ÉCONOMIE RELATIONNELLE LOCALE

Nous sommes un groupe de ménages engagés dans le processus de développer,
entre résidents, boutiques locales, restaurants, corporations et producteurs agricoles,
un système d’entraide centré sur les biens et services essentiels.

INTRODUCTION

Pourrons-nous combler nos besoins essentiels tout en rétablissant nos économies locales ? Le terme « économie » est dérivé du grec ancien eco « maison » et nomos, « loi ». Une « gestion de la maison » implique l'existence de relations complémentaires entre des individus aux compétences diverses avec des approches holistiques ou chaque action est relié au cycle complet.

L’économie relationnelle ici proposée s'inspire de l'héritage indigène ancien et universel (générées de soi qu’il s’agisse de pratiques, d’objets, de personnes, de sociétés, etc.), où les constituants collaborent et planifient ensemble afin de subvenir à leurs besoins. Dans les sociétés indigènes, la « communauté » (de cum, « avec », et munus, « don, service ») se tisse autour de pratiques de comptabilité traditionnelles pour les contributions variées des citoyens, les valorisanten tant que fondateurs, travailleurs, fournisseurs et consommateurs.

DONNER ET RECEVOIR

Les systèmes de comptabilité indigène permettent à chaque membre, de façon organisée, de communiquer ses besoins, de donner et de recevoir. Une période relativement récente de pratiques exogènes (c’est-à-dire générées de l’extérieur), de violence et d'exploitation ont démantelé notre héritage indigène. Un dogme exogène sépare les cycles de la vie en fragments linéaires et tente de compenser la destruction de la biosphère et des relations holistiques en encourageant ses adhérents à une culture de la charité, à être « bons » et à « donner » aux moins favorisés. En revanche, les peuples indigènes intègrent économie et religion dans un système basé sur les échanges, de sorte que communiquer, donner et recevoir restent au cœur des cycles de production des moyens d’existence.

SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE ?

Dans notre économie de marché compétitive c’est la norme de voir les consommateurs, sous l’emprise omniprésente de la publicité, se baser leur choix sur la rentabilité ou la renommé des produits, plutôt que sur la qualité. Malgré leur investissement (achats), rares sont ceux qui s’impliquent dans cette chaine vitale qu’est l’échange de biens; Les consommateurs sont hypnotisés par les medias à adopter un comportement passif et unilatéral. Sans l’apport d’une relation véritable avec leur clientèle, ni de fidélité, les commerces n’ont aucun moyen de planifier en relation de réels besoins de ceux ci, résultant en un gaspillage faramineux, qui, à terme, serra la ruine de tous les parties prenantes.

Il y a d’autres sources de gaspillage qui découlent des cycles linéaires de production imposés par une pensée linéaire: le transport, la transformation et l'entreposage de la nourriture. Des cultivateurs indigènes sont contraints à détruire leurs vergers hautement productifs pour faire place à la production exogène, temporaire et coûteuse, de grains, de viande ou de matières premières. L'usage de colorants synthétiques, d'agents de conservation et de texture, de sel, d'hormones et de pesticides, de même que le suremballage deviennent la norme alimentaire. Et nous mangeons sans satisfaction ces aliments usinés, traités artificiellement, dévitalisés et dénaturés — jusqu’à nous en rendre malades.

APPROPRIATION DES RESSOURCES NATURELLES

Nos sociétés « civilisées », énergivores et hautement militarisées, contrôlent le territoire, les ressources, les prix et l’approvisionnement alimentaire de pays producteurs en voie de développement, sans se soucier des impacts sur la vie des paysans et autres habitants de ces pays. Nous imposons la loi du prix le plus bas aux autres, tout en nous octroyant les salaires les plus élevés. Le système actuel, déloyal dans ses relations économiques, coûte cher à la terre et à tous ses habitants.

LES MÉNAGES DU QUARTIER POUR UNE SOLIDARITÉ DES MOYENS D’EXISTENCE

Nous sommes un groupe de ménages engagés dans le processus de développer, entre résidents, boutiques locales, restaurants, corporations et producteurs agricoles, un système d’entraide centré sur les biens et services essentiels. Un tel système bénéficierait aux distributeurs de biens et services essentiels locaux en leur permettant de planifier la distribution en fonction de nos besoins, de nos goûts et de nos achats futurs, donc d'améliorer leur efficacité. Ensemble, nous pouvons ainsi favoriser et entretenir un système alimentaire durable.

UN INVESTISSEMENT INTÉRESSÉ

Tout distributeur de biens et services bénéficie de la constance ou de la prévisibilité des habitudes de consommation de ses clients. De grands efforts sont d'ailleurs actuellement déployés par les distributeurs pour fidéliser les consommateurs aux produits, notamment par la publicité, les coupons-rabais, etc. Mais bien plus efficace pour eux serait la fidélisation par une communication bilatérale avec les consommateurs, via, par exemple, une Association de Consommateurs.

Les représentants de l’Association de Consommateurs assureraient la liaison avec le conseil d’administration et la direction de chaque distributeur. À terme ils planifieraient ensemble, tout au long de la « chaîne alimentaire », avec les fondateurs, employés, fournisseurs, grossistes, préparateurs de nourriture, transporteurs, fermiers, etc. Ainsi, acheter localement stimulerait l’économie de façon durable tout en épargnant du temps, des frais de transport et en diminuant la pollution atmosphérique à tous les partenaires impliqués.

