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École primaire dans un parc de L'Île-des-Soeurs
Québec refuse de se mêler du dossier

Le maire de Verdun, Claude Trudel, aimerait un appui fort de la commission scolaire

Jeanne Corriveau 
Le devoir
1er septembre 2011

Québec n'a pas l'intention de voler au secours de la Ville de Montréal, aux prises avec la féroce opposition de citoyens au sujet de la construction d'une école primaire dans un parc de L'Île-des-Sœurs. Même si des résidants du secteur du parc de la Fontaine risquent de bloquer le projet advenant la tenue d'un référendum cet automne, la ministre de l'Éducation, Line Beauchamp, n'entend pas intervenir dans le dossier.

En avril dernier, la ministre avait annoncé l'octroi de 10,5 millions à la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys pour la construction d'une nouvelle école à L'Île-des-Soeurs. Le maire de l'arrondissement de Verdun, Claude Trudel, avait alors affirmé que la Ville était disposée à céder un terrain à la commission scolaire.

Dave Leclerc, attaché de presse de la ministre Beauchamp, estime que Québec a fait son bout de chemin. «La Ville nous avait garanti qu'elle allait offrir le terrain. On a donné de l'argent à la commission scolaire et celle-ci doit bâtir son école sur le terrain que la Ville lui donnera. Point», a-t-il indiqué hier au Devoir.

Sauf que les événements ne se sont pas déroulés comme prévu. Claude Trudel admet qu'il ne s'attendait pas à une telle levée de boucliers de la part des citoyens. «J'ai beau avoir 40 ans de politique dans le corps, celle-là, je ne l'avais pas vu venir», a-t-il indiqué hier.

Les bonifications proposées par un comité de travail, qui suggère notamment l'ajout d'un toit végétalisé, la construction d'un stationnement souterrain et le verdissement d'une rue, n'ont pas réussi à faire fléchir les opposants réunis au sein du Comité de protection du parc de la Fontaine. Ceux-ci estiment que d'autres sites plus appropriés auraient dû être considérés.

Bataille en vue

Hier, le maire Trudel a affirmé être disposé à défendre le dossier, mais à certaines conditions. «On est prêts à se battre, mais il faut que la commission scolaire accepte intégralement les recommandations du comité de travail, notamment le toit vert et le stationnement souterrain», a dit Claude Trudel, qui a indiqué que des investissements supplémentaires d'environ 2 millions pourraient être requis. Et il s'attend à une réponse rapide de la commission scolaire. «On est au bâton pas mal tout seuls depuis un bout de temps», dit-il.

Les élus devront se prononcer sur le projet le 6 septembre prochain à l'occasion d'une réunion du conseil d'arrondissement. Donneront-ils leur aval à une modification de zonage ou suspendront-t-ils le règlement? M. Trudel dit qu'il l'ignore encore.

Dans les circonstances et compte tenu de la rareté des terrains en milieu urbain, le maire s'interroge toutefois sur la nécessité pour les villes de fournir gratuitement des terrains aux commissions scolaires. Cette «obligation» ne repose pas sur des assises légales, mais plutôt sur une tradition qui remonterait aux années 80.

L'attaché de presse de la ministre Beauchamp estime que cette tradition ne doit pas être remise en question. «Partout ailleurs, à ma connaissance, ça va très bien, explique Dave Leclerc. Une école, c'est une bonne nouvelle pour la communauté.»

Le maire Trudel croit par ailleurs qu'il serait opportun de demander au gouvernement du Québec d'amender l'article 89 de la Charte de la Ville de Montréal de manière à ce que les écoles, au même titre que les collèges, les universités et les équipements collectifs, ne soient pas soumises au processus référendaire. En revanche, ces projets devraient être examinés par l'Office de consultation publique de Montréal. «Je me demande si on n'est pas rendu à ce genre d'intervention, dit-il. Ça pose des questions importantes sur la place qu'on veut faire à nos familles. Est-ce qu'on est en train de devenir une société qui ne veut plus d'enfants et qui ne peut plus vivre avec des cours d'école qui font un petit peu de bruit?» 

Pour le député libéral de Verdun, Henri-François Gautrin, la levée de boucliers des opposants n'est pas justifiée et relève du syndrome du «pas dans ma cour». «Il y a eu beaucoup de désinformation. À mon avis, le projet a du bon sens, est rationnel et répond aux besoins d'une communauté, fait-il valoir. Je le dis un peu méchamment, mais entre avoir à promener ses chiens un peu plus loin et les besoins qu'on peut avoir pour l'éducation des enfants, je crois que l'un doit avoir la primauté sur l'autre.»

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