La publicité destinée aux enfants dans la ligne de mire de la Coalition poids

MONTREAL (PC) — La publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans est dans la ligne de mire de la Coalition québécoise sur la problématique du poids.

Pour contrer l'obésité infantile, la coalition demande entre autres une meilleure application de la loi interdisant la publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans, ce qui passe par une augmentation des ressources de l'Office de la protection du consommateur, chargé de faire respecter cette loi.

Santé Canada estime que près d'un enfant sur quatre au Québec présenterait un excès de poids.

Le surpoids gagnerait par ailleurs du terrain, puisque le taux d'obésité chez les enfants et adolescents serait 2,5 fois plus élevé qu'il y a 25 ans, selon une étude publiée par Statistique Canada.

En conférence de presse mardi, Martine Painchaud, porte-parole de la Coalition Poids, a soutenu que la pression commerciale et le marketing sont des causes incontournables de la progression de l'obésité, un phénomène que l'Organisation mondiale de la santé qualifie désormais d'épidémie.

"Depuis quelques années, on empile sur nos bureaux des études qui prouvent le lien entre la publicité d'aliments, surtout celle destinée aux enfants, les habitudes alimentaires et les problèmes de poids", a-t-elle indiqué.

Dans un mémoire déposé mardi à la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire, la coalition recommande que l'Office de la protection du consommateur dispose de davantage de personnel et de moyens financiers pour faire respecter la loi interdisant la publicité destinée aux enfants, et qu'il en fasse une priorité.

Par ailleurs, la coalition souhaite que l'industrie agroalimentaire fasse preuve de bonne foi en se conformant à la Loi sur la protection du consommateur.

Le professeur Thierry Bourgoignie, du Groupe de recherche en droit international et comparé de la consommation (GREDICC), a indiqué que la loi québécoise interdisant la publicité destinée aux enfants a fait figure de précurseure dans les années 1970, mais qu'elle est désormais peu respectée.

Il pointe du doigt les exceptions prévues au règlement et ses multiples interprétations possibles.

"Maintenant, cette loi est, j'ose le dire, dépassée par ce qui se fait à l'étranger. Il y a un besoin de réformer des dispositions de la loi. Mais même en réformant, nous n'arriverons à rien s'il n'y a pas les moyens institutionnels pour la mettre en oeuvre", explique le professeur au département de sciences juridiques de l'UQAM.

Depuis 27 ans, une seule poursuite en cette matière a été intentée par l'Office de la protection du consommateur. En mars 2007, l'Office a accusé Saputo et l'entreprise de publicité P2P de s'adresser à des enfants dans la publicité de son produit IGOR, un gâteau en forme de gorille qui aurait fait l'objet d'une campagne de promotion dans les Centres de la petite enfance du Québec et sur Internet. Saputo a plaidé non coupable.

Si l'entreprise est reconnue coupable, elle risque des amendes totalisant 60 000 $.