Moyen-Orient

Le Liban, champ de manoeuvres

29/11/2007 - Pierre Beylau - © Le Point - N°1837

Le Liban est un cas singulier. C'est le seul pays arabe où institutionnellement les différentes communautés chrétiennes et musulmanes se partagent le pouvoir. Aux termes de la Constitution, la présidence de la République est confiée par le Parlement à un maronite. Or, depuis le 23 novembre, le Liban n'a plus de président, la majorité antisyrienne et l'opposition proche de Damas n'ayant pu se mettre d'accord.

Mais, au-delà de ces rivalités politiques locales, le Liban est traditionnellement le réceptacle de toutes les tensions régionales. Trois grands acteurs manoeuvrent sur l'échiquier libanais. D'abord la Syrie. Celle-ci n'a jamais digéré la proclamation du « Grand Liban », en 1920, qui l'amputait d'une partie de territoires qu'elle estime lui appartenir. Les séides de Damas ont envoyé ad patres deux présidents (Bachir Gemayel en 1982, René Moawad en 1989), un ex-Premier ministre, Rafic Hariri, en 2005, le leader druze Kamal Joumblatt (1977), plus une pléiade de députés, de journalistes et même jadis un ambassadeur de France. La Syrie a fait la pluie et le beau temps à Beyrouth jusqu'à la « révolution du 14 mars » 2005, qui contraignit les troupes de Damas à quitter le pays. Mais elle n'a pas renoncé à imposer ses vues. Elle veut à tout prix éviter que puisse siéger le tribunal qui doit juger les assassins de Hariri. Deuxième grand acteur : l'Iran, qui joue un rôle décisif par le truchement du Hezbollah et a son propre agenda. Téhéran veut être reconnu comme partie prenante dans les affaires régionales et, au moins implicitement, cherche à lier le dossier libanais à celui du nucléaire iranien.

Enfin, l'Arabie saoudite, protectrice des sunnites et disposant d'une influence financière importante au pays du Cèdre, s'efforce, elle, d'apaiser les choses et de trouver une voie de compromis. Quant à la France et aux Etats-Unis, ils semblent appliquer la célèbre maxime de Cocteau : « Ces événements nous échappent, feignons d'en être les organisateurs. »

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