UN POUVOIR D’ACHATS ACCRU PAR DES SYSTÈMES DE POINTS

Les systèmes informatiques comptabiliseraient automatiquement les achats des participants. Parmi les différents modes d'investissements possibles (voir ci-dessous), chaque ménage pourrait, en devenant membre du programme de fidélisation d'un commerce, recevoir une carte de membre de l’association de consommateurs et investir dans ce commerce simplement en passant à la caisse.

Automatiquement, sa carte, munie de code-barres serait alors reconnue, ses achats comptabilisés, et une réduction lui serait accordée, comme reconnaissance, proportionnellement à son investissement. Étant donné qu’un canadien moyen dépense environ 2 500 $ par an pour s'alimenter et qu’un ménage de trois personnes dépense 7 500 $ par an, une réduction de, disons, 3 % représenterait une économie de 225 $ par an, en plus des intérêts sur les parts, remboursables en nature. Un excellent investissement !

PUBLICITÉ DE BOUCHE À OREILLE

Les commerces participants négocieraient avec leurs Association de consommateurs les seuils, limites et pourcentages des mécanismes d’investissement, de remboursement et de rabais. Par leur fidélité et par la publicité qu'ils feraient eux-mêmes auprès de leurs amis et de leurs familles, les consommateurs participants feraient économiser aux commerces de l’argent qu'ils auraient autrement perdu en dépenses de publicité (entre 2 et 7 % de leur chiffre de vente). Une telle fidélisation des consommateurs rendrait l'avenir plus prévisible aux commerçants, que ce soit sur une échelle de quelques jours ou de plusieurs années. Ces derniers pourraient ainsi acheter de l’équipement, des marchandises et construire des liens avec des fournisseurs avec l'assurance que ces investissements se rentabiliseront. En établissant de telles relations avec des commerces, les « consommateurs associés » acquerraient une plus grande influence sur l'ensemble de leur système alimentaire. Parallèlement, grâce à cette fidélisation, les producteurs et transformateurs de nourriture seraient en mesure de planifier leurs affaires des années, voir des décennies à l'avance.

ASSOCIATIONS LOCALE DE PARTIES PRENANTES (actionnaires associés)

Une association de consommateurs entretient de multiples relations avec d'autres parties prenantes du système alimentaire. Chacune d'elles contribue à l'ensemble du système à sa manière, apportant à la collectivité ses dons et services particuliers, qui peuvent être vus comme autant de modes d'investissement, lesquels s'imbriquent les uns dans les autres pour former un cycle économique complet. On peut bien sûr, en tant qu'individu, être impliqué dans plusieurs catégories de parties prenantes. Plus les différentes parties prenantes communiquent entre elles et reconnaissent à leur juste valeur les contributions les unes des autres, plus le système entier épouse bien la réalité et gagne donc en maturité.

Les Fondateurs apportent leur savoir-faire entrepreneurial ; ils orchestrent les ressources et les services avec le plus grand soin ; ils nourrissent et entretiennent les entreprises en croissance. Ils sont représentés à l'association locale des parties prenantes par une association de fondateurs et reçoivent des parts correspondant à leurs investissements, basées sur les taux courants du marché. Une collaboration bien planifiée entre toutes les parties prenantes accroît l’efficacité de chacune d'elles.

Les Travailleurs apportent au système leur désir d'accomplissement, souci de professionnalisme et attention aux moindres détails dans l'exercice de leurs spécialités, quelles qu'elles soient : recherche, développement, entretien des infrastructures, etc. Représentés par une association de travailleurs à l'association locale des parties prenantes, ils acquièrent des parts proportionnelles à leur participation.

Les Fournisseurs associés ne font pas qu'apporter leurs produits, connaissances et services au système. En s'entendant avec des commerces qui leur offrent des marchés stables, ils réduisent les risques liés à leurs activités et peuvent en retour en faire bénéficier ces commerces par l’association, communication des qualités et des prix réduits. En joignant une association des fournisseurs préférés, représentée à l'association locale des parties prenantes, ils obtiennent eux aussi une reconnaissance, sous forme de parts.

Les Consommateurs, en participant aux programmes de fidélisation (décrits plus haut), contribuent bien sûr monétairement, mais communiquent aussi leurs préférences à l'ensemble du système économique alimentaire local et influent positivement sur lui. Leur contribution est reconnue sous forme de parts, par l'entremise d'une association de consommateurs représentée à l'association locale des parties prenantes. Oui, nous pouvons participer activement à notre système alimentaire !

Toutes ces parties prenantes, individus, entreprises et associations, sont répertoriées dans un catalogue des ressources basé sur le web, où sont détaillés leurs besoins, talents, produits et services respectifs. Elles peuvent ainsi échanger et investir mutuellement en toute connaissance de cause. Chaque partie prenante a un compte qui se voit crédité ou débité, aux taux actuels du marché, selon qu'elle fournit un bien ou un service ou qu'elle en est bénéficiaire. La connaissance, par chaque partie prenante, des besoins et ressources des autres parties prenantes, doublée d'un système de comptabilité horaire, fluidifient les échanges dans tout le système, que ce soit à l'intérieur des associations ou entre elles. Biens, services, parts, salaires et compensations peuvent ainsi être transigés et comptabilisés. En tenant compte des heures investies par les personnes (Personne Heure Action), entreprises et associations, une telle banque de temps reconnaît par le fait même l'importance de toutes leurs contributions dans la totalité pluridimensionnelle de la vie.

Pour vous joindre à notre mouvement contactez la
Corporation du développement durable
9628 JEAN-MILOT, LASALLE-MONTREAL, H8R 1X9, 514-364-0599
eco-montreal@mcgill.ca

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