Un tour de patrouille pour décrire le travail policier

par Alexandre Gauthier
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Article mis en ligne le 5 février 2008

Un tour de patrouille pour décrire le travail policier

Voleurs de voiture arrêtés après un accrochage et une poursuite, filature, vérification de plaques, violence conjugale, vol qualifié sur une personne, conduite avec facultés affaiblies et infractions au Code de la sécurité routière constituent une partie des interventions effectuées par les policiers du poste de quartier 16 dans la nuit du 26 au 27 janvier dernier.

«C'est une nuit tranquille», résume pourtant le sergent François Paquette, superviseur de l'équipe, estimant que le froid a certainement découragé certaines mauvaises intentions. Dans sa fourgonnette de fonction, il a partagé ses dix ans d’expérience et sa connaissance des problématiques du secteur avec un journaliste et un photographe du Magazine, tous deux témoins du travail policier.

Aussitôt assis dans l'autopatrouille avec le sergent Paquette qu'une poursuite se termine sur le boulevard LaSalle. Le conducteur d'un véhicule volé a terminé sa course en accrochant le devant d'un véhicule stationné dans la voie contraire, au coin de Willibrord. Un complice s'est enfui, mais a été retracé grâce au maître-chien dépêché sur les lieux.

L'écran d'ordinateur de l'autopatrouille, qui indique la position des unités, signale ensuite qu'un homme soupçonné d'avoir conduit en état d'ébriété est amené au Centre opérationnel Sud, pendant que d'autres agents prennent une plainte de véhicule volé.

Le sergent Paquette est en route pour surveiller le quartier Île-des-Sœurs quant il remarque un véhicule rempli de jeunes devant l'Auditorium qui ne semble pas savoir où aller. Il demande à la patrouille fantôme de le suivre. La filature prend fin cinq minutes plus tard, une fois la plaque vérifiée et après avoir constaté la présence d'équipement de hockey dans le véhicule.

Du travail psychosocial

Quelques minutes plus tard, l'autopatrouille croise un véhicule qui passe tout droit à un arrêt sur la rue Bannantyne, coin Hickson. Le sergent Paquette l'intercepte et demande du renfort parce qu'il travaille en solo.
«Je n'interviendrais pas en temps normal durant une patrouille de nuit pour une infraction de la circulation, à moins d'un acte criminel, parce qu'on ne sait jamais à qui on a affaire, mais là j'ai des unités de disponibles pour me prêter main-forte», explique-t-il. Le conducteur prétend que la chaussée était glissante. Il n'a pourtant pas freiné ou ralenti à l'approche de l'arrêt. Sa mauvaise conduite lui coûte 151$ et trois points d'inaptitude.

Un autre automobiliste a été plus chanceux à L'Île-des-Sœurs, parce qu'aucune unité n'était disponible quand il a commis la même infraction, même si des agents qui s'occupaient d'un cas de violence conjugale se trouvaient dans le secteur. Une autre dispute de couple a d'ailleurs eu lieu durant la nuit. Chaque fois, il s'agit d'une histoire de séparation qui s'envenime. «80% de notre travail sont des interventions psychosociales. Il faut entrer en relation avec les gens et les comprendre. On est formé pour ça», raconte le sergent Paquette.

Quelques accommodements

Le jugement des agents est d'ailleurs souvent plus logique que l'application stricte de la loi, entre autres en raison des conséquences que cela implique. «Quand les versions diffèrent, en cas de violence conjugale, on ne peut quand même pas embarquer les deux parents, parce qu'on ne peut pas non plus laisser les enfants seuls. On essaie de trouver une solution satisfaisante», illustre le superviseur. Dans ce cas, un ami est venu chercher une des personnes impliquées, ce qui évite aussi d'avoir recours à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
Un autre cas d'accommodement se présente quand des agents interceptent un véhicule dont le paiement des plaques est en retard. «La personne vient d'un autre pays et le retard de paiement n'est que d'une semaine, expose le sergent Paquette. On va lui donner la chance de payer ses plaques lundi à condition de ne pas utiliser le véhicule une fois rentré ce soir. On vérifiera plus tard si le paiement a été fait, sinon une contravention lui sera envoyée par la poste.»

Choc nerveux

Des agents interviennent ensuite rapidement sur un appel d'urgence qu'une femme aurait été victime d'une agression près d'un parc, au coin de Champlain et Desmarchais. La victime s'est réfugiée chez elle pour appeler la police. Elle explique avoir été plaquée au sol et que ses poches ont été fouillées.

Des agents cherchent des indices sur les lieux de l'agression, qui est considérée comme un vol qualifié puisque des gestes de violence ont été perpétrés. Pendant ce temps, elle est traitée pour un choc nerveux, comme toute personne victime d'agression sexuelle ou de violence.

Survient peu après le deuxième cas de violence conjugale de la nuit. En plus de répondre aux appels des résidants, la police assure la surveillance du territoire et visite des commerces, parfois pour se restaurer, mais aussi pour vérifier le comportement des clients. «C'est aussi une façon de savoir ce qui s'est passé durant la nuit», souligne le sergent Paquette.

Après plus de quatre heures de patrouille, dépassé le milieu de la nuit, le sergent Paquette décrète qu'il ne se passera plus grand-chose avant la fin du quart de travail à 6h. Ses deux passagers d'une nuit décident de regagner le confort de leur résidence respective, sachant que la police veille sur eux comme sur tous les résidants du secteur verdunois.

 

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