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Gauche et droite

Christian Rioux
28/05/2012

Au Québec, on a tellement longtemps été coincés dans l’axe séparatiste/fédéraliste, qu’on à de la peine à comprendre ce nouvel axe gauche/droite. Avant c’était pas compliqué si t’étais pour la séparation, t’étais un “péquiste”, ou indépendantiste, sinon t’étais un “libéral” ou fédéraliste. Tu pouvais pas être entre les deux. Tous les gouvernements étaient centre-gauche, la seule différence étant au niveau constitutionnel.

Avec l’axe gauche/droite, c’est beaucoup plus complexe, parce qu’il y a plusieurs degrés, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite.

Historique

Un petit historique, extrait de Tentative de définition de la gauche et de la droite en politique que je vous recommande fortement.

Le clivage gauche droite date historiquement de la Constituante française (1789-1791), les députés y adoptèrent une disposition spatiale en fonction de leurs affinités politiques. Bien qu’elle ne reflète en rien la complexité des options politiques possibles, l’opposition gauche-droite s’est perpétuée dans la plupart des pays.

Pour l’électeur moyen, il importe de se positionner de manière claire dans un espace politique simple : un axe gauche-droite. Toutes les tentatives de positionnement en dehors de cet espace linéaire (ni gauche, ni droite…) donnent une impression de flou qui déplait à la plupart des électeurs : les classements multicritères ont toujours posé des problèmes logiques difficiles à résoudre, même pour des scientifiques chevronnés, il est donc normal que le commun des mortels ait besoin de se raccrocher à un système simple, même insatisfaisant.

[...]

L’axe gauche-droite, s’il a conservé certaines constantes au long de l’histoire, a largement évolué depuis la révolution française : les mentalités et les enjeux ne sont plus du tout les mêmes. Au début, la gauche représentait plutôt les masses populaires et la droite les élites. Si ceci a largement changé – la gauche est dirigée par ses propres élites – il n’en reste pas moins qu’il subsiste de larges séquelles de cette évolution historique.

La gauche se caractérise généralement par le collectivisme et l’égalitarisme. La droite par l’ordre, le travail et la famille. Dès le début, les leaders de la gauche ont voulu satisfaire les besoins élémentaires les plus immédiats du prolétariat (prendre l’argent où il est, pour le redistribuer à qui en a besoin) tandis que la droite s’est profilée plutôt dans une perspective de stabilité, de légalité et de création de bien-être (investir pour le futur).

La misère du prolétariat poussait celui-ci à trouver un exutoire dans un « monde meilleur » et la recherche d’utopies. Cette volonté de fuir le présent et de changer le monde a été le moteur d’une dynamique dite de « progrès » ou le changement – quel qu’il soit – valait mieux que la réalité quotidienne. « Du passé faisons table rase ». Les politiques de gauche ont, dès lors, souvent consisté à exploiter le mécontentement des masses pour satisfaire les buts d’élites manipulatrices : cette dynamique révolutionnaire a été exploitée par d’ambitieux arrivistes et a mené notamment aux totalitarismes marxistes-léninistes, fascistes et nazis, régimes qui, une fois installés, s’apparentaient clairement à des oligarchies.

Même le socialisme, plus modéré, est devenu un mode de promotion sociale et d’accession au pouvoir pour des élites (la gauche-caviar…) qui se servent de la misère et du mécontentement des masses pour satisfaire leurs propres objectifs. Très rares sont les responsables socialistes qui partagent leurs propres revenus ou leur fortune à soulager la misère d’autrui. Au contraire, la plupart s’enrichissent personnellement et se déculpabilisent en distribuant l’argent qu’ils prennent aux « riches ». Leur enrichissement personnel représentant sans doute à leurs yeux la « commission pour intermédiaire » ou la « rémunération pour services rendus » à leurs clients politiques. Les partis de masse et les syndicats sont particulièrement vulnérables à l’embourgeoisement de leurs élites.

Arrivées au pouvoir, réalisme politique oblige, les élites de gauche se trouvent devant un dilemme. Soit elles pratiquent une politique de gestion à l’instar de la droite – elles s’embourgeoisent alors et renoncent à leur idéologie –, soit elles se lancent dans une logique de fuite en avant. Les théories de gauche ont démontré leur inefficacité, il importe dès lors d’incriminer le système en place et de mobiliser les masses vers le changement pour le changement dans une dynamique de « progrès », voire de révolution.

Aujourd’hui

Ici au Québec, ce qu’on remarque de la part de notre “élite” et nos médias, qui sont majoritairement à gauche, c’est que tout ce qui n’est pas à gauche est nécessairement à droite. Probablement parce qu’ils sont encore dans la dichotomie fédéraliste/séparatiste. Ils oublient tous les niveaux entre les deux, centre-gauche, centre, centre-droite.

L’axe gauche/droite explique surtout les notions économiques, centralisation/décentralisation, protectionisme/libre-échange etc.
Comme cet axe ne peut pas tout expliquer, certains ont tenté de compléter en ajoutant un 2e axe, l’axe social, variant entre l’autoritaire et le libertarien. Cette façon de faire plus complète est utilisée par Political compass.

