureurs de la couronne, aux policiers et au
président de l'Assemblée nationale. Selon la présidente générale du SFPQ,
Lucie Martineau, les fonctionnaires, qui sont tenus de respecter un strict
devoir de réserve, notamment au regard de leurs opinions politiques, devraient
être tenus d'en faire autant en ce qui concerne leur croyances religieuses.
Selon elle, la présence de symboles religieux portés par les employés de
l'Etat en milieu de travail laisse inévitablement planer un doute quant au
caractère laique de l'Etat et sur sa neutralité.

Aux yeux du SFPQ, les fonctionnaires qui statuent sur des demandes de
prestations, sur l'octroi d'un permis ou qui inspectent des commerces,
incarnent tout autant l'Etat qu'un policier ou un juge. "Les symboles
religieux ont une signification fondamentale non seulement pour les personnes
qui les arborent, mais également pour les personnes qui entrent en contact
avec elles. Un citoyen qui se présente à un bureau de l'administration
publique est en droit de se demander si un employé de l'Etat peut arborer des
symboles religieux ostentatoires dans l'exercice de ses fonctions, tels le
voile islamique, le turban, le kirpan ou le crucifix, et continuer de
prétendre pouvoir servir les citoyens indépendamment de sa foi religieuse", a
expliqué Lucie Martineau.

Le SFPQ est également déçu de ne pas retrouver dans les recommandations
du rapport des balises concrètes en matière d'accommodements religieux. Selon
Lucie Martineau, de telles balises auraient permis aux gestionnaires de l'Etat
de mieux encadrer les demandes d'accommodement de la part des citoyennes et
des citoyens. "Les employés de l'Etat continueront d'être laissés à eux-mêmes
face aux demandes d'accommodement religieux. Pour le moment, le problème
demeure entier", a-t-elle souligné.

Intégration des immigrants

Par ailleurs, le SFPQ considère que les commissaires ont manqué une belle
occasion de recommander au gouvernement un moyen simple, permettant de
favoriser une meilleure intégration des immigrants dans le cadre de la
politique d'embauche des groupes cibles dans la fonction publique.
"Actuellement, il n'y a que des objectifs d'embauche nationaux, ce qui a pour
effet de concentrer l'embauche des immigrants essentiellement là où ils se
retrouvent, c'est-à-dire dans la métropole. En plus de créer ainsi une
certaine forme de discrimination à l'endroit des employés de la région
montréalaise qui ne sont pas issus des groupes cibles, cette façon de faire ne
favorise pas l'établissement des personnes immigrantes sur l'ensemble du
territoire québécois. Comme il l'avait fait lors des audiences de la
Commission, le SFPQ réitère que les objectifs des programmes visant à
favoriser l'embauche des groupes cibles au sein de la fonction publique
devraient être régionalisés", a expliqué Mme Martineau.

Livre blanc sur la laicité

D'autre part, Lucie Martineau constate que les commissaires Bouchard et
Taylor n'ont pas retenu intégralement la recommandation du SFPQ à l'effet de
doter le Québec d'une Charte de la laicité. En contrepartie, les commissaires
proposent le dépôt à l'Assemblée nationale d'un Livre blanc sur la laicité
afin que les balises qui définissent la laicité de l'Etat soient affirmées et
précisées. "Cette recommandation rejoint nos préoccupations de clarification
et d'affirmation de la laicité, cependant nous maintenons qu'en cette matière,
l'adoption d'une loi fondamentale permettrait davantage à la société
québécoise d'affirmer clairement la neutralité de l'Etat et son caractère
laique", a conclu Lucie Martineau.

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