À L’Île-des-Sœurs, ayez la foi

 

À l’Ile-des-Sœurs comme ailleurs, le malheur frappe à l’improviste : il y a vingt ans, l’infarctus de René Lévesque, l’hiver dernier, rue Hall, l’incendie dévastateur d’une maison, nécessitant la venue d’une vingtaine de camions de pompiers. Or, l’Ile ne dispose que d’une seule et unique entrée, menant à un petit carrefour. Le 31 octobre dernier, un incident a réduit ce carrefour à une venelle. Il était 17h00. Résultat inévitable: de gigantesques bouchons de circulation se sont formés, pendant de longues heures, sur l’autoroute Bonaventure et sur l’autoroute 15 menant de l’échangeur Turcot au Pont Champlain. S’il avait fallu que des pompiers ou des ambulanciers se fraient un chemin dans ce chaos de véhicules serrés les uns contre les autres, bien des insulaires auraient eu le temps de mourir et des maisons de flamber.

Pourtant, au Conseil d’arrondissement, le sympathique maire de Verdun affirmait à répétition qu’il ne faut pas s’inquiéter car il s’agissait là d’une circonstance exceptionnelle (Le Magazine de l’Ile-des-Sœurs, 9 nov. 2007 ). Comme si les tragédies se produisaient toujours quand les routes étaient désertes! Au Conseil puis dans un message pleine-page dans le journal de l’Ile, il ajoutait avec aplomb que, de toute façon, les pompiers et les ambulanciers auraient pu se rendre à l’Ile grâce à une merveilleuse «percée» dans les abords de l’île (Le Magazine, 9 nov., La Presse, 9 nov., p. A 18). Soit, mais à quel heure? Pour intervenir dans une situation d’urgence où chaque minute compte, encore faudrait-il que les larges ambulances et les gros camions puissent arriver à ce passage miraculeux et ensuite faire leur chemin dans l’Ile, aussi congestionnée à certains endroits. Auraient-ils survolé le parc d’automobiles immobilisées de bord en bord des autoroutes? Ou les auraient-ils tassées sur le côté du chemin, comme de la neige? Auraient-ils été héliportés? À l’instar de Jésus-Christ marchant sur les eaux, qui répondait au sceptique Thomas, le maire nous dit : «Ayez la foi». Citoyens de l’Ile-des-Sœurs, gens de peu de foi, cessez de vous énerver!

Pierre-Gabriel Jobin

Ile-des-Soeurs