Avec ce 2e axe on peut expliquer plus clairement des politiques et idéologies qui se situaient au même endroit sur l’axe gauche/droite, mais qui sont fondamentalement différentes.

Donc l’axe gauche/droite se définit avec la gauche qui se caractérise par le colectivisme et l’égalitarisme, mais surtout les émotions, la colère, la jalousie (des riches), l’indignation, la pitié. Ces sentiments sont de puissants moteurs de l’action humaine en vue du changement. La gauche veut un monde meilleur et est à la recherche d’utopies mobilisatrices. Elle est dès lors vulnérable à la manipulation par des élites opportunistes, capables de mener les masses aux pires catastrophes. La fin justifie toujours les moyens. Pour la gauche, si tu réussis dans la vie, c’est parce que tu dois avoir exploité quelqu’un. Si tu as échoué, c’est pas ta faute, c’est parce que tu es opprimé.

Et à l’opposé, la droite qui se caractérise par les libertés et responsabilités individuelles, la loi et l’ordre, un lien clair de causalité entre l’acte et ses conséquences : entre le travail et le salaire, entre l’effort et la récompense, entre la compétence et le succès, mais aussi entre la faute et la sanction, entre les droits et les devoirs, en bref la responsabilité. Et il ne peut y avoir de responsabilité sans liberté de choix et sans liberté d’action. Et pas de liberté individuelle sans propriété. Pour la droite si tu as réussi dans la vie, c’est parce que tu l’as mérité. Si t’as échoué c’est de ta faute.

Le centre, quand il existe, est le lieu où se regroupent les partisans du consensus et du compromis. Au Québec, les partis au pouvoir tendent toujours vers le centre, afin de ratisser le plus large possible.

Le 2e axe autoritaire/libertarien se définit entre les extrêmes totalitaire (fascisme) ou alors un laisser-faire total sans aucune loi (anarchisme) Il peut y avoir des gouvernement totalitaires d’extrême-gauche (communisme) ou centre-droite (nazisme). Puisque la droite se définit par la liberté, un régime totalitaire d’extrême-droite est rare, mais le plus proche étant un état policier, où la loi est au centre de tout, au dessus des droits des citoyens. Plus on descend sur l’axe, moins il y a de loi et de gouvernement. Si on descend complètement en bas et au centre, l’anarchisme, une idéologie sans loi où chacun fait ce qu’il veut, donc la loi du plus fort.

Voici donc les principales idéologies placées sur le graphe utilisant les deux axes. Je me suis permis d’y ajouter aussi quelques partis politiques afin de mieux les définir par rapports aux idéologies:

Et voici un graphe où sont placés les dirigeants actuels et passés de plusieurs pays (Selon politicalcompass.org)

Sur une note personelle, j’ai déjà été centriste, légèrement à gauche, puis avec les années, je me suis tassé un peu à droite. Je reste centriste, mais avec forte tendance vers la droite libertarienne. Les tests sur Politicalcomppas.org me placent toujours en plein centre, sur les deux axes.

Il est très difficile de catégoriser avec précision toutes les idéologies politiques, ce modèle n’est pas parfait, par exemple, il ne peut pas prendre en compte quelque chose comme le mouvement séparatiste, puisque c’est une finalité, et non pas un idéologie, et parmis eux il y en a de gauche (Parizeau, Boisclair) et de droite (Bouchard, Facal, Bock-côté). Mais le modèle reste le plus près de la réalité et il permet de mieux comprendre et identifier les tendances idéologiques.


Néo-libéralisme
J’ai entendu tellement de sornettes à propos du néo-libéralisme que je me doit de faire une mise-au-point.
Pour bien des gens, parce que ça contient le mot”libéral”, ça a un lien avec le parti libéral. Le Libéralisme n’est pas une marque de commerce, c’est une idéologie de centre-gauche.
Le libéralisme peut être employé dans plusieurs domaines, pas juste la politique. En gros ça se définit comme une idéologie progressiste. Le libéralisme se définit comme étant moderne et progressif (opposition à conservateur traditionaliste), défenseur de la veuve et de l’orphelin. Par exemple, un islamiste libéral sera favorable à plus de droits pour les femmes, alors qu’un islamiste conservateur ne voudra pas changer la tradition.

Le mot “néo” signifie nouveau. Le Néo-libéralisme est donc une nouvelle adaptation du libéralisme, plus à droite sur l’axe économique. En fait, le néo-libéralisme c’est le libre marché total, avec le moins de règles et législation possible qui entravent le commerce, tout en gardant la plupart des valeurs sociales du libéralisme. Le néo-libéralisme veut améliorer la société en passant par la prospérité économique. C’est différent du libéralisme, et ça s’apparente un peu au mouvement libertarien, qui souhaite un gouvernement plus petit avec moins de lois et règlements qui entravent les libertés individuelles.

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L’ochlocratie

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