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Reuters - Publié le 30/03/2012

PARIS (Reuters) - La police a procédé vendredi à un vaste coup de filet dans les milieux islamistes de plusieurs villes de France, saisissant des armes de guerre et interpellant des hommes qui ont selon les autorités reçu un entraînement de type paramilitaire.

Les interpellations n'ont aucun lien direct avec l'enquête sur Mohamed Merah, l'auteur des sept meurtres en France, qui se revendiquait d'Al Qaïda et qui a été abattu le 22 mars par la police, a-t-on précisé de source judiciaire.

Nicolas Sarkozy a parlé de 19 arrestations tandis qu'une source judiciaire faisait état d'une quinzaine.

"Ce qui s'est passé ce matin va continuer, il y aura d'autres opérations qui continueront et qui permettront d'expulser du territoire national des gens qui n'ont rien à y faire", a dit le président-candidat sur Europe 1.

Les opérations de vendredi ont été effectuées notamment à Toulouse et à Nantes par des hommes de l'unité d'élite du Raid et du Groupe d'intervention de la police nationale (GIPN). Des interpellations ont eu lieu également en région parisienne, autour de Lyon et dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Des armes ont été saisies. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a fait état de cinq fusils, trois kalachnikovs, quatre pistolets automatiques et un gilet pare-balles. Il n'était toutefois pas certain dans l'immédiat que les armes soient utilisables, a dit une source judiciaire à Reuters.

L'opération, qui intervient à trois semaines du premier tour de la présidentielle, a été fortement médiatisée, plusieurs chaînes de télévision ayant diffusé les images d'interventions.

Les policiers agissaient sur commission rogatoire des trois juges d'instruction antiterroristes. L'enquête ne porte sur aucun projet d'attentat ou recrutement de combattants, mais vise une "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", donc des soupçons de constitution de groupe dangereux, précise-t-on de source judiciaire.

"IDÉOLOGIE DE COMBAT"

Plusieurs des personnes arrêtées sont soupçonnées d'être proches du groupement islamiste radical Forsane Alizza ("Les "Cavaliers de la fierté"), dissous en février dernier par le ministère de l'Intérieur.

Mohamed Achamlane, le leader présumé de Forsane Alizza figure parmi les personnes interpellées, a précisé Claude Guéant.

"Ce sont effectivement des gens qui, sur le web, ce qui a justifié précisément la dissolution du groupement de fait, se réclamaient du moudjahidisme et d'une idéologie extrêmement radicale, une idéologie de combat", a dit le ministre à la presse. "Ils avaient un entraînement de caractère paramilitaire".

Avant les meurtres par Mohamed Merah de trois militaires à Toulouse et Montauban puis de quatre personnes dont trois enfants dans une école juive à Toulouse, une source judiciaire avait expliqué à Reuters que ces opérations d'arrestations étaient envisagées par la haute hiérarchie policière mais suscitaient des réserves.

Le débat portait alors sur l'opportunité d'une telle opération en période électorale et surtout sur sa pertinence en terme d'enquête, certains magistrats et policiers penchant pour une poursuite des surveillances déjà en cours afin d'approfondir la connaissance des réseaux éventuels.

Mohamed Merah a été inhumé jeudi soir dans le carré musulman d'un cimetière de Toulouse après le refus des autorités algériennes d'accueillir sa dépouille.

Les enquêteurs sont sur la piste d'un ou plusieurs complices dans cette affaire, qui a donné lieu à une polémique sur l'efficacité des services de renseignement.

La France a décidé par ailleurs d'interdire l'entrée sur son territoire de quatre prédicateurs musulmans de renom invités à une conférence qui se déroulera la semaine prochaine, soulignant que leurs positions représentaient un fort risque de troubles à l'ordre public dans le contexte actuel.

Service France, avec Thierry Lévêque, Marine Pennetier et Nicolas Bertin, édité par Patrick Vignal